Condamné à deux ans de prison ferme pour la mort de l’étudiant Ousseynou Seck, le policier Niang Abdoul Bâ risque de ne pas être blanchi par la Cour d’appel. Si du moins celle-ci suit le parquet général qui a requis la confirmation.
‘’Je demande pardon. A aucun moment, je n’avais l’intention de le tuer, car mon travail consiste à protéger les personnes.’’ Par ces propos tenus hier, à la barre de la Cour d’appel de Dakar, le policier Niang Abdoul Bâ a cherché à se disculper de la mort d’Ousseynou Seck. Un étudiant à qui il a ôté la vie, lors d’une intervention musclée, en février 2012. Présenté comme un trafiquant de drogue, Ousseynou Seck avait été interpellé par Bâ Abdoul Niang et ses deux collègues El Hadj Bopp et Ibrahima Diouf. Remis à sa famille très mal en point, le jeune homme âgé d’une trentaine d’années, avait finalement succombé à ses blessures subies lors de son arrestation.
Les trois policiers furent arrêtés, mais seul Niang Abdoul Bâ avait été reconnu coupable et condamné à deux ans ferme. Ses deux collègues prévenus avaient été relaxés au bénéfice du doute et l’Etat condamné à allouer la somme de 10 millions de francs CFA à la mère du défunt. Bien qu’il ait déjà fini de purger sa peine, depuis juillet dernier, le policier croupit toujours en prison, à cause d’une autre affaire d’extorsion. Cependant, c’est dans l’espoir de se faire blanchir dans l’affaire Ousseynou Seck qu’il a fait appel.
Le limier se dit innocent et s’est déchargé sur ses deux collègues blanchis. ’’Lorsque je l’ai sommé de s’arrêter, il a jeté un objet. Je me suis approché, il m’a donné un coup. Comme c’était dans la pénombre et je craignais qu’il soit armé, je l’ai pris par derrière pour le maîtriser’’, a déclaré hier, Bâ Abdoul Niang, qui était en service à la brigade de recherches de la police de Grand-Yoff au moment des faits. Selon ses explications, c’est Bopp qui a terrassé la victime et lui a donné des coups qui ont occasionné le traumatisme ayant conduit à la mort. Imputant la mort de la victime à ses collègues, il a sollicité leur comparution, mais le président de la Cour ne l’a pas suivi. Sans désemparer, il s’est mis à accuser ses collègues d’avoir tout manigancé, parce qu’il se trouve déjà en prison.
Ces allégations n’ont pas semblé convaincre le président. ‘’On vous permet d’user de la force mais à des conditions. Mais ce cas-ci, le coup a été trop violent et ce n’était pas nécessaire, vu que la victime était inoffensive’’, lui a lancé le président. Le représentant du parquet général de renchérir : ‘’En plus, l’intervention n’était pas autorisée, vu qu’elle n’était pas enregistrée sur la main-courante’’. Dans sa réplique, le policier a soutenu qu’il s’agit d’une pratique courante et que l’intervention a été décidée suite à une concertation avec le chef de brigade, même si celui-ci ne l’a pas mentionnée.
Ses dénégations n’ont pas pu convaincre le parquetier qui a requis la confirmation. Le magistrat a jugé ‘’disproportionnée’’ l’intervention. La Cour rend son verdict le 18 mai prochain.