Le taux de croissance du Sénégal est en hausse par rapport à 2013, mais il est plus faible que prévu pour atteindre les objectifs du Pse. Mais le pays est en dessous de la moyenne de l’Uemoa, et surtout des pays les moins bien lotis de la sous-région. Pour ne pas parler des autres…
Ce n’est pas encore l’emballement attendu du Plan Sénégal émergent (Pse), mais la croissance économique au Sénégal n’a pour autant pas faibli. Les prévisions de la Banque africaine de développement (Bad) et de l’Ocde l’établissent à 4,5% pour l’année passée, et à 4,6% pour l’année en cours. Ce n’est qu’en 2016 que, si tout se passe comme prévu, on pourrait atteindre un taux de 5%, assurent les économistes des deux institutions dans leurs Perspectives économiques régionales, publiées hier en marge des assemblées annuelles de la Bad qui se tiennent cette année à Abidjan, la capitale économique de Côte d’Ivoire.
Si les performances du pays ne sont pas négligeables, elles sont néanmoins en-deçà de ce qui était annoncé dans les prévisions du Plan Sénégal émergent. On se rappelle que cette année 2015, le pays devrait avoir dépassé les 5% pour pouvoir,
dès l’année prochaine, atteindre l’objectif des 7% de croissance du Pib que le Pse vise, afin de nous permettre de réaliser les objectifs d’émergence. Par ailleurs, on voit que de manière générale les taux du Sénégal sont bien en-dessous de la moyenne de la zone Afrique de l’Ouest qui dépasse les 6%. D’une certaine manière, face à ses concurrents les plus directs dans la région, le Sénégal est le pays qui croît le moins.
Le même document indique que le Burkina, secoué par le renversement de Blaise Compaoré et une transition pas si paisible que cela, réalise 5,8% en 2014 et escompte 5,5% l’année prochaine. Pas loin des résultats d’un Mali qui a connu deux cas d’Ebola, et dont le Nord est en proie à de la violence armée de la part des forces irrédentistes. Le régime de Ibrahim Boubacar Keïta fait 5,8% en 2014, et la Bad lui prédit une chute à 5,4%, du fait justement des maux cités plus haut. On ne citera pas les performances du Nigeria ou de la Côte d’Ivoire, qui nous semblent encore du domaine de l’utopie au Sénégal. Mais on peut relever les performances de la Sierra Leone, qui souffre toujours des ravages d’Ebola. Les effets de cette épidémie ont fait baisser les performances du pays à 6%, loin derrière les 11,3% qu’il avait réalisés avant que le mal ne se déclenche. La persistance d’Ebola fera que l’année prochaine le pays en ressentira encore plus négativement les effets. Mais cela ne rendra pas le Sénégal plus producteur.
Or, en ce qui nous concerne, voilà qu’en plus de ces performances mitigées, le document de la Bad nous annonce que «le Pse, toutefois, pourrait se heurter à des retards d’exécution et subir les effets des aléas climatiques. De plus, l’ouverture de l’économie rend le pays sensible aux fluctuations des marchés internationaux et aux changements économiques en Europe».
Lesdits aléas climatiques ont d’ailleurs coûté beaucoup au secteur primaire l’année dernière, avant une installation très tardive de la pluie, dont la répartition territoriale posait d’ailleurs problème. Et parmi les risques qui pèsent encore sur notre économie, les spécialistes de la Bad n’écartent pas encore Ebola, dont la Guinée ne s’est pas encore débarrassée, ainsi d’ailleurs que les incursions islamistes en provenance du Mali ou d’autres pays.
En plus de cela, si la gestion du déficit budgétaire et du niveau d’endettement a été des plus prudentes, et que le gouvernement a pu jusqu’à présent bien contrôler les dépenses publiques, le document lui demande de faire des efforts pour desserrer les cordons de la bourse au bénéfice de la Santé et de l’Education, mais en veillant toutefois, à «rendre leurs dépenses plus efficientes».