L’intersyndicale aéroportuaire a organisé un sit-in hier pour dénoncer l’organisation d’un séminaire à Saly, par le ministère des Transports aériens, sans leur participation. ‘‘Complot contre les travailleurs’’ crient les syndicalistes ; alors que du côté des autorités, cette rencontre concerne ‘‘l’installation du comité de transfert’’.
La fête du Travail de cette année est marquée du sceau de la crispation. Après l’éducation et la santé, le secteur aéroportuaire s’y met. La délocalisation de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor (AILSS) vers l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass risque d’être problématique. Les travailleurs des Aéroports du Sénégal (Ads) ont tenu un sit-in hier pour ‘‘s’inquiéter de la rencontre entre le ministère des Transports aériens et la société contractante Daport’’ gestionnaire de l’aéroport Blaise Diagne. Une rencontre importante, à leurs yeux, sans des partenaires sociaux de la plate-forme aéroportuaire. Pour le coordonnateur de l’intersyndicale des travailleurs des Ads, Serigne Moustapha Guèye, ce n’est qu’un complot qui s’ourdit dans le dos des travailleurs. ‘‘Nous assimilons cela à un coup d’Etat, car on ne comprend pas comment on peut organiser une telle rencontre, en excluant un syndicat qui représente 100% des travailleurs’’, s’est-il insurgé.
Son syndicat qui polarise l’Asecna, l’Anacim et les ADS a été zappé de cet atelier qu’il qualifie de ‘‘séminaire de la honte’’ pour faire passer des décisions aux dépens des travailleurs. Les syndicalistes qui disent avoir eu écho des conclusions de ce séminaire, ont occupé pendant plus d’une demi-heure la devanture de l’aéroport LSS pour dénoncer d’avance toute décision allant contre l’intérêt des travailleurs. Ils accusent directement le ministre de tutelle. Pour le secrétaire général des travailleurs de l’aéroport, Mamadou Diop, ‘‘la sûreté n’est plus de mise à LSS, à cause de la mauvaise gestion d’Abdoulaye Diouf Sarr qui ne communique pas, depuis qu’il est à la tête de ce département. On va paralyser ce secteur pour que le président de la République sache ce qui se passe à l’aéroport’’, a-t-il asséné.
Près de 900 personnes sont concernées sur plus de 1000 travailleurs que compte les Ads, a fait savoir Serigne Moustapha Guèye. ‘‘Ils ont décidé de ne reprendre que 386 travailleurs, en enlevant ceux qui ont plus de 50 ans et ceux qui sont décédés. Ce qui fait qu’au finish, il n’y aura pas plus de 200 travailleurs sur 1300 agents actuellement. C’est un scandale, une honte pour le Sénégal. Ce combat ne va pas s’estomper de sitôt’’, a-t-il renchéri, ajoutant que les travailleurs embauchés, entre 2007 et 2015, sont sous la menace d’un renvoi par le futur gestionnaire de l’AIBD.
‘‘Les syndicalistes ne sont pas bien informés’’
Dans un document signé en 2010 entre la plate-forme et Daport, filiale de l’allemand Fraport, l’Etat s’était engagé à ‘‘reprendre, à la date de mise en service du nouvel aéroport, le personnel présent de l’ADS à Dakar qui veut venir dans la nouvelle structure’’, stipule un des points de l’accord. Pas de diminution de salaire, et un plan de formation complète et différenciée en fonction du bilan des compétences des travailleurs, avait aussi prévu le document. Mais les autorités ont botté en touche toutes les accusations des syndicats, tout en les rassurant (voir ailleurs). Le directeur de cabinet du ministre du Tourisme, Cheikh Dieng, a déclaré à Saly que le séminaire ne concernait pas le gestionnaire Daport, mais l’installation du comité de transfert qui a été prise par arrêté du Premier ministre.