C’est le 29 mai que le tribunal militaire se penchera sur l’affaire des trois gendarmes accusés d’extorsion de fonds d’un montant de 2 500 euros, au préjudice d’un Portugais.
Le Portugais Armando Formoso Ubango n’oubliera pas de sitôt son passage à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor. Le 13 novembre 2014, à sa descente d’avion aux environs de 3 heures du matin, il est tombé sur trois gendarmes qui lui auraient extorqué la somme de 2 500 euros, soit 1,6 million de francs CFA. Dans sa narration des faits, le plaignant qui revenait du Portugal, explique qu’après sa descente de l’avion, il est sorti acheter de l’eau en laissant ses bagages dans le hall. A son retour, un douanier l’a sommé de quitter les lieux avec ses affaires. En partant, il a été intercepté par les gendarmes Kh. Mb, P. S. S et J. S qui l’ont conduit à l’écart, dans la pénombre du parking, pour une fouille corporelle, ensuite, de ses affaires. Lorsqu’il a ouvert sa valise, les pandores ont, selon ses dires, pris son portefeuille en lui intimant l’ordre de garder le silence, s’il ne voulait pas être tabassé. Sur ce, ils l’ont embarqué à bord d’un taxi en direction de Grand-Yoff.
Une fois chez lui, M. Ubango a raconté sa mésaventure à ses parents. La victime ne pipant mot en français et en wolof, ces derniers l’ont accompagné à l’aéroport, le lendemain. Mais il n’était pas en mesure d’identifier ses bourreaux. Cependant, une enquête menée auprès des chauffeurs de taxi a permis de les démasquer facilement. Notamment grâce à un ‘’coxeur’’ qui a aidé l’un des gendarmes à trouver un taxi au Portugais, moyennent 2000 F CFA. Mieux, le taximan en question a expliqué que le portugais pleurait en cours de route et est parvenue à lui expliquer que des gendarmes lui avaient soutiré 1 000 euros et non 2 500 euros, comme déclaré le lendemain. Mais, c’est le témoignage d’un autre gendarme qui a été déterminant pour l’enquête et a permis réellement de démasquer les mis en cause.
Entendus, les trois gendarmes ont reconnu avoir conduit la victime au parking, pour vérifier ses papiers. Qu’ils ont découvert que M. Ubanco détenait 2 passeports différents et 3 cartes d’identité différentes. Toutefois, ils ont nié lui avoir soutiré le plus petit centime. A l’exception de P. S. S qui aurait confié à ses collègues que M. Ubanco lui a offert la somme de 2 euros 50 centimes. Le jeune gendarme a justifié cette remise par le fait qu’il a aidé la victime à prendre un taxi, après avoir échappé à une agression.
A l’en croire, ils n’ont jamais fouillé les bagages du passager. Le gendarme J. S, qui a abondé dans le même sens, a soutenu que c’était juste une menace en l’air, lorsqu’ils lui ont dit qu’ils allaient le tabasser. Le mis en cause ne s’est pas limité à clamer son innocence. Ses autres déclarations ont enfoncé son collègue Kh. Mb. Il a déclaré qu’il ignorait ce que son collègue était venu faire là-bas. Parce que le parking et le poste ‘’Arrivée et Départ’’ font partie du secteur de la brigade Batterie, or, il est en service à la brigade Aérodrome. Entendu, Kh. Mb a expliqué sa présence par le fait qu’il se rendait à la boutique pour chercher à manger. Au niveau du hall ‘’Arrivée’’, il a vu P.S. S avec la victime et un auxiliaire de police.
Malgré leurs dénégations, les trois gendarmes se sont retrouvés dans les liens de la détention, en attendant leur procès prévu le 28 mai prochain. Ils devaient être jugés vendredi dernier, pour extorsion de fonds, mais le tribunal militaire a renvoyé le dossier à cause de l’absence de la partie civile.