Le continent africain a connu des taux de croissance élevés ces dernières années. Mais paradoxalement, la majeure partie de sa population n’en bénéficie pas. Un défi à relever, selon le représentant résident de la Bad au Sénégal, si on veut réduire la pauvreté en Afrique.
Le continent africain est sur une bonne dynamique de croissance. Ces dernières années, sa moyenne a atteint 5%, selon le représentant Résident Régional de la Banque africaine de développement (Bad) au Sénégal. Même si des disparités existent entre les régions, notamment au cours de l’année 2014 ; 6,3% en moyenne pour l’Afrique de l’Est, 5,1% pour l’Afrique Centrale, 5% pour l’Afrique de l’Ouest, 4,5% pour l’Afrique du Nord et 3,1% pour l’Afrique Australe, le continent est sur une bonne tendance qui, dit-il, doit se maintenir sur le long terme.
Cependant, si les taux de croissance affichés restent importants, Mamadou Lamine Ndongo, qui rencontrait hier la presse, renseigne qu’ils ne traduisent pas une amélioration des conditions de vie des populations africaines. Les bénéfices de cette croissance, dit-il, ‘’sont demeurés insaisissables’’ et une ‘’grande majorité des populations les plus pauvres du continent est restée bloquée dans la partie basse de la pyramide’’.
‘’Les bénéfices de cette croissance rapide n’ont pas été largement partagés au sein de la population. S’il est vrai que les taux de pauvreté sont en baisse sur le continent, il n’en demeure pas moins que les besoins élémentaires de beaucoup d’africains ne sont pas encore satisfaits, et l’accès aux infrastructures sociales et économiques de base fait encore défaut’’, déplore l’expert de la Bad. Cette croissance économique qui ne profite pas à la plus grande majorité de la population fait que le chômage des jeunes reste toujours une problématique en Afrique. Et cela est le fait, d’après le représentant de la banque au Sénégal, ‘’d’une absence relative de croissance dans l’industrie’’ et une ‘’faible diversification économique’’. ‘’Le déficit d’emplois productifs en dépit des taux de croissance élevés est ce qui a conduit à qualifier la croissance africaine de croissance sans emplois’’, souligne M. Ndongo.
L’Afrique, le 2ème continent le plus inégalitaire
Par ailleurs, les inégalités sociales demeurent latentes en Afrique. D’après Mamadou Lamine Ndongo, ‘’l’Afrique est le deuxième continent le plus inégalitaire, après l’Amérique Latine’’. Pour preuve, ‘’6 des 10 pays les plus inégaux au monde se trouvent en Afrique’’. Pis, ‘’les riches qui ne représentent même pas 5% de la population africaine détiennent près de 20% du revenu total’’. Tandis que les pauvres qui sont plus de 60% de la population du continent n’ont que 36,5% du revenu total. A ce rythme, réduire de manière drastique la pauvreté en Afrique ne sera pas une mince affaire. Toutefois, il faut reconnaître, à en croire M. Ndongo, que le taux d’indice de la pauvreté a connu une baisse ces dernières années, jusqu’à 39%.
En outre, la Banque africaine de développement, dans sa stratégie décennale, veut accompagner les Etats africains à relever ces défis ; l’appui de la Banque pour l’Afrique concernant les secteurs des infrastructures, de l’énergie, des transports, les technologies de l’information et de la communication…
ÉMISSION DE FAUX BILLETS
‘’Une menace pour toute l’économie et le système financier’’
La question du blanchiment d’argent et de fabrication de faux billets de banque refait surface avec l’arrestation, mercredi dernier, du lead vocal du ‘’Raam Daan’’ Thione Ballago Seck. Interpellé, hier, à l’occasion d’une rencontre avec la presse sur la question du blanchiment de capitaux, le Représentant résident de la Banque africaine de développement au Sénégal indique que le blanchiment est un ‘’phénomène nuisible pour l’économie’’, dans la mesure où, d’après Mamadou Lamine Ndongo, ‘’il crée le désordre économique, favorise la création de bulle spéculative’’. ‘’La plupart du temps, il se concentre dans le secteur de l’immobilier.
Cette mesure a pour conséquence de renchérir les prix du loyer dans les pays africains qui sont affectés par ce phénomène’’, explique M. Ndongo. Toutefois, l’argent issu du blanchiment va pour la plupart dans le bâtiment. Ce qui entraîne une ‘’majoration des prix de l’immobilier’’ avec un ‘’impact négatif sur le prix des matériaux de construction et par ricochet, d’autres secteurs d’activité vont forcement connaître des hausses’’. ‘’L’émission de faux billets augmente la masse monétaire et favorise la spéculation financière. Les faux billets sont une menace pour toute l’économie et le système financier des pays africains. Ils produisent un surplus de liquidité qui surpasse de loin les biens produits par l’économie concernée, ce qui est problématique pour la gestion des économies africaines’’, renchérit Mamadou Lamine Ndongo.