Nichée au cœur de la commune de Sédhiou (Sud), l’auberge de la Sud-coréenne Sun Young Kim ne désemplit pas, en cette chaude journée de mai. Décrite par ses collaborateurs comme une dame généreuse, Sun Young Kim, après 23 ans passés au Sénégal, revendique sa ''Sénégalité'', même si elle reste toujours attachée à la culture de son pays d'origine.
Mariée au Sénégalais Moussa Souané et mère de quatre enfants Sun Young Kim est née à Séoul en Corée du Sud, en 1955. Dans son pays, elle a suivi un cursus scolaire normal jusqu’à son entrée à l’université.
Alors qu'elle était en année de Master, elle rencontre un jeune sénégalais répondant à ses ''critères'' d'homme parfait et qui deviendra plus tard ‘’le centre'' de sa vie.
Elle décide de se marier et d’aller vivre avec lui à Dakar, et cela malgré la perplexité de sa famille qui n’avait aucune idée du Sénégal.
Nonobstant les 23 ans qu’elle a vécus à Sédhiou, ‘’Maman Kim’’, comme l’appellent affectueusement les habitants, garde toujours le style vestimentaire de son pays d'origine.
En effet, elle s’habille toujours à la Coréenne. Vêtue d’une robe fleurette d'un bleu foncé qui lui arrive aux genoux, elle sert aimablement ses clients.
Les cheveux coupés net au niveau du cou, elle redresse de temps en temps quelques cheveux rebelles qui s’échappent. Kim passe sur quelques tables de son restaurant installé sur la cour de son auberge, pour s’enquérir des besoins de la clientèle. Et cela, avec toute la politesse qui caractérise les Asiatiques.
‘’Mon auberge, je l’ai ouverte, il y a moins de trois ans. J’ai étudié pendant trois années la science culinaire. J’ai voulu mettre à profit mais connaissances dans ce domaine. C’est de là que m'est venue l’idée d’ouvrir un restaurant’’, raconte-t-elle.
Assise sur une chaise à côté de son époux, les jambes croisées, elle raconte, dans un français approximatif, qu'elle a vécu avec lui à Thiaroye Azur et Diamagueune, deux quartiers de la banlieue de Dakar. Elle est encouragée par son mari qui l’aide à bien prononcer les noms de ces quartiers de Dakar.
Visage ridé certainement par l'âge, cheveux blancs par endroit, Kim garde toujours une grande complicité avec son vieux compagnon.
Ils ont vécu presque huit ans à Dakar. Après la faillite de leur usine de transformation de céréales, ils décident d’aller à Sédhiou pour être plus proches de la famille de M. Souané qui habite de l’autre côté du fleuve à Sandiniéry. Dans le Pakao, ils ont relancé leurs activité industrielles.
Si Sun Young Kim trouve de la peine à s’exprimer en français, elle se débrouille parfaitement en mandingue, langue avec laquelle elle communique avec la dizaine de personnes qui constituent son équipe. Ces habitants l’aident à gérer son business.
A l’instar de son mari qui voit en elle ’’une excellente femme’’, ses employés ne tarissent pas d’éloges à son égard. Selon eux, ‘’c’est une dame aimable, gentille et attentionnée envers ses travailleurs. Une femme au grand cœur’’.
‘’Depuis qu’elle a ouvert le restaurant, on travaille avec elle. Elle nous paie correctement et on apprend des choses avec elle’’, explique une de ses employées, Binetou Sonko, rencontrée à l'entrée de l'auberge, après une fin de journée de travail.
Le discours reste le même, ses employés témoignent spontanément sur elle. ’’Cela fait sept ans que je travaille avec elle comme gardien. Je ne saurais la remercier assez. Elle est extrêmement généreuse’’, affirme le vieux Ibrahima Kamara qui confirme toute la sympathie que les habitants ont pour elle.
‘’Je ne regrette à aucun moment de l’avoir choisie comme épouse. Elle m’aime beaucoup, me respecte et prend soin de moi’’, dit M. Souané en posant un regard complice sur sa femme. ‘’C’est une chance pour moi de l'avoir comme épouse'', admet-il, après l'avoir fixée du regard pendant quelques secondes.
Son intégration ne se fait pas ressentir uniquement à travers la langue mandigue qu’elle maîtrise mais également par son adaptation à la culture locale. ‘’Je me sens plus Sénégalaise que Coréenne. J’aime la culture africaine qui n’est pas totalement différente de la nôtre’’, dit-elle.
‘’Quand on a vécu dans un pays qui a connu la guerre, on peut s’adapter à n’importe quelle situation ‘’, explique-t-elle.
Même si Sun Young Kim garde le contact avec sa famille coréenne, elle ne pense nullement quitter un jour le Sénégal. ‘’Je n'ai jamais regretté ma décision, parce que je l'ai murement réfléchie. Grâce à Dieu, je crois avoir fait un mariage réussi’’, confie-t-elle, dans un large sourire.
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