Dakar - Une opposante sénégalaise, Aïda Ndiongue, qui était détenue depuis près de 18 mois pour "escroquerie" au détriment de l’Etat, a été relaxée et libérée, a-t-on appris vendredi auprès d’un de ses
avocats.
Une chambre de la Cour d’Appel de Dakar a prononcé jeudi la relaxe de Mme Ndiongue, arrêtée le 17 décembre 2013 pour "faux, usage de faux et escroquerie" et détenue depuis lors, a indiqué Me Mbaye Jacques Ndiaye, un de ses défenseurs.
"Elle a été relaxée de toutes les infractions" à son encontre, "donc, clairement innocentée" et libérée, a affirmé Me Ndiaye.
La justice a également ordonné la restitution de ses comptes bancaires et biens saisis, a-t-il indiqué.
Trois hommes visés par les mêmes accusations et arrêtés également en décembre 2013 ont aussi été relaxés et libérés.
Dans un communiqué rapporté par l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle) et par le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil, le ministère public a annoncé sa décision d’interjeter appel.
Dans ce texte, le parquet affirme se fonder sur des conclusions d’une enquête relative à l’affaire, et fait état de "certitudes et évidences" lui faisant croire qu’"une décision de relaxe (...) semble manifestement illégale et même troublante".
Femme d’affaires et ex-sénatrice, Aïda Ndiongue est membre du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), formation d’Abdoulaye Wade, qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012.
La justice soupçonnait Mme Ndiongue de s’être enrichie durant la présidence de M. Wade en profitant d’un programme gouvernemental de construction de logements sociaux et de lutte contre les inondations et les bidonvilles.
En janvier 2014, le parquet avait estimé ses avoirs à "47,675 milliards de FCFA" (72,68 millions d’euros), dont de l’argent liquide, des bijoux et des sociétés.
Selon Me Ndiaye, Aïda Ndiongue était contente d’avoir été blanchie et n’a pas souhaité se retourner contre ceux qui l’ont accusée. Elle n’a pas souhaité demander une indemnisation, "elle (leur) a pardonné".
Me Ndiaye a précisé avoir en revanche souhaité une enquête parlementaire sur ce dossier, afin que les autorités judiciaires en place au déclenchement des poursuites contre Mme Ndiongue "viennent s’expliquer devant l’Assemblée nationale".
"On a parlé de détournement de deniers de l’Etat, mais c’est une affaire qui présente des relents politiques", a-t-il dit.
Depuis la défaite d’Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle organisé en mars 2012, plusieurs responsables de son régimes ont été visés par des enquêtes pour enrichissement présumé.
Certains ont été emprisonnés, dont Karim Wade, fils de M. Wade, qui fut aussi un de ses ministres.
Karim Wade, qui était en détention préventive depuis le 17 avril 2013 à Dakar, a été jugé et condamné le 23 mars dernier à six de prison par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI, juridiction spéciale) et à plus de 210 millions d’euros pour "enrichissement illicite".
La défense de M. Wade, qui a toujours rejeté les accusations à son encore, s’est pourvue en cassation devant la Cour suprême.
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