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Sous-déclaration des entreprises de pêche chinoises: Un manque à gagner de 371 millions de F Cfa
Publié le vendredi 8 mai 2015  |  Enquête Plus
Thon:
© Autre presse
Thon: Greenpeace dit non au bradage




Le rapport de Greenpeace Afrique sur les entreprises chinoises de pêche lointaine est accablant. La sous-déclaration du tonnage brut (TB) est l’activité favorite des deux principales sociétés opérant dans les eaux ouest-africaines à savoir la CNFC et Lian Run. Ce qu’a fait savoir le rapport intitulé ‘’Face cachée de la pêche chinoise et des sociétés mixtes au Sénégal, en Guinée et en Guinée Bissau’’.



Après l’UE et la Russie, Greenpeace a révélé les dessous de la pêche au Sénégal. Cette fois-ci, l’organisation internationale a épinglé les sociétés chinoises dans les eaux ouest africaines, notamment au Sénégal en Guinée et en Guinée Bissau. Une activité marquée du sceau de pratiques douteuses dont la plus manifeste est la fraude au tonnage. Elle consiste à sous-déclarer le tonnage brut (TB). Ce dernier est un paramètre utilisé pour mesurer la quantité de poissons qu’un navire est capable de pêcher pour une durée déterminée. Une arnaque que le chargé de campagne océans de Greenpeace, Ahmed Diamé ne cesse de dénoncer. ‘’’Ces compagnies privent les Etats côtiers d’importants revenus financiers et compromettent tout espoir de gestion durable’’, a-t-il déclaré, avançant des statistiques préoccupantes.

Ainsi, entre 2000 et 2014, le manque à gagner occasionné par les redevances non payées s’est élevé à 371 404 800 F Cfa pour l’économie sénégalaise. Dans la même période, la plus grande entreprise de pêche lointaine de Chine, la China National Fisheries Corporation (CNFC), a sous-déclaré le TB de ses navires aux autorités sénégalaises de 43% en moyenne par rapport à leur TB réel. Pour la seule année de 2014, c’est 1 742 de tonnage équivalant à environ 6 navires d’un taux brut de 300 chacun, qui ont été sous déclaré par la société chinoise qui opère dans les trois pays. Si ses navires battent pavillon chinois dans les deux Guinée, le cas est légèrement différent au Sénégal ‘’Elle opère dans le cadre d’une société mixte dénommée Sénégal Armement (SA) sous pavillon sénégalais. Ses douze navires de pêche ont tous sous-déclaré leur TB’’, renchérit M. Diamé.

Cette infraction perdure depuis trois décennies puisque le premier cas avéré de fraude par cette entreprise remonte à 1988, selon le chargé de campagne. La conséquence la plus immédiate est l’empiètement sur le domaine réservé à la pêche artisanale. Les zones de prise étant déterminées en fonction du tonnage ; plus un bateau est grand, plus il doit s’éloigner des côtes. ‘’Cette situation fait que ces navires peuvent accéder à des zones de pêche qui devraient être réservées aux pêcheurs locaux, occasionnant ainsi une compétition directe et déloyale’’, dénonce Ahmed Diamé.

Un débordement qui débouche sur un pillage des ressources halieutiques que dénonce également Greenpeace. ‘’Les chaluts de fond ramassent tout. Ils viennent plus près des côtes car c’est plus poissonneux’’, s’insurge le responsable de Greenpeace. Pour les voisins guinéens, la situation n’en demeure pas moins alarmante. Pour le premier semestre de 2014, la capacité réelle des navires de la CNCF a dépassé la limite autorisée de 61% en Guinée Bissau. Quant à l’autre société chinoise, Lian Run, elle a changé le TB de 6 de ses 19 navires quand ils ont été déplacés de la Guinée Conakry vers Bissau, selon le chargé de campagne.

‘‘Possible qu’on aille devant les tribunaux’’

Des actes frauduleux que Greenpeace Afrique ne compte pas laisser impunis. ‘‘C’est fort possible que l’on aille devant les tribunaux pour tirer cette affaire au clair. C’est une possibilité qui demande toutefois beaucoup de moyens’’, a déclaré M. Diamé, concernant la suite à donner à ce rapport. ‘’Nous irons à la rencontre des autorités et des acteurs pour que cette présentation porte ses fruits ; il faut pousser les sphères de décision des différentes juridictions pour que la lumière soit faite’’, poursuit le chargé de campagne. Mais pour le responsable, la priorité est d’abord de s’engager pour une diligence dans l’élaboration du nouveau code de la pêche.
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