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80 morts par mois : Les «deux roues» roulent à tombeau ouvert
Publié le mardi 12 mai 2015  |  Le Quotidien




Les accidents de circulation provoqués par les deux roues font trop de victimes au Sénégal : Au moins 80 personnes perdent la vie chaque mois, alertent la Nouvelle prévention routière et les organisations des usagers de deux roues.

Le nombre de morts provoqués par des accidents de motos fait froid dans dos. Selon Mactar Faye, directeur exécutif de la Nouvelle prévention routière, 80 personnes sont tuées par mois par les deux roues à travers le pays. Ce qui constitue une hécatombe si on répertorie le bilan sur une année : 960 décès. La révélation a été faite ce samedi au cours de la conférence sur les traumatismes et accidents liés aux usagers des deux roues dans le cadre de la Semaine de la nouvelle prévention routière.
Les études faites, en outre, par le ministère des Transports dans la période allant de 2013 à 2014 font état de 1 604 accidents dont la plupart des victimes sont des jeunes de sexe masculin. Dans la région de Dakar, on a recensé 141 cas d’accidents dont 99 dans la banlieue, informe Dr Souleymane Diao, orthopédiste à l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy). Selon Dr Souleymane Diao, 50% des tués sur la route sont des motocyclistes. Pour lui, ces accidents engendrent des impacts au niveau sanitaire, financier et économique.
Dans ses explications, il soutient qu’ils sont causés par un mauvais éclairage des voies publiques, une mauvaise utilisation des feux, les surcharges, l’usage de l’alcool, du tabac et de la drogue. Que faire pour stopper ce massacre ? M. Diao suggère : «Il faut un traitement préventif comme le port des casques et des combinaisons afin d’éviter des blessures au niveau de la tête.»
Par ailleurs, le Réseau sénégalais des organisations des usagers de deux roues (Resoudr) a décidé d’inscrire son action dans une logique d’alerte et de sensibilisation des utilisateurs de ces types d’engins pour essayer de minimiser les risques d’accidents. «On veut les permettre d’être en phase avec les lois en vigueur dans le pays», a indiqué Mamadou Ndiaye, président de Resoudr. Pour lui, on oublie souvent les conséquences traumatologiques et dramatiques qu’engendrent ces accidents de la route. D’où la nécessité, selon le directeur exécutif de la Nouvelle prévention routière, d’encadrer ces jeunes laissés à «eux-mêmes pour les aider à disposer d’un permis de conduire, d’une assurance responsabilité civile et des casques de protection afin de respecter les règles».
C’est en ce sens qu’il invite à la mobilisation «pour qu’il n’y ait plus de jeunes qui perdent leur vie sur la route».

Prise en charge des accidentés
Les sapeurs valsés d’un hôpital à un autre
L’évacuation des victimes des accidents de la circulation est un véritable parcours de combattant pour les sapeurs-pompiers. Ils sont valsés d’un hôpital à un autre en quête d’une hypothétique prise en charge pour ces personnes qui agonisent même pendant leur trajet. Sans prise en charge, les victimes des accidents de circulation sont souvent rejetées dans beaucoup de structures sanitaires. «Et il arrive que la victime décède en route», révèle un sapeur-pompeur. Selon lui, en faisant le tour des différentes structures hospitalières, on dégarnit le réseau d’intervention alors que d’autres victimes peuvent se retrouver dans une attente «insoutenable». Dr Diao, orthopédiste, soutient, pour davantage montrer les efforts à consentir, que la capacité d’accueil des hôpitaux Le Dantec, Principal et Fann n’a pas changé depuis la création de ces structures tandis que la population ne cesse de croître. C’est ce qui expliquerait ces renvois des victimes d’un hôpital à un autre et qui rendent encore difficile la tâche des sapeurs-pompiers. «Il faudrait augmenter la capacité d’accueil ou créer de nouvelles structures», pense-t-il. Abondant dans le même sens, le directeur des Etablissements publics de santé, Saliou Diallo, suggère la mise en place d’un système de régulation géré par le Samu qui est habilité à informer sur la disponibilité des places dans les hôpitaux. Quid des malades qui n’ont pas les moyens de prendre en charge leurs frais médicaux ? «Il faut les soigner d’abord avant de leur réclamer le paiement», dit-il. Le directeur exécutif de la Nouvelle prévention routière acquiesce.
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