Poursuivi pour les délits d’offense au chef de l’Etat et d’appel à l’insurrection, Me El Hadji Amadou Sall a fait face au juge d’instruction hier, lundi 27 avril, au niveau de la Cour d’Appel de Dakar. L’ancien Garde des sceaux sous le régime d’Abdoulaye Wade a été entendu sur le fond des faits qui lui sont reprochés par la Chambre d’accusation. Au sortir de l’audience, sa défense a révélé qu’elle comptait déposer une demande de liberté provisoire pour l’avocat et responsable politique libéral emprisonné depuis la mi-mars.
Plus de six semaines après son placement sous mandat de dépôt et son incarcération à la Mac de Rebeuss, le 17 mars 2015, Me Amadou Sall a fait face au juge d’instruction hier, lundi 27 avril. L’audience qui s’est déroulée au Palais de justice de Dakar a permis d’entendre l’ancien Garde des Sceaux et avocat de Karim Wade sur le fond des faits qui lui sont reprochés, en somme les délits d’offense au chef de l’Etat et d’appel à l’insurrection. Il faut noter que les libéraux parmi lesquels on notait cependant le coordonnateur du parti Oumar Sarr, le porte-parole Babacar Gaye, et le membre du comité directeur du Pds Mayoro Faye, ne sont pas venus en masse pour soutenir Me El Hadji Amadou Sall, au niveau du tribunal comme cela se faisait d’ordinaire pour les responsables du Pds ayant maille à partir avec dame justice.
D’ailleurs, les militants et sympathisants libéraux qui sont venus au Palais de justice ont dû quitter les lieux sur la demande des forces de l’ordre pour éviter toute perturbation. Au sortir de l’audience qui a duré près de quatre tours d’horloge, le collectif des avocats qui défend l’ancien ministre de la Justice a révélé que sa première préoccupation du moment était de s’investir à une demande de liberté provisoire pour son client. Selon ainsi Me Oumou Sy, coordonnatrice du collectif des avocats de Me Amadou Sall, et par ailleurs porte-parole du jour : «La liberté de notre client est la seule chose qui nous importe et nous travaillons pour cela». Sans toutefois en préciser la date. Qui plus est, l’avocate a tenu à faire savoir que son client a effectivement assumé ses propos devant le juge, en reprécisant néanmoins sa pensée.
Pour rappel, Me El hadji Amadou Sall est poursuivi pour « manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves ou à enfreindre la loi ». Il est incarcéré à la prison de Rebeuss, depuis la mi-mars, pour des propos tenus, le dimanche 15 mars, au cours d’un meeting organisé à Guédiawaye par le mouvement de soutien à Karim Wade dénommé « Disso diam Karim Wade ». L’avocat et ancien ministre de la Justice aurait ainsi déclaré entre autres propos que «si jamais Macky Sall fait emprisonner Karim Wade, il ne passera pas une seule nuit au Palais».
REACTIONS…REACTIONS…
Me CIRE CLEDOR LY, AVOCAT DE LA DEFENSE : «C’est à tort que Me Amadou Sall a été poursuivi»
Nous pensons que c’est à tort que Me Amadou Sall a été poursuivi pour des propos qui ne peuvent rentrer dans aucune qualification valable. Il y a 60 avocats mobilisés pour l’instant au Sénégal, il y a 200 avocats africains qui, déjà, se sont signalés. Il y a aura des avocats européens et arabes qui pourraient venir. C’est parce que nous estimons qu’il y a une agression contre l’un des nôtres, un avocat. Et les propos pour lesquels il est aujourd’hui poursuivi ne devraient et ne pourraient rentrer dans aucune qualification pénale. C’est une injustice : voilà le sens de notre combat. Nous sommes dans le combat et dans tout combat, ce que l’on espère, c’est gagner sinon on n’engage pas un combat. Et, gagner pour nous, c’est qu’ils arrêtent cette procédure. Il n’y a aucune provocation dans cette affaire. Il faut toujours partir des contextes, ce qu’on appelle en droit la scène du crime. Dans ce contexte, rien ne peut rentrer dans une qualification pénale et les incriminations qui sont ont été retenues contre Me Sall sont des incriminations abusives. Selon nous, Me Sall, peut-être pour des raisons que seul le maître des poursuites connait, a été poursuivi à tort. Est-ce que c’est une atteinte à la liberté d’expression ? Il y a tout là dedans. Il y a la liberté d’opinion, il y a la polémique politique et il y a l’adversité politique qui n’a rien à voir avec les institutions de la République».
Me OUMY SOW LOUM, PORTE-PAROLE DU COLLECTIF DES AVOCATS : «Me Sall a assumé ses propos. Bien entendu, il a reprécisé sa pensée»
Me Sall a été entendu, ce matin, au fond par la Chambre d’accusation sur les faits qui lui sont reprochés. Des questions ont été posées, des réponses ont été apportées. On lui reproche les délits d’offense au chef de l’Etat et également d’avoir tenu des propos de nature à apporter des troubles à l’ordre public. Il s’en est expliqué et là, nous attendons la suite. Il a assumé ses propos. Bien entendu, il a reprécisé sa pensée. On est en phase d’instruction, je préfère pour l’instant ne pas porter à la connaissance de la presse la teneur de ce qui s’est passé à l’instruction. Pour la suite, nous allons nous concerter dès cet après-midi pour donner une suite à cette affaire. Ce que nous attendons, c’est la liberté de M. Amadou Sall. C’est la seule chose qui nous importe et nous allons travailler sur ça. On va déposer une demande de mise en liberté provisoire. Nous allons continuer cette mobilisation parce que c’est un confrère. Nous tenons à le sortir de prison. La devise de notre profession, c’est la solidarité et l’entraide et Me Amadou Sall ne fait pas défaut à cet engagement. C’est pourquoi nous étions tous là pour le soutenir.