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La liste des naufragés sénégalais s’allonge : 17 morts pour goudiry
Publié le lundi 27 avril 2015  |  Le Quotidien
Naufrage
© Autre presse par DR
Naufrage de Lampedusa : cinq Sénégalais tués




Alors qu’on n’a pas encore fini de pleurer les morts de Makakolibantan, voilà qu’on nous signale la disparition de 17 autres jeunes Sénégalais, cette fois-ci originaires du département de Goudiry (Tambacounda). Une situation que déplore le point focal du Conseil national de la jeunesse qui dit attendre l’Etat du Sénégal sur un bilan exact de la situation.

Le département de Goudiry a jusque-là, enregistré le plus important nombre de disparus dans le naufrage du navire qui transportait des candidats à l’émigration clandestine. 17 morts, c’est le chiffre donné par les populations, qui ont dit perdre leurs fils dans les eaux méditerranéennes.

Après Makakolibantan, situé dans le département de Tamba­counda et qui avait enregistré 13 morts dans le naufrage, le département de Goudiry vient de battre le record des pertes en vies humaines dans ce même accident en mer. Du moins, jusque-là, car les autorités n’arrivent toujours pas à avancer des chiffres exacts.
17 jeunes, recensés dans le Goudiry, sont déclarés morts dans la Méditerranée. Plus précisément, l’on indique que ces jeunes sont des localités de Kothiary, de Séno, de Touldé­thiékoye, de Goudiry centre ou encore de Aïnoumadi. Ces précisions sont de Ibrahima Traoré, président du Conseil régional de la jeunesse de Tambacounda et point focal du Cnj, chargé des questions de migration.
Selon lui, ces départs massifs vers l’Europe traduisent un réel échec de la politique de l’emploi des autorités nationales. «C’est un véritable échec», déplore le patron des jeunes, atterré par les nombreuses et répétitives pertes en vies humaines signalées ça et là.
Depuis la réapparition du phénomène de l’émigration clandestine, beaucoup de cas de morts sont notés dans la région de Tamba qui semble avoir enregistré le plus lourd tribut. Suffisant pour Ibrahima Traoré de mettre l’Etat devant ses responsabilités, en lui demandant le bilan de la situation.
Sauf que l’Etat ne semble pas être en mesure de fournir des chiffres, relatifs à ce drame de la Méditerrané. En effet, interpellé jeudi par les députés à l’Assemblée nationale, le ministre des Forces armées qui représentait son homologue des Affaires étrangères, reconnaissait l’incapacité du gouvernement à disposer de chiffres fiables. «A ce jour, le gouvernement du Sénégal ne peut dire avec exactitude le nombre de Sénégalais qui ont perdu la vie dans ce naufrage», avouait Augustin Tine.



Pour dissuader les jeunes à partir
Une vaste campagne de sensibilisation en vue
«Il est aujourd’hui plus qu’urgent que l’Etat trouve des programmes plus pertinents et mieux adaptés et qui cadrent avec les vraies préoccupations des jeunes. Sinon, tout ce qu’il (l’Etat) tentera sera d’avance voué à l’échec. Les jeunes ont besoin d’être aidés et accompagnés et cela ne se fera qu’avec des programmes et projets qui cadrent avec leurs préoccupations. Tant que cela ne se fera pas, rien ne pourra arrêter ce phénomène qui a déjà pris de l’ampleur», a indiqué Ibrahima Traoré. Qui propose à ce que des domaines agricoles communautaires soient implantés dans les zones où un fort taux de jeunes partis à l’immigration est noté. «Ce sont ceux-là qui s’aventurent à braver la mer au péril de leur vie, qu’il faut essayer de retenir d’abord, avant quoi que ce soit», conseille le point focal du Cnj. Avant d’ajouter : «A Tamba­counda, il y a la terre et de l’eau, donc quoi de plus normal que d’y ériger un Domaine agricole communautaire (Dac) au profit des jeunes.»
Dans l’optique de conscientiser les jeunes et dans la volonté du Conseil national des jeunes de maintenir ces derniers dans le pays, renseigne Ibrahima Traoré, une vaste campagne de sensibilisation est en gestation. Celle-ci consistera à aller dans les zones les plus touchées et dans celles où un fort taux de départ des jeunes pour l’Europe est noté, pour discuter avec les populations mais aussi leur faire part de la situation qui prévaut actuellement.
Aujourd’hui, fait remarquer M. Traoré, beaucoup de familles n’ont plus de nouvelles de leurs enfants, partis en Europe pour un mieux être. «Il est temps que les familles sachent que la solution ne réside pas seulement dans l’émigration. On peut bien rester chez soi et réussir», indique encore Traoré.
A propos de la campagne annoncée, les familles qui encouragent leurs enfants à émigrer, dans des conditions quasi incertaines, seront ciblées. «Les familles doivent arrêter d’encourager leurs fils à partir par la mer, dans des navires de fortunes où ce ne sont même pas les passeurs qui leur font traverser la mer et c’est ce qui est le plus souvent, la source des naufrages notés. Les familles ont une part de responsabilité dans cette affaire, car dans la plupart des cas, ce sont les familles qui vendent leurs biens pour permettre le voyage de leurs fils. Il faut que ça s’arrête», dénonce Ibrahima Traoré.
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