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Migrants disparus : Le deuil ne quitte pas Vélingara
Publié le vendredi 8 mai 2015  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Des corps de migrants repêchés




Les noms des morts tombent par vague à Vélingara qui a perdu beaucoup de jeunes dans la série de naufrages de bateaux de migrants dans la Méditerranée. Accablées par ce drame, les populations tendent les oreilles dans l’attente de bonnes nouvelles. Mais les chances de les obtenir sont minces.

Elle est drapée dans la dignité malgré la profondeur de la douleur. La famille de Oumar Soumboundou du quartier Nasroullahi de Vélingara, au sud du Sénégal, semble avoir oublié le deuil qui vient de la frapper en plein cœur. L’ambiance quelque peu enjouée du jour ne le rappelle pas en tout cas : Le jeune Mahamadou Sokhna Soumboun­dou, 25 ans, a perdu la vie par noyade dans les eaux de la Méditerranée, sur les côtes italiennes, en voulant provoquer la chance dans l’Eldorado européen. Le dernier coup de fil que le jeune Soumboundou a eu avec son épouse, Gnima Kalloga, remonte à la nuit du 4 avril 2015. C’est ce jour-là que l’époux a quitté Tripoli (la capitale libyenne) pour aller en mer. Larmes aux yeux, la jeune épouse de 21 ans relate, voix tremblotante, les dernières phrases de la longue conversation qu’elle a eue avec son jeune époux. Elle dit : «Je ne sais pas quand vais-je revenir. Mais j’insiste sur l’éducation de nos enfants. Il faut les inscrire à l’école et veiller sur leur éducation…» Incapable de continuer la phrase, elle fond à nouveau en larmes.
C’est le dimanche 19 mars que la famille Soumboundou du quartier Nasroullahi de Vélingara a appris le décès de Mahamadou Sokhna Soumboundou par noyade sur les côtes libyennes. Sa maman relate : «Il logeait avec un Peulh natif de Vélingara en Lybie. C’est celui-ci qui a appelé un de ses oncles vivant aux Etats-Unis et qui nous a, à son tour, informés. Déjà, la nouvelle de ce drame m’empêchait de fermer l’œil de la nuit. Même si je n’avais pas la certitude qu’il avait déjà embraqué.» La maman s’arrête, s’essuie les yeux et laisse l’épouse poursuivre l’entretien.
La tête emmitouflée dans une étoffe blanche, la jeune dame renseigne que son jeune époux de 25 ans (il est né en 1990) était mécanicien-auto de profession, mais qu’au moment de quitter Vélingara, il était taximan. «Il s’était acheté une petite voiture et faisait le métier de taxi urbain. D’ailleurs, c’est à la veille du Magal de Touba dernier qu’il nous a quittés. Il avait auparavant vendu sa voiture. Il n’avait informé personne de son intention de quitter le pays après le Magal», raconte la veuve.
Lorsque Mahamadou prenait le large, sa dame venait de mettre au monde un garçon. Daouda Soumboundou, le nom donné au bébé, a 3 mois et ne caressera jamais le visage de son père. Et pourtant, c’était pour lui éviter, avec sa sœur aînée (le couple a 2 enfants), la vie précaire qu’il a connue que Mahamadou a tenté «par tous les moyens» à sortir du territoire national. La maman informe : «Mahamadou est mon aîné. Il a 2 sœurs. Leur papa est décédé prématurément. Il ne leur a pas laissé de maison. Nous vivons dans la maison de mon frère aîné, Oumar Soumboundou. Il a une grande compassion pour moi. C’est pourquoi, il a très tôt quitté l’école pour apprendre un métier. C’est certainement pour les mêmes raisons qu’il a voulu tenter l’émigration.»

Les autres victimes du grand bleu
Mahamadou Sokhna n’est pas le seul natif de la commune de Vélingara à être resté dans les eaux voraces de la Méditerranée. Vendredi 17 mars, la famille Diallo du quartier Thainkang a également pleuré la mort, dans les mêmes conditions, au même moment et sur les mêmes lieux de leur fils, Abdoul Diallo, 30 ans. Ce jour-là, raconte la maman Ramatoulaye Diallo : «Nous avions pleuré mes 2 enfants. Ils étaient 2 frères en Lybie. Ils devaient embarquer en même temps. Heureusement que l’aîné s’est désisté au détriment du frère. Nous l’avons su 2 jours après.» Abdoul Diallo a quitté Vélingara depuis bientôt 3 ans, dans le but de regagner l’Europe où se trouve déjà un de ses cousins. Toujours dans la commune, 2 autres enfants qui étaient sur le point de quitter la Lybie à la veille de ce naufrage sont silencieux depuis. «On a encore aucune nouvelle d’eux», informe un oncle qui préfère garder l’anonymat en attendant d’y voir plus clair.
Ils ne sont pas les seuls à être engloutis dans le ventre de la Méditerranée. Dans le village de Sappy, dans la commune de Sinthiang Coundara, la famille Camara a perdu 2 de ses membres. Mamadou Saliou Camara et Moussa Camara sont restés dans les eaux. Non loin de là, le village de Sinthiang Bowébé a perdu le jeune Ibrahima Diallo.
Les portés disparus font légion dans le département. Un parent du village de Saré Samba Koumbel (Kandia) a informé qu’il est sans nouvelle de ses 2 enfants partis au Maroc depuis 2 ans et qui se sont arrivés en Lybie depuis peu. Diaobé aurait également son lot de 4 enfants restés silencieux depuis le naufrage. Partout, on tend les oreilles à l’écoute de la bonne ou mauvaise nouvelle. C’est la fortune des aventuriers...
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