Des rapports confidentiels de la Société nationale chinoise chargée des pêches indiquent que deux entreprises de pêche et de conditionnement de poisson appartiennent à 100% au gouvernement de Beijing. Or, ce sont les activités des bateaux de ces entreprises qui ont été condamnées par Greenpeace Afrique. Ce que les fonctionnaires de l’ambassade de Beijing à Dakar ont confirmé de manière involontaire.
Les investigation de Greenpeace Afrique ont pu établir que les entreprises de pêche et armement Sénégal Armement et Sénégal pêche, bien qu’étant officiellement des entreprises de droit sénégalais, appartiennent en réalité, intégralement, au gouvernement chinois.
Ce serait en effet, selon les documents rendus publics par l’Ong internationale de protection de la nature, la China national fisheries corporation (Cnfc), la société de l’Etat chinois en charge des pêches à l’étranger, qui en est le propriétaire à 100%. Ces informations sont notamment, contenues dans le rapport financier de la Cnfc pour l’année écoulée, et qui dit notamment, à la page 9 que «la Cnfc a, dans sa stratégie d’obtenir des droits de pêche au Sénégal, créé une société de pêche dans ce pays. Elle a mis en place une représentation dans ce pays pour diriger ladite compagnie, et gère cette direction ainsi que la société en question, selon le même système de gestion interne et d’audit».
Le même rapport, sans doute destiné exclusivement à un usage interne, mais qui a pu parvenir à Greenpeace, révèle qu’aussi bien Sénégal Armement que Sénégal pêche appartiennent «à 100% à la Cnfc» Le document précise d’ailleurs que la société d’armement possède une douzaine de bateaux de pêche, et indique également leur nom. Avec leur incorporation dans la société de droit sénégalais, les navires ont changé leur nom chinois d’origine par des noms à consonances différentes. Ils s’appellent donc dorénavant «Soleil» suivi d’un numéro. Cela va de Soleil 7 à Soleil 12, ainsi que 51, 61, jusqu’à 68. Greenpeace avait déjà démontré comment ces navires trafiquaient les données techniques les concernant pour pouvoir s’adonner à de la pêche illégale.
Pour bien montrer le lien d’appropriation, la Cnfc indique suivre les navires en question, comme tous les autres bateaux de pêche chinois opérant dans la région, par Vms. La direction en Chine connaît donc la position des différents navires heure par heure, et peut très facilement les localiser à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. Ce qui démontre que le lien ombilical unissant les entreprises propriétaires des navires avec la Chine n’est pas vraiment coupé.
D’ailleurs, le fait que ce soit hier les fonctionnaires de l’ambassade de Chine qui aient invité la presse à une visite des installations de Sénégal Pêche et de Sénégal Armement, et que ce soient ces mêmes diplomates qui décident des réponses à fournir aux journalistes, en disent encore plus long sur les relations entre ces entreprises et le gouvernement de la République populaire de Chine.