Devant une crise scolaire qui perdure, où l’impatience grandit face au refus des enseignants de reprendre la craie, le Cusems et le Grand cadre des syndicats d’enseignants, presque partagés sur leurs revendications, affichent encore leur division, face à des propositions du gouvernement. Le Cusems campe toujours sur sa position de poursuivre le mot d’ordre. Alors que le Grand cadre veut d’abord se concerter avec la base, pour savoir la conduite à tenir.
Ils sont nombreux à afficher leur inquiétude quant à la tournure que prend la crise scolaire. Mais ce n’est pas demain qu’une solution de sortie de crise va être trouvée. La rencontre d’hier entre le Premier ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne et les syndicats d’enseignants n’a pu décanter la situation. Au sortir de cette rencontre à laquelle ont pris part des ministres, députés et autres membres du Cese (Conseil économique, social et environnemental), les syndicats d’enseignants se sont encore affichés désunis. Des membres du Cadre unitaire syndical de l’enseignement moyen et secondaire (Cusems) campent toujours sur leur position de poursuivre le mot d’ordre de grève, tant que leur revendication relative à l’alignement de l’indemnité de logement n’est pas satisfaite. Alors que les membres du Grand cadre des syndicats d’enseignants ont décidé de se concerter avec leur base, avant de donner leur position, par rapport aux propositions du gouvernement.
Abdoulaye Ndoye, un des secrétaires généraux du Cusems, estime qu’il est trop tôt de dire que les deux parties s’accordent sur une solution de sortie de crise. Pour lui, le combat pour la satisfaction de leurs revendications continue. «Nous avons interpellé le chef du gouvernement sur l’alignement de l’indemnité de logement, qui est l’une des revendications des enseignants. Mais, sur cette question, nous sommes restés sur notre faim. Il n’y a pas eu d’avancées significatives», se désole Abdoulaye Ndoye. A l’entendre parler, les craintes des enseignants continuent et leur décision de déserter les salles de classe persiste. Selon Abdoulaye Ndoye, le Cusems ne laissera nullement ses membres enseignants poursuivre leur programme, pendant que le gouvernement peine à satisfaire leurs revendications. Il invite toujours le gouvernement au respect des engagements souscrits.
Cependant, l’optimisme affiché par le chef du gouvernement quant à un compromis avec les organisations syndicales bute sur le niet catégorique des enseignants du Cusems. Même si du côté du Grand cadre des syndicats d’enseignants, la décision de lever ou de suspendre le mot d’ordre de grève dépend de la base et non de la direction syndicale. «Nous avons rencontré le Premier ministre et des membres de son gouvernement. Nous leur avons fait état des attentes très fortes des enseignants. Le Premier ministre nous a fait des propositions. Maintenant, une plénière entre secrétaires généraux de syndicats membres du Grand cadre se tiendra le week-end, pour apprécier les propositions du gouvernement», informe le coordonnateur du Grand cadre.
Mamadou Lamine Dianté explique qu’un procès-verbal (Pv) de leur rencontre avec le gouvernement sera transmis à la base, qui devra apprécier les propositions du gouvernement. Selon Dianté, la clé du dégel est entre les mains de la base syndicale. «Nous n’avons pas de sentiment de satisfaction ou d’insatisfaction à exprimer. La décision revient à la base à qui nous ferons un compte-rendu fidèle. Nous donnerons notre position officielle à l’issue de notre rencontre avec la base», insiste le coordonnateur du Grand cadre. Ce dernier informe qu’un second face-à-face entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants est prévu dans la matinée de ce lundi.
Le ministre de la Fonction publique aux enseignants
«Aujourd’hui, on ne peut pas prendre l’engagement d’augmenter l’indemnité de logement»
La question de l’augmentation de l’indemnité de logement semble être le nœud du bras de fer entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Sur ce, le ministre de la Fonction publique, Mme Viviane Bampassy, s’est voulue très claire. Elle a réaffirmé hier, au sortir de la rencontre avec les syndicats d’enseignants, la position du Premier ministre. «Les nécessités du cadrage macro-économique font qu’aujourd’hui, on ne peut pas prendre l’engagement d’augmenter l’indemnité de logement des enseignants. Mais, nous avons pris acte», estime Mme Bampassy.
Le ministre informe que le gouvernement est dans le cadre d’une étude pour repenser le système indemnitaire des agents de l’Etat.
Sur les indemnités de logement, l’Etat veut avoir une démarche globale, selon madame le ministre de la Fonction publique. Elle est d’avis que le décret 2014-769 du 12 juin 2014 n’attribue pas d’indemnité de logement. Viviane Bampasy a tenu à recadrer les syndicats d’enseignants sur l’objectif du gouvernement de respecter tous ses engagements. «Sur les cinq questions majeures, les quatre sont derrière nous», explique le ministre de la Fonction publique.