Macky Sall a donné des instructions à l’Inspection générale d’Etat pour auditer les différentes structures étatiques. Le Président, qui parle de retour des mauvaises habitudes, a réaffirmé son intransigeance pour combattre les pratiques corruptives en vigueur au Sénégal. Selon lui, la pratique de l’audit va être désormais régulière, systématique et permanente.
Le chef de l’Etat a réaffirmé, hier, sa volonté de poursuivre le combat contre la corruption au Sénégal. Macky Sall, qui présidait la conférence ministérielle sur le renforcement de l’Etat de droit et la lutte contre la corruption en Afrique, a même déclaré que l’Inspection générale d’Etat va prochainement reprendre du service. «Je vais donner des instructions à l’inspection générale d’Etat. Car l’audit doit être une pratique courante. Il faut que nos structures puissent être auditées régulièrement, systématiquement et de façon permanente. Les gens ont pensé à un moment donné qu’il y avait un ralenti et ont repris les mauvaises habitudes. Mais, c’est une illusion», tempête Macky Sall.
Poursuivant son argumentaire, le chef de l’Etat se veut clair à propos de la lutte contre la corruption. «Ce ne sont pas les sirènes et les chimères qui vont arrêter ce combat. Je veux que cela soit très clair», menace-t-il. Estimant que la corruption est un cancer, qui gangrène la société, le Président Sall indique que la lutte contre de telles pratiques ne sera point facile. Conscient de la complexité, des connexions multiples et des résistances à tous les niveaux, le Président Sall soutient que cela n’entamera pas sa volonté de poursuivre cette politique de rigueur, de transparence, de bonne gouvernance pour le bien des populations. «J’ai demandé au gouvernement de rester ferme sur cette question. De toute façon, moi je ne reculerai pas sur cette question quels que soient les écueils et les résistances en face», s’engage M. Sall. Il est «conscient» que pour gagner ce combat, il faut s’armer de beaucoup de «courage et d’une volonté inébranlable».
Au-delà du cadre législatif et institutionnel mis en place depuis son accession au pouvoir, à travers l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), il estime qu’il faut viser un changement des comportements à travers des mécanismes sous-régionaux. D’où le sens de cette conférence organisée par le Sénégal, en partenariat avec le Qatar et le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud). Le Procureur général du Qatar et par ailleurs avocat des Nations-Unies pour le recouvrement des biens mal acquis, Ali Ben Fetais Al Marri, venu assister à la conférence, a annoncé la création à Dakar d’un Centre judiciaire à vocation sous-régionale, à l’image du Centre de Qatar, «l’un des meilleurs centre au monde», selon Abdoulaye Mar Dièye, du (Pnud).
Conséquences de la corruption
60 milliards de dollars quittent l’Afrique pour le Nord
Pour la survie du monde, la lutte contre la corruption s’impose aux Etats. Chaque année, c’est plus de 2 600 milliards de dollars qui sont détournés dans le monde soit 3 % du Pib mondial. «En Afrique, c’est plus de 60 milliards de dollars qui quittent l’Afrique pour le Nord», révèle le directeur Pnud Afrique. Selon lui, si on avait investit cette somme, qui en réalité, «est sous-estimée, on aurait pu doubler la croissance actuelle de l’Afrique», soutient le directeur du Bureau Afrique du Pnud, Abdoulaye Mar Diop. Cette hémorragie financière est assimilée à une tragédie par M. Dièye qu’il faut, selon lui, casser.
Pour Macky Sall, cet argent qui sort de l’Afrique illustre bien que la corruption n’est pas l’apanage des pays africains. En réalité, pense M. Sall, l’Occident est aussi gangréné par ce fléau. Ce qui fait dire à M. Dièye que la corruption est une avenue à double sens. Macky Sall, qui dit attendre les conclusions des travaux, a également demandé aux experts de réfléchir sur le déséquilibre dans les contrats miniers en Afrique. «Les flux financiers inégaux, en particulier la fraude et l’évasion fiscale, privent les pays africains des ressources considérables et sapent le développement dans ces pays», regrette-t-il.