Sortir les pays africains de la tyrannie du pétrole, tel est l’ambition de la Société africaine des biocarburants et des énergies renouvelables. Basée à Lomé, la capitale togolaise, la Saber est en train de développer d’importants projets pour le développement de ce sous secteur énergétique. Le Salon international des énergies renouvelables tenu du 23 au 26 avril 2015 à Dakar entre dans ce cadre. Dans cet entretien avec Le Quotidien, et nos confrères de la Radio Sénégal internationale (Rsi), le Président directeur général (Pdg) Thierno Bocar Tall décline leur feuille de route.
Parlez-nous d’abord de la Saber que vous dirigez…
La Saber est une organisation internationale basée à Lomé. Ses actionnaires sont composés de 15 Etats. Les 14 sont issus de l’Afrique de l’Ouest et l’un de l’Afrique Centrale, le Tchad. Et de six institutions financières dont les principales sont la Banque d’investissement et de développement (Bid) de la Cedeao, la Banque ouest africaine de développement (Boad) et une des filiales du groupe Ecobank development corporation. Il y a d’autres. Au total, cela fait 21. C’est un groupe qui a des filiales. C’est un fonds appelé le Fonds africain des énergies renouvelables (Faer). Il est basé à Nairobi et a un capital global de 150 millions de dollars, soit 75 miliards de francs Cfa.
Ce qui est assez costaud…
Oui. C’est un fonds d’investissement qui fait des prises de participation dans des firmes ou centrales solaires ou d’autres énergies renouvelables entre 5 à 50 mégawatts. C’est la rangé où intervient le fonds, mais il intervient dans tous les secteurs des énergies renouvelables. Que cela soit énergie éolienne, solaire, l’hydro-électricité, la biomasse… Il y a aussi un bureau basé à Londres. On veut également être présent au niveau international. Ce bureau gère un autre fonds : Africa green development fund.
Ce fonds est-il destiné au continent africain ?
Oui. Rien ne se fait en dehors du continent africain. C’est exclusivement ici et surtout l’Afrique subsaharienne. Ce fonds ne cible pas l’Afrique du Sud ni l’Afrique du Nord qui sont déjà bien avancées. Ce fonds va faciliter la création de petites et moyennes entreprises dans le domaine des énergies renouvelables. Il ne sert à rien de cibler ce continent pour le développement des énergies renouvelables et ne pas l’accompagner dans le transfert de technologies et de compétences. Ce fonds est dédié à cela. Je gère moi-même, en tant que président du groupe, un grand département public qui travaille avec les organisations internationales et les Etats. C’est dans ce cadre que nous sommes devenus le partenaire stratégique de la Commission de l’Uemoa pour développer tout ce qui est énergie renouvelable. Et nous sommes en train de travailler aujourd’hui, avec eux, autour de très grands projets au Bénin, Togo et bientôt dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Quels sont les projets que vous financez ou dans lesquels vous participez au Sénégal ?
Pour le moment le seul projet que nous finançons, c’est un projet de l’Uemoa. Elle a lancé l’Initiative régionale pour l’énergie durable (Ired). Celle-ci a deux objectifs principaux. C’est l’accès à l’énergie pour tous en 2030 et aussi avoir un mix énergétique de 80%. C’est-à-dire que la production énergétique doit être composée de 80% d’énergies renouvelables.
Toujours pour l’horizon 2030 ?
Oui, dans 15 ans. Il faut alors démarrer très vite. L’autre objectif, non moins important, c’est que nous devons ramener le prix du kilowatt/heure à 30 francs Cfa. Cela va beaucoup intéresser tous nos consommateurs ici.
Ils se plaignent beaucoup du coût élevé…
La facture devrait en principe être divisée par deux ou même par trois je crois. Et là, on a lancé un programme appelé Programme régional développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Ce programme qui fait environ 20 milliards est un don de l’Uemoa. En le divisant par 8, chaque pays a 2 milliards 250 millions. Il fallait faire un premier test pour montrer aux Etats qu’on parle trop des énergies renouvelables. C’est une incompréhension ou une mauvaise information. On dit que c’est cher et que ce n’est pas fiable. On voulait montrer que c’est bien fiable.
Surtout que nos Etats cherchent des alternatives…
Voilà. Le Sénégal a bénéficié de cet argent et le gouvernement a décidé… L’Uemoa ne décide pas, elle envoie une lettre au gouvernement pour dire qu’est-ce que vous voulez. Nous avons 4 composantes pour cela. La première c’est les lampadaires solaires, la deuxième les mini-centrales. Vous pouvez être alimentés par une mini-centrale avec les mêmes commodités. On a les kits solaires individuels.
C’est quoi exactement ?
C’est quelque chose que vous pouvez utiliser chez vous. Ce sont des packs solaires, vous mettez des batteries et des interveurs -c’est des termes techniques- pour vous permettre de transformer le courant et là vous êtes connectés.
Et cela doit avoir un coût ?
Oui. Je vous donne l’exemple. Si vous mettez un seul kit solaire chez vous, vous pouvez avoir cinq ampoules qui seront alimentées de manière définitive. La batterie peut faire 5 à 10 ans maintenant avec les batteries de marque lithium. La plaque solaire fait 25. Cela vous coûtera 150 mille francs.
L’installation ?
Oui, tout y compris. J’ai pris le minimum et le maximum. Si vous mettez cinq kits solaires chez vous avec des puissances de 940 watt-crête à 2 millions, vous aurez chez vous 12 ampoules, un réfrigérateur, un téléviseur, 2 ordinateurs et des ventilateurs, que vous pouvez tous allumer. S’il fait chaud, vous avez le climatiseur. Mais s’il fait froid, vous n’en aurez pas besoin. Si vous calculez, votre facture d’électricité peut-être va diminuer de moitié. Vous imaginez combien vous allez gagner ? Ce que vous gagnez vous permettra de rembourser le prêt. Si vous avez été financé par une banque, vous finissez de rembourser en un an ou deux ans et vous avez une installation qui dure 10 ans. Une batterie que vous pouvez replacer après. Et une plaque solaire qui dure 25 ans.
Est-ce que les Sénégalais ont cette information ?
J’imagine. Je crois qu’il y a beaucoup de Sénégalais qui font cela actuellement. Si vous passez à la foire, vous verrez qu’il y a beaucoup de Sénégalais qui ont pris cette initiative. Qui ont même adapté ces kits solaires à l’environnement.
Mais on avait jusque-là remarqué que c’était les populations en milieu rural qui s’intéressaient à cela.
Oui c’était l’idée. C’est de dire, nous allons faire de l’électrification rurale. Il y a deux types. Des villages complètement isolés, où le réseau, les lignes de transport ne passent pas là-bas. La seule façon de les alimenter, c’est de mettre des kits individuels au niveau de chaque concession, chaque case ou au niveau des ménages. C’est ce qu’on appelle l’électrification rurale avec le cas ici du Sénégal, l’Aser (Agence sénégalaise de l’électrification rurale : Ndlr) qui fait bien son travail d’ailleurs. D’autres font des mini-centrales. Au lieu de prendre cinq kits au niveau de chaque concession ou le kit 1 de 80 watt-crête qui alimente cinq ampoules dans chaque concession, on les met ensemble. Si on en regroupe une centaine par exemple, cela devient une mini-centrale.
Avec une plus grande puissance ?
Avec cette mini-centrale, vous avez vos batteries. Vous créez un réseau comme une ligne de transport. Vous mettez des poteaux, vous transportez le courant à partir de la mini-centrale, vous mettez un réseau comme si vous étiez en ville. Chaque ménage peut se connecter. Dès que vous les connectez, ils ont le courant. On l’a fait au Bénin. Nous avons fait une mini-centrale de 46 kilowatts. C’est beaucoup. Ça fait 46 mille watts. Ces ménages ont été connectés par des lignes de basse tension. C’est ce qu’on voit ici. Ces ménages sont partis acheter des compteurs prépayés. Et on les a connectés. Et vous achetez le nombre de watts que vous voulez par heure et vous chargez. On vous dit qu’avec cela, vous allez appeler une puissance. La puissance c’est comme le compteur. Généralement, on vous met une puissance du compteur parce que vous leur dites que j’ai cinq climatiseurs, un fer à repasser… On vous attribue une puissance en fonction du matériel que vous avez. En ce moment, le villageois fait la même chose. Ce qu’on a vu aujourd’hui au Bénin, c’est que les villageois ont des télévisions, internet, parce qu’ils ont appelé cette puissance, et maintenant ils payent. On peut aussi le faire dans des villages isolés. C’est ce qu’ils appellent l’électrification rurale. Comme on dit en ville que tout le monde est connecté au réseau normal, c’est-à-dire l’électricité conventionnelle, ce n’est pas la peine de leur donner encore des kits. Sauf s’il y a une politique du gouvernement qui souhaiterait augmenter la composition des énergies renouvelables dans le mix énergétique. S’il n’y a pas cette politique du gouvernement, je crois que le Sénégal l’a, c’est de dire, au lieu de donner encore du courant à ceux qui en ont aujourd’hui, mettons nos efforts au niveau du monde rural en le connectant par ces énergies renouvelables et d’autres types. Il y a des mix diesel, des groupes électrogènes assez puissants, mais c’est extrêmement cher parce qu’il faut acheter le gasoil. Ici (Au Sénégal), je crois qu’il y a une politique allant dans le sens d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ; donc la composition de sources fossiles et de sources renouvelables. De telle sorte que c’est une approche démocratisée où on dit à tout le monde que vous pouvez avoir accès à l’énergie, vous pouvez avoir accès… Vous pouvez acheter vos kits, vous pouvez vous équiper. Mais ces conditions là, le cadre est défini.
On parle de plus en plus de ces énergies renouvelables. Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable ?
C’est juste de puiser le courant à partir de sources naturelles et renouvelables. Vous avez par exemple du soleil comme énergie renouvelable chaque matin. Le vent est une source éolienne. La biomasse est une énergie provenant des déchets agricoles. Il y a aussi la géothermie présente en Afrique de l’Est. Quand vous puisez en bas il y a de la chaleur, du gaz qu’on appelle la géothermie avec lequel on peut produire de l’électricité. Aujourd’hui, mon fonds qui est basé en Nairobi en a financé deux projets. Il y a aussi ce qu’on appelle la houle motrice. On prend les vagues au niveau de Dakar et Saint-Louis à partir desquels on peut produire de l’électricité pour ces deux villes. C’est l’énergie marine.
On a un fort potentiel avec plus d’une centaine de Km de côte…
Oui un énorme. J’ai fait une pré-étude sur cela, montrant que la ville de Saint-Louis peut être alimentée à partir de l’énergie marine. Même une bonne partie de Dakar peut l’être. Sur ce plan, les technologies existent. Voilà les différentes sources. C’est inépuisable, ça brave le temps, on meurt et on les laisse ici. Et chaque jour, c’est comme si on ne les avait jamais puisées.
… Et que peut-être ses impacts nocifs sur l’environnement sont moindres ?
Oui, c’est parce que tout est naturel. Il n’y a pas quelque chose qui est créé, transformé ou détruit par l’homme. Ce sont des sources qui sont là, que dieu nous a données, des dons pour nous permettre de bien vivre dans un environnement qui intègre tout parfaitement. Comme ce sont des sources durables, renouvelables, peut-être même éternelles… Avec le solaire, il y a deux types. Le premier type c’est d’avoir juste des plaques solaires quand le soleil se lève jusqu’au soir. Là, je serai alimenté au solaire parce que ce sont des plaques qui captent et me transfèrent le courant. Le deuxième type c’est d’avoir des batteries de stockage. Donc, il met la plaque solaire et les batteries. Ça stocke le courant. Si le soleil disparaît, les batteries prennent le relaie. Vous avez ainsi le courant toute la nuit. C’est plus cher, mais ça fonctionne 24h/24. Ou pendant 16h ou 18h. Cela dépend, parce que vous appelez beaucoup plus de puissance que la capacité que vous avez installée. C’est pour dire que même s’il pleut pendant une semaine, il y a des batteries qui peuvent vous amener jusqu’à 4 à 5 jours.
On parle de plus en plus de protection de l’environnement. Par conséquent, les énergies renouvelables devraient être une bonne alternative que nos Etats devraient développer davantage.
Oui, ils sont en train de développer cela.
Mais c’est trop lent…
Je ne peux pas apprécier cela. Mai ils sont en train de développer. Au Sénégal, j’ai entendu, il y a deux ans, le Président dire cela lors de son discours de 31 décembre. Il parlait des contrats qui sont signés au Sénégal. Il y a des contrats de puissance de 20 mégas, 10 mégas, 50 mégas avec des producteurs indépendants sur la base d’un contrat signé avec la Senelec, sur un prix du kilowatt négocié. Actuellement, c’est parti pour le Sénégal. C’est un hommage que je rends au pays et à Madame le ministre chargé de l’Energie pour cette vision. Et à son Excellence monsieur le président de la République. Je crois que le Sénégal est en train de… Moi je couvre toute l’Afrique. Il y a le Maroc qui est extrêmement avancé avec des centaines de mégawatts aujourd’hui, qui seront installés jusqu’à un objectif de 5 000 mégawatts. Il y a aussi l’Afrique du Sud et d’autres pays en Afrique subsaharienne qui sont très timides. C’est le Sénégal qui est leader, ça je pourrai le dire. Il y a des sites qui sont là en gestation et qui vont bientôt commencer à être fonctionnels.
Dakar a abrité du 23 au 26 avril derniers l’édition 2015 du Salon international des énergies renouvelables.
Quel est l’objectif de ce genre de salon ?
L’objectif c’est de faire connaître. Il faut informer et communiquer sur les nouvelles technologies. On avait tendance à dire que le soleil n’est pas très fiable et puis que c’est cher. Ici au Sénégal, on a fait des lampadaires avec l’Uemoa et avec la décision gouvernementale. Nous l’avons installé à Guédiawaye, Golf, Kaolack, Kolda. On l’a installé aujourd’hui dans neuf localités et tout le monde est content. La seule chose c’est l’entretien et la maintenance. Il faut de temps en temps nettoyer la poussière au niveau des plaques pour avoir beaucoup plus de capacités pour la batterie et la luminosité. Mais là, on est en train de prendre toutes les dispositions si je reviens à la foire. Tout le mode est d’avis que cela a été une réussite. C’était d’un niveau très appréciable. C’est d’abord d’informer les consommateurs, les visiteurs et les populations sur la nécessité d’y aller. Parce que quand on ne maîtrise pas la source conventionnelle d’énergie, si nous ne maîtrisons pas les coûts et les cours du dollar, on devient un sujet qui subit. Quand on maîtrise une source qu’on ne contrôle pas nous-mêmes, mais au moins les puissances installées, Dieu est là pour nous donner la source. Même si c’est cher, on maîtrise les fondamentaux.
Reconnaissons qu’on n’a pas de pétrole, mais on a le soleil, nos mers...
C’est cela que j’ai dit. Même si c’est cher, on maîtrise les données. Quand on les maîtrise, on fait une bonne perspective de croissance et de développement durable. Parce qu’en ce moment, on les base sur des sources durables. Par contre si aujourd’hui on vous dit que le pétrole est bas à 50, à 54 dollars le baril, demain ça peut aller à 200 dollars. Donc, toutes les perspectives en termes de croissances économiques sont complètement faussées. Les fondamentaux ont changé. C’est ce qu’on voulait montrer. Voilà la possibilité au niveau du Salon. Il y a eu beaucoup d’exposants et tout le monde est venu pour montrer tout ce qu’on peut faire en termes de solaire thermique. Aujourd’hui, tout le monde a cette possibilité d’avoir des chauffe-eaux, des kits solaires et éoliens à la maison.
L’expertise est-elle disponible ?
Oui. Au Sénégal l’expertise est là. Il faut inviter les installateurs qui vont vous faire la démonstration. Tout est là. J’ai chez moi un congélateur solaire. Ça congèle mieux que le conventionnel. J’en sais quelque chose.
Et ça coûte moins cher ?
Non ça ne coûte pas moins cher. Mais vous ne payez pas plus.
A long terme alors ?
En un an vous amortissez. Ce qui est intéressant j’ai vu des machines à coudre au solaire. C’est sur 10 ans la batterie, 25 ans les plaques. Vous n’êtes plus dépendant. C’est terminé. Cela on l’a exposé avec des termes de remboursements extrêmement intéressants. On l’a démontré à la foire, les gens ont fait des boubous sur place et ça fonctionne très bien. Et le gars a eu tellement de commandes qu’il faut qu’on trouve avec la Saber et le promoteur de ce projet, les types de sources de financement permettant aux gens d’y accéder plus facilement.
Donc le salon a créé beaucoup d’opportunités ?
