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Départ de Isolux pour la Gambie : L’Etat barre la route aux Espagnols
Publié le lundi 4 mai 2015  |  Le Quotidien
Un
© Autre presse par DR
Un terrain en chantier




Pour sortir son matériel du Sénégal, Isolux devra faire preuve d’ingéniosité. La direction du Mca a fait recours au gouvernement et à l’administration territoriale pour empêcher les Espagnols de passer les frontières pour se rendre en Gambie, si le contentieux de la Rn6 n’est pas réglé.

Les péripéties de la construction de la Rn 6 sont loin d’avoir connu leur épilogue. Après les nombreux articles que Le Quotidien a consacrés à cette affaire, la direction du Mca Sénégal a fini par rompre son mutisme, pour déclarer dans un communiqué, qu’il travaillait, «en relation avec les autorités du Sénégal et le partenaire bailleur des fonds, à la résorption de ce retard». Il a confirmé ce que Le Quotidien avait déjà annoncé, à savoir que l’entrepreneur avait reçu deux fois de suite des avances de 10% pour la réalisation du chantier. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est l’affirmation selon laquelle, affirme le communiqué, «d’autres options techniques sont envisagées afin d’améliorer le rythme d’avancement des travaux sur ce tronçon Ziguin chor-Tanaff». Et l’on voit enfin les muscles se bander, avec cette précision : «Il sera fait une application stricte des dispositions contractuelles prévues à cet effet pour gérer la situation qui prévaut sur ce chantier.»
Ladite situation, faut-il le rappeler, est que depuis trois semaines environ, les machines de Isolux ne tournent plus sur le tronçon de route que l’entreprise est chargée de réhabiliter. Et mieux, comme Le Quotidien l’a indiqué dans son édition n°3671 du mardi 28 avril, l’entreprise espagnole, qui a gagné le marché de construction du pont sur le fleuve Gambie, en partenariat avec Arezki, est en train de transporter son matériel vers ce nouveau chantier.
Comme alertés par les écrits du journal Le Quotidien, les responsables de ce chantier, en rapport avec les autorités du Sénégal, ont décidé de commencer à agir. C’est ainsi que le Dg du Mca-Sénégal a produit une lettre pour demander aux trois gouverneurs des régions du Sud, frontalières avec la Gambie, à savoir Ziguinchor, Kolda et Se dhiou, de veiller à ce que les res ponsables d’Isolux Corsan Cor viam ne transportent pas leur matériel hors du pays. Le prétexte officiel étant que ce matériel a été introduit au Sénégal sous le régimehors taxe, et qu’il ne saurait être question de le voir gagner un autre pays s’il ne s’acquitte pas de ses droits fiscaux. Ce subterfuge permet de contrer l’argument selon lequel le gouvernement s’opposerait à la libre-circulation des personnes et des biens.

Rompre sans bloquer les travaux
La faiblesse de l’argument est que, comme on l’avait déjà déploré, l’essentiel du matériel sur le chantier d’Isolux a été pris en location auprès d’entreprises locales. Les Espagnols n’ont pas semblé accorder beaucoup d’importance au chantier du Sénégal, même s’ils devaient y gagner l’équivalent de plus de 40 millions d’euros. C’est en tout cas l’impression que donne leur désinvolture.
S’agissant maintenant des dispositions contractuelles, il est tout simplement envisagé de dénoncer le contrat aux torts de l’entrepreneur, qui n’a pas respecté le cahier des charges ni les délais de construction et de livraison du chantier. L’idée qui fait bouger les méninges, est de voir comment cette rupture ne conduirait pas au blocage des travaux, étant donné que le Sénégal court après le temps, pour ne pas avoir à perdre la possibilité de postuler à un autre compact après celui qui arrive à son terme.
Le donneur d’ordres avait con traint le constructeur espagnol à s’adjoindre des sous-traitants sur certaines parties du chantier, dans l’idée d’accélérer le rythme de travail. L’idée, si les pouvoirs publics parviennent à rompre le contrat, serait de convaincre ces sous-traitants à prendre en charge l’ensemble du chantier, avec des primes d’encouragement. L’idée étant de tout finir avant la date fixée par le Mca-Sénégal : septembre 2015. Et les enjeux sont pour le Sénégal, incommensurables.
Le gouvernement envisage également de dénoncer les pratiques d’Isolux auprès de la Banque africaine de développement (Bad), qui finance le marché du pont de Farafégné. Le gouvernement souhaiterait «blacklister» les Espa gnols pour les empêcher de gagner encore des marchés en Afrique, au motif qu’ils ne sont pas fiables.

Offensive tous azimuts
L’ennui, avec la décision de bloquer son matériel, est que Corsan pourrait essayer d’attiser les flammes de la mésentente latente entre Yahya Jammeh et les Sénégalais, en prétendant que le blocage de son matériel l’empêche d’entamer la construction de son chantier en Gambie. Mais le Sénégal ne compte pas s’en arrêter là. Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, a prévu de faire escale à Dakar dans deux semaines environ. Ce sera une autre occasion, pour les membres du gouvernement du Sénégal, de se plaindre encore des mauvaises manières de l’entrepreneur de Madrid.
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