Rufisque tient ses Assises du 2 mai au 11 juillet 2015 sur initiative de la mairie. L’objectif de ces rencontres est de redonner à Rufisque son lustre d’antan pour en faire une des villes les plus attractives du Sénégal. Le lancement officiel s’est tenu samedi à l’esplanade de Thiawlène.
Elle court après son glorieux passé : Au premier rang des villes sénégalaises pendant l’époque coloniale, la ville de Rufisque est aujourd’hui «chahutée» par la pauvreté, l’assainissement, l’érosion, entre autres. Les qualificatifs ne manquent pas pour caricaturer cette ville qui a très tôt connu un développement économique important grâce au commerce, notamment celui de l’arachide et qui, depuis plusieurs décades, s’enlise davantage dans la déchéance. Cette situation a été faite lors des Assises de Rufisque qui cherche un second souffle pour retrouver son passé d’antan.
«Le déclin de Rufisque a commencé probablement dans les années 1930 du fait d’installations portuaires plus adaptées à Dakar», a rappelé l’historien Mamadou Diouf. La conséquence a été «la fermeture de plusieurs commerces locaux» qui ont été transférés à Dakar délaissant Rufisque qui «s’est construite grâce aux commerçants et non à l’Administration coloniale», a encore expliqué le Rufisquois Mamadou Diouf qui intervenait samedi en direct depuis New York. Il a magnifié aussi la tenue des Assises de la ville «qui vont mobiliser quelque 300 experts de Rufisque et d’ailleurs», à en croire Dr Omar Cissé, président du Comité scientifique des assises. Pour ouvrir une nouvelle trajectoire, Rufisque a initié des assises dont le coup d’envoi a été donné samedi dernier à l’esplanade de Thiawlène (Rufisque Est). Une cérémonie qui a enregistré la présence massive des autorités et des populations. «L’objectif est de dégager une vision qui puisse être opérationnelle afin de changer la ville en tout point», soutient El Hadj Ibrahima Sall, président des Assises, car « les défis n’épargnent aucun secteur à Rufisque».
Pour ce faire et dans une démarche inclusive de consultation citoyenne, «une réflexion décentralisée va se faire dans chacun des 92 quartiers de la ville» à travers l’espace d’échanges «Pencoo Tengeej» afin d’élaborer des projets sur la base «de coproduction et de co-conception» avec les Rufisquois. «Il n’y a aucune connotation politique à ces assises», rappelle pour sa part Dr Abdourakhmane Diouf, secrétaire général des Assises. Pour le porte-parole national du parti Rewmi, la finalité est «de déboucher sur un guide (à suivre) pour ce Rufisque attendue dans 20 ans» grâce à l’implication de tous les Rufisquois.
Pour Daouda Niang, il faut donner à la ville une nouvelle vision pour amorcer son développement. «Les différents maires qui se sont succédé à la ville ont été portés à la tête de l’institution par des partis politiques et ont eu à gérer en tenant compte des réalités du parti alors que le mien a été battu aux élections. Ce qui me décharge politiquement pour pouvoir fédérer tout le monde et toutes les idées», lance le maire de Rufisque, qui se réjouit de l’onction du Conseil municipal qui a voté «à l’unanimité un budget de 25 millions de francs pour la tenue des Assises».
Les consultations citoyennes vont se poursuivre jusqu’au 11 juillet et il est attendu l’engagement des populations pour mener à bien ces rencontres. Pour le ministre conseiller Youssou Ndour, hôte de marque de la cérémonie, «Macky Sall trouvera, par ses assises, que Rufisque est prête». Cette allusion du ministre conseiller rappelle le Conseil des ministres décentralisé annoncé par le chef de l’Etat pour la ville de Dakar. A travers les prières d’ouverture à la cérémonie prononcées par Habib Sakho, fils de El Hadj Ibou Sakho, à celles de clôture formulées par le curé Sandy Diouf en passant par la quinzaine d’orateurs, Rufisque a rappelé par une seule voix ses urgences de l’heure : «Renforcer les liens de fraternité pour la réussite des Assises.»