Enormément. Je n’ai pas assisté au colloque, mais mes collègues qui étaient là-bas… J’ai entendu hier un communiqué du colloque lu par Cissokho à la télévision. Il n’est pas le porte-parole, mais on l’a interviewé. J’ai vu qu’ils veulent faire des mini-centrales. Nous on a un concept qu’on est en train de lancer. C’est de créer des zones rurales de développement économique avec des mini-centrales multifonctionnelles que nous allons installer. Les mini-centrales auront plusieurs applications. La 1ère c’est de donner l’électricité aux populations et ménages au village. La 2ème c’est de pouvoir irriguer entre 50 et 70 hectares. La 3ème c’est l’élevage, la 4ème la pisciculture. La 5ème c’est de créer une chambre froide d’une capacité de 20 tonnes. La 6ème application c’est de faire tout ce qui est chaleur pour la pasteurisation du lait. On est en train de l’aménager aujourd’hui au Bénin qui constitue l’exemple. Voilà des applications, quand on le fera avec les villages et les projets créateurs de revenues, on peut avoir des tailleurs, des artisans qui seront tous connectés à la mini-centrale, qui sera gérée par un privé. Ce privé doit pouvoir acquérir des compteurs, etc. Quand je parle de la Saber, ce n’est pas qu’on va le faire. Mais tout ce qui se fait, c’est avec le gouvernement. Avec ces mini-centrales tout le monde est connecté. Le secteur privé que nous allons former -local, Gie- avec les habitants ou jeunes de la localité qui vont gérer ces mini-centrales, l’eau et l’électricité et le reste, nous allons créer ce système intégré qui permettra de développer la zone. Nous allons démarrer avec cela en première phase. C’est ce qu’on a fait au Bénin. Mais avec la Boad, on va créer une ligne de crédit pour dire au gestionnaire de ce projet, si vous voyez que c’est intéressant, venez on vous donne une ligne de crédit. Maintenant c’est vous qui installez en tant que promoteur privé et vous remboursez votre prêt. Là vous pouvez avoir l’angle maraîchage. Vous pouvez faire tous les autres produits. Conserver les produits comme le poisson à la chambre froide. De même vous pouvez faire de l’élevage, de la pasteurisation du lait. La vapeur d’eau récupérée dans la chambre chaude peut faire de l’eau minérale qui sera vendue.
Au Sénégal, les agriculteurs produisent beaucoup de tomate, mais se plaignent des problèmes de conservation. C’est pareil pour le lait…
Actuellement, on a des chambres froides solaires disponibles. On est en train de faire un très grand programme avec l’Uemoa dans ce domaine agricole. Pratiquement, la note conceptuelle… tout est terminé sur ce que je viens de dire. Je remercie au passage Soumaré (Cheikh Hadjibou), le président de la Commission, pour sa vision. Je crois que d’ici fin 2015, vous verrez tout cela.
Je remercie la commission. Nous avons créé une institution qui nous appartient. La Saber n’a jamais reçu d’argent de l’étranger. Tout ce que j’ai dit a été financé par nous-mêmes, au niveau national, local. On est sur la bonne voie. L’Afrique est aujourd’hui le continent qui attire les autres. Le potentiel de croissance se trouve aujourd’hui en Afrique. Tout est à faire sur ce continent, il suffit tout simplement aux Africains d’en prendre conscience et de dire que nous tenons le bon bout. Tout le monde va en profiter. Mais il faut que nous-mêmes en profitions. Organisons-nous. Je demande à tout le monde d’aider le secteur privé. La Saber est là, les banques sont là, l’Etat est là.
Mais il faut que l’Etat s’investisse davantage
Oui, mais il faut que le secteur privé s’investisse, mais en les aidant et appuyant, qu’on ait une préférence nationale ou régionale. La Saber est là pour les accompagner. En marge de la foire, on a créé la Société africaine de production d’équipements solaires (Sapes).
C’est quoi exactement ?
On va produire tout ce qui est en train d’être fait. La Saber a octroyé en marge des marchés, l’année dernière, à hauteur de 75 milliards, soit 150 millions de dollars avec l’Uemoa et les Etats. On a vu qu’une bonne partie vient de Chine, pratiquement tout. Même nos entreprises vont en Chine acheter, ce n’est pas grave. Mais il faut dans la perspective qu’on ait aussi un transfert technologique dynamique. C’est dans ce cadre qu’on a créé la Sapes qui sera basée dans un éco-technoparc qu’on a aussi créé. Cela va bientôt démarré.
Où est-ce que vous l’avez installé ?
A Lomé. Tout ce qui est poteaux, plaques solaires pour faire des lampadaires on peut le faire là. Pourquoi ne pas le faire ? C’est notre argent. Si c’est l’argent de l’extérieur, on les laisse venir avec leurs équipements. Si c’est notre argent, essayons de produire et d’en tirer le maximum.
En plus ça crée des emplois
Tous ceux qui ont été attributaires de marchés de la Saber ont souscrit. Plus que le capital demandé, ça continue. Je reçois jusqu’à présent des demandes de souscription. Quand ça leur appartiendra ils auront le marché de la sous région, le marché de la Saber. Ils vont travailler ensemble pour qu’un jour l’Afrique puisse non seulement créer des emplois verts, mais aussi faire le transfert de compétences, lier ces transferts de compétences avec l’université. Et demain, on fera que l’Afrique produise elle-même ses propres produits, matériels qui s’adaptent à son environnement, à sa connaissance et sa propre vision du monde et le développement de l’Afrique. Comme on dit avec une Afrique émergente et un Sénégal émergent.