La crise scolaire a occupé hier une bonne partie des débats lors du passage du Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne à l’Assemblée nationale. Le Chef du gouvernement qui a affiché tout son optimisme quant à un compromis avec les organisations syndicales qu’il doit rencontrer aujourd’hui dans l’après-midi, exclut toute augmentation de l’indemnité de logement qui est la principale revendication des enseignants.
Le face-à-face du Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne avec les représentants du peuple a revêtu hier, les habits d’un round up de l’actualité nationale. Les députés de la 12ème législature ont interpellé le Chef du gouvernement sur plusieurs sujets brûlants notamment la question de l’émigration clandestine avec le récent naufrage en Méditerranée, l’agriculture et la relance des entreprises en difficulté. Mais le sujet qui a le plus intéressé les parlementaires et qui a dominé les débats, a été la crise scolaire. La plupart des questions posées par les députés étaient orientées vers les dispositions prises par l’Etat pour régler cette crise afin de sauver l’école d’une année blanche.
Mais à entendre le Pm évoquer cette question, l’on est tenté de penser que les gros nuages qui planent sur l’école ne sont pas encore près de se dissiper. Les deux parties ne parviennent pas encore à parler le même langage sur le principal point d’achoppement relatif à l’augmentation des indemnités des enseignants. Sur ce point précis, le Premier ministre s’est voulu clair : ‘’l’Etat ne peut pas augmenter les indemnités de logement des enseignants’’. Selon le Chef du gouvernement, ‘’le gouvernement ne peut pas engager une dépense de 26 milliards sans le vote d’une loi de finance’’. ‘’26 milliards, cela se prépare, surtout si c’est hors budget’’, a-t-il soutenu.
‘’Nous ne recherchons pas un accord…’’
Ce face-à-face avec les représentants du peuple intervient 24 heures avant les négociations entre l’Etat et les syndicats des enseignants prévues aujourd’hui dans l’après-midi. Mais selon le Pm, dans cette crise de l’éducation, il n’y a pas de problème de fond entre l’Etat et les syndicats. ‘’Nous ne recherchons pas un accord encore moins un protocole. Le protocole a été déjà signé le 17 février 2014. Ce dont il s’agit, c’est comment prendre en charge les engagements des différentes parties notamment ceux de l’Etat’’, souligne-t-il. Non sans préciser que ‘’ce protocole est une synthèse des engagements pris par les gouvernements successifs entre 2002 et 2012 et qui malheureusement, pour des contraintes parfois budgétaires, n’ont pas été respectés’’.
‘’C’est cette synthèse qui a fait l’objet des 33 points qui étaient en suspens depuis 2002, qui ont été repensés d’accord parties et ont été projetés sur le dernier protocole de 2014’’, explique-t-il aux députés. Avant de confier qu’en plus du transfert de 200 millions de F CFA dans les comptes du ministère de l’Education nationale pour la formation des enseignants, il sera procédé au 31 mai prochain, une mise en solde des actes des enseignants d’une valeur de 1,6 milliard. C’est dire, selon le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, qu’aujourd’hui, tous les risques d’une année blanche sont dissipés. Cela, d’autant que ‘’le seuil critique d’une année blanche n’a pas été franchi’’. ‘’Cette grève a certes un impact sur l’enseignement mais n’a pas trop impacté sur les heures perdues. La grève a été plus suivie en zone urbaine qu’en zone rurale et à Dakar. Au niveau de l’élémentaire, il y a 757 enseignants sur 2448 qui ont observé le mouvement avec des amplitudes allant d’un jour à 21 jours selon le nombre’’, soutient le ministre socialiste.
‘’Solutions urgentes pour stopper l’émigration clandestine’’
Outre la crise scolaire, la question de l’émigration clandestine avec le récent naufrage en Méditerranée qui a fait beaucoup de victimes, a également retenu l’attention des députés qui ont interpellé le gouvernement dans ce sens. Et selon le Premier ministre, pour endiguer ce phénomène de l’émigration clandestine, ‘’le président de la République Macky Sall a appelé en conseil des ministres, à l’élaboration urgente de solutions à long terme’’. ‘’Ces solutions qu’il va partager avec la communauté internationale va dans plusieurs directions’’, à en croire le Chef du gouvernement selon qui, ‘’il nous faut travailler à restaurer une perspective d’avenir pour ces jeunes qui migrent’’. Et cela se décline à travers la promotion de l’emploi dans le secteur agricole. ‘’Ce ne sont pas des Vietnamiens qui viendront faire le riz au Sénégal. Ce ne sont pas eux qui sont venus faire les 660 000 tonnes d’arachide que nous avons eu cette année comme production. Il appartient donc aux Sénégalais de cultiver les terres du pays car l’agriculture qui est un secteur clé du PSE est pourvoyeur d’emplois’’, estime-t-il.
Parlant d’agriculture, le Pm d’annoncer d’ailleurs l’acquisition par l’Etat de 2000 tracteurs subventionnés à hauteur de 60% pour favoriser la mécanisation du secteur. En plus de ces tracteurs, le ministre de l’Agriculture, Pape Abdoulaye Seck, a annoncé la dotation par l’Etat de 5 milliards de matériels de culture subventionnés à 70% et destinés au monde rural’’.
L’emploi, selon le Premier ministre, c’est aussi la relance des secteurs en difficulté notamment les entreprises du service touristique. Dans ce sens, il a annoncé une loi en préparation qui va être sur la table du conseil des ministres très prochainement concernant le tourisme et la zone touristique spéciale d’intérêt national de la Casamance, avec une exonération fiscale de 10 ans pour les entreprises qui s’activent dans ce secteur.
‘’Sénégal Airlines vivra’’
Dans le même sillage, le gouvernement de Mahammad Boun Abdallah Dionne compte s’atteler à la relance des entreprises en difficultés comme les ICS et Sénégal Airlines. A propos d’ailleurs de cette compagnie aérienne qui est aujourd’hui dans des difficultés, le Pm confie que ‘’le gouvernement travaille à la restauration de toutes les capacités de son pavillon national’’. ’’On ne doit pas investir autant de centaines de milliards dans un aéroport sans avoir un pavillon sénégalais. C’est impossible. Sénégal Airlines vivra’’, promet-il tout en soulignant qu’’’il y a des partenaires internationaux qui sont prêts à relever le défi avec nous mais il nous faut d’abord des comptes certifiés sans quoi aucun investisseur ne mettra un franc dans une entