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Passeurs de la Méditerranée : Hollande s’en prend aux «négriers modernes»
Publié le mardi 12 mai 2015  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DR
Le président Sall participe à l`inauguration du Mémorial ACTE en Guadeloupe
Pointe-à-Pitre, le 10 Mai 2015 - Le président Macky Sall a pris part à la cérémonie d`inauguration du Centre Caribéen d`Expression et de Mémoire de la Traite de l`Esclavage, appelé Mémorial ACTE.




Un bel édifice se dresse sur la baie de Pointe-à-Pitre pour faire face à l’Afrique. C’est un centre de commémoration de la traite des noirs inauguré hier en Guadeloupe par le Président François Hollande. Le chef de l’Etat français a saisi l’occasion pour assumer les torts causés par la France

Le Président français, François Hollande, s’est posé, hier à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, dans une posture de redresseur de torts ou réparateur de dommages historiques causés par la France. En procédant à l’inauguration d’un Mémorial dédié à la commémoration de l’esclavage et de la traite des Noirs, le Président Hollande a tenu à prendre toute la part de responsabilité de la France dans cette tragédie. Il considère en effet, que l’adoption de la loi Taubira en 2001, déclarant la traite négrière comme un crime contre l’Humanité ne suffit pas, encore moins l’édification de lieux commémoratifs en Afrique, en Europe et en Amérique. François Hollande estime que «la France ne doit pas avoir peur de son histoire et doit l’assumer».
C‘est dans cette optique qu’il a trouvé surréaliste que Saint Domin­gue, devenue Haïti, après avoir combattu la France pour arracher l’abolition de l’esclavage et surtout son indépendance en 1804, devenant ainsi la première République noire indépendante devait payer des réparations à la France. La France avait eu l’outrecuidance de réclamer une indemnisation à ce nouveau pays. François Hollande relève que ce n’était pas les anciens esclaves qui exigeaient réparation mais plutôt les anciens maîtres. Ainsi Haïti devait payer à la France la rondelette somme de 150 millions de francs or.
D’aucuns avaient appelé ce paiement la «rançon pour l’indépendance». Le Président Hollande estime qu’il y a lieu de réparer une telle injustice. Interpellant le Président haïtien Michel Martelly, invité à la cérémonie aux côtés notamment des chefs d’Etat du Sénégal, Macky Sall et du Mali, Ibrahima Boubakar Keïta, François Hollande lui a annoncé: «Quand je viendrai à Haïti, je m’acquitterais de cette dette de la France». La déclaration a été saluée par un standing ovation de la part du public très nombreux, mais aussi par les représentants des gouvernements des pays des Caraïbes venus en grand nombre prendre part à la cérémonie. Très en verve, François Hollande rappellera également la France à ses devoirs vis-à-vis des membres de sa communauté nationale d’Outre-mer. Il a insisté : «les citoyens d’Outre-mer n’ont jamais fait défaut à la France, ne lui ont jamais refusé leurs efforts, mais est il une mauvaise habitude de la République française, de temporiser trop longtemps sur les droits des citoyens d’Outre-mer».

Un pendant du Mémorial de Gorée
Ces propos ont une consonance particulière sur la baie de Pointe-à-Pitre où les esclaves venus d’Afrique étaient débarqués. «Sur ce sol que vous foulez, il y a des sueurs, des larmes, du sang, des mutilations», aura prévenu Victorin Lurel, Prési­dent de la région Guadeloupe. De nombreux invités montraient une certaine émotion quand Victorin Lurel insistait, précisant que le Mé­morial est «un temple dédié aux âmes de nos ancêtres, le Mé­morial Acte sera leur Panthéon». Ces paroles font écho à celles du maire de la ville, qui considère que «le Mémorial Acte n’est pas un bijou, c’est plutôt un centre d’interpellation. Il servira aussi de centre de généalogie pour chaque Guade­lou­péen pour retrouver ses origines, ses parents».
L’ouvrage inauguré hier en Guadeloupe renforce la détermination du Sénégal d’ériger le Mé­mo­rial Gorée-Almadies. Ce projet du Prési­dent Abdou Diouf répondait au besoin de témoignage d’une certaine histoire, mais aussi servirait d’indication à la diaspora africaine déportée en Amérique pour un retour. Le Directeur du projet du Mémorial Gorée-Almadies, l’écrivain Amadou Lamine Sall, qui était de la délégation du Sénégal ayant pris part à la cérémonie de Pointe-à-Pitre, ne veut pas s’y tromper. Il se dit rempli d’aise quand le Président Hollande évoque tout l’intérêt de réaliser le projet du Mémorial de Gorée.
De toute façon, le Président Macky Sall s’engage à accueillir la Diaspora africaine à bras ouverts. Sur les traces de Léopold Sedar Senghor qui avait été en Guadeloupe en 1973, le Président Macky Sall estime que les liens entre l’Afrique et ses fils en Amérique doivent d’abord être physiques. Macky Sall prône l’instauration de liaisons aériennes et maritimes entre l’Afrique et les Caraïbes mais aussi, le développement de programmes culturels, d’échanges, de pèlerinages et des programmes d’éducation et de formation.

Migrations
La France contre les négriers des temps modernes
François Hollande voudrait aller en croisade contre les inégalités et toutes autres formes d’injustices. Il trouve inacceptable le sort réservé aux migrants dont les noyades transforment la Méditerranée en cimetière. La question de l’immigration constitue à ses yeux un «enjeu européen, mondial, un enjeu français. Pour sa part et avec ses partenaires européens, la France travaille pour recevoir les sinistrés», a-t-il assuré. «Nous ne pouvons pas accepter que des femmes, des enfants soient traités comme ils le sont aujourd’hui», souligne-t-il. Et François Hollande de s’en prendre aux négriers des temps modernes que sont les passeurs et autres trafiquants qui remplissent des bateaux, des cargaisons de migrants. De la même façon, le Président Hollande s’insurge contre le racisme, car «il y a des endroits où la couleur de peau est encore aujourd’hui synonyme d’humiliation». Il ajoute : «Le racisme, quand il ne tue pas, peut blesser et il n’y a aucune société immunisée contre le racisme».
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