«Le deuxième pilier du Plan Sénégal émergent (PSE) est le capital humain. Investir sur la santé c’est investir sur le capital humain. Et, si nous voulons réussir cette émergence que tout le monde souhaite, il faut que les sénégalais soient en bonne santé, qu’ils soient indemnes du Vih. Ceux qui vivent avec le Vih ou d’autres maladies doivent également pouvoir vivre dans la dignité.» Ces propos sont empruntés au Dr Safiétou Thiam, secrétaire exécutive du Comité national de lutte contre le sida (CNLS) qui introduisait hier, une réunion initiée par l’Alliance nationale de lutte contre le Sida ANCS autour de la problématique du financement de la santé. Le secteur privé et l’Etat ont été interpelés en priorité dans la recherche de ressources additionnelles.
Les ressources actuellement dédiées au financement de la santé sont en deçà des besoins ressentis et exprimés. Alors que dans l’ère post 2015 des ressources importantes seront nécessaires pour maintenir les acquis dans le domaine de la santé notamment dans la lutte contre le Vih/Sida. En effet, pour explorer d’autres pistes alternatives de financement, l’ANCS, en collaboration avec d’autres organisations de la société civile dont Africaso, World Aides Compaign et le Fonds mondial, ont initié une campagne pour l’accroissement des ressources domestiques à investir dans la santé.
Ce plaidoyer pour un accroissement du financement domestique (mécènes, taxes…) est l’objectif visé par la rencontre tenue hier à Dakar. Trois pays africains sont visés par ce projet pilote : le Kenya, la Tanzanie et le Sénégal.
S’exprimant sur cette question, Mme Maguette Guèye Mbodj, présidente de l’ANCS a laissé entendre que ces 10 dernières années ont connu des évolutions dans la lutte contre les maladies telles que le Sida, le paludisme et la tuberculose. Et face à ces résultats encourageants, les acteurs de la société civile plaident la priorité de financement par les partenaires au développement et même l’Etat. « En tant que société civile nous sentons une peur parce qu’on risque de perdre tous nos acquis enregistrés ces dix dernières années », a-t-elle avancé pour dégager la nécessité d’un financement alternatif. En vue de mobiliser des ressources domestiques à court, moyen et long terme pour combler le gap constaté notamment dans le financement du Vih/Sida, de la tuberculose et du paludisme.
Interrogée en marge de la cérémonie d’ouverture qu’elle a présidée, le Dr Safiétou Thiam a soutenu que « le monde est dans une phase importante dans la lutte contre le Vih/Sida et les autres maladies. Ses objectifs ambitieux nécessitent toutefois beaucoup de financement alors que l’apport des bailleurs extérieurs régresse à cause de la crise financière qui secoue le monde ». Selon notre interlocutrice, il existe des financements innovants qu’il faut explorer. En direction de l’Etat, elle dira que même s’il fait déjà « beaucoup d’efforts », il peut encore « mieux faire » dans le financement de la santé. La secrétaire exécutive du CNLS a également soutenu qu’il y a beaucoup d’opportunités au niveau du secteur privé. « Il faut mobiliser le secteur privé, faire un plaidoyer convaincant en leur montrant l’importance du retour d’investissement sur la santé ».
Pour sa part, la représentante du Fonds mondial a rappelé qu’il est important que le Sénégal travaille à réaliser les promesses faites par les chefs d’Etat à Abudja en allouant au secteur de la santé 15% de son budget national. Par ailleurs a-t-elle fait noter, en termes de technologie et de moyens d’intervention, les opportunités qui permettent aujourd’hui de mettre sous traitement les personnes n’existaient pas il y a 10 ans.