Lancées samedi dernier sur l’esplanade du quartier Thiawlène dans la commune de Rufisque-Est, les Assises dites de Rufisque dont l’objectif reste, selon ses initiateurs, d’esquisser un plan de développement durable de la ville pour les vingt prochaines années, n’agréent nullement certains acteurs de la ville. Et pour cause, les critiques fusent aussi bien sur les réseaux sociaux, à travers le «Groupe wakh sa khalaat» qu’au niveau des politiques et de la société civile.
Pour le responsable départemental de la Ld, il s’agit là d’une initiative inopportune sous-tendue par des logiques obscures. « Il y a des voies appropriées pour aller vers l’élaboration d’un plan local de développement ou à un plan communal d’investissement qui sont les termes les plus appropriés en matière de décentralisation et de gestion des collectivités. Or, dans le document des Assises, on promet un plan de développement, ce qui est une compétence de l’Etat central comme c’est le cas actuellement avec Diamniadio», a fait savoir en fait Souleymane Guèye Cissé.
Pour lui, si après seulement une année de mandat, l’équipe municipale actuelle en est à l’organisation d’Assises, cela veut dire que «depuis qu’ils sont là, ils ne savent pas exactement où mettre les pieds». Et de renchérir : «A mon avis, il commence à se poser un problème de confiance parce que voici une équipe qui a agité le déguerpissement comme moyen fondamental de résolution des problèmes de Rufisque et qui est passée complètement à côté, vu les sommes qui sont dépensées, on parle de 100 millions de F Cfa, et vu aussi les résultats acquis». Pour le «Jallarbiste», le problème fondamental de Rufisque reste la délocalisation du marché central. «Le marché central n’est plus à sa place, il faut le délocaliser et Rufisque a des espaces comme Arafat, Gouye Mouride, Santa Yalla. Ce qui n’est pas le cas de Dakar… » Un brin caustique, le responsable de la Ld ajoutera que les Assisards risquent d’être gênés par les moustiques et la saleté. Pour la bonne et simple raison que, pour lui, il y a d’autres motivations dans cette initiative. «C’est du ponce-pilatisme. C’est une logique individualiste qui les anime, avec la même logique de décaissement qui les avait animés pendant le déguerpissement et les subventions de la Tabaski».
NEBULEUSE AUTOUR DES PROFILS ET MOTIVATIONS
Le leader de Leral Askan wi Omar Faye embouchera la même trompette. Pour lui, les animateurs de ces Assises sont des étrangers à la ville. Dans la foulée, il s’est étonné que les tenants du pouvoir puissent demander aux Rufisquois des solutions à leurs problèmes. « Cela veut dire qu’ils ne maitrisent pas les problèmes de Rufisque et c’est dangereux » a-t-il martelé avant de noter que la ville a besoin de solutions par rapport à l’assainissement, à l’avancée de la mer et à son patrimoine oncier qui est rogné par Sangalkam, Diamniadio et Pikine.
Pour certains détracteurs de ces Assises, c’est par contre le profil des coordonnateurs qui pose également problème. A en croire ainsi Souleymane Guèye Cissé, « Ces gens qui organisent ces Assises n’habitent pas Rufisque ou s’ils y habitent, ils ne maitrisent pas les problèmes de la ville ». Plus virulent, Omar Faye qui revendique sa part dans l’avènement de l’actuelle équipe municipale, a lancé un avertissement au maire. « Nous vouons beaucoup de respect à Daouda Niang, mais il a intérêt à faire beaucoup attention ». D’ores et déjà, Léral Askan wi a dit s’inscrire dans la dynamique de combattre les Assises de Rufisque : « on va annihiler l’organisation de ces Assises », a annoncé son leader qui a tenu à préciser que l’argent déboursé pour tenir ses Assises pouvait servir à d’autres priorités comme le curage des canaux.
La critique n’est pas moins acerbe au niveau d’Issa Thioro Guèye, journaliste et membre des cadres locaux de l’Apr. A travers une contribution intitulée « Non aux Assises », il s’est insurgé contre la tenue de l’évènement. « L‘idée est impertinente et semble même cruelle. C’est une sorte de coup de couteau dans le dos des Rufisquois qui pensaient que le nouveau conseil municipal allait tourner définitivement la page des calculs politiciens, des opérations de communication si coûteuses et si inconséquentes ».
Et d’enfoncer le clou, en faisant savoir qu’au moment « où des gens meurent par accident sur la route nationale, faute d’éclairage public, où les eaux usées aux odeurs si pestilentielles envahissent les quartiers faute de système d’égout performant, où les coins et recoins du centre-ville restent squattés par les commerçants, faute d’une bonne politique de déguerpissement marquée par le suivi, l’on nous parle d’Assises pour certainement gaspiller encore des fonds publics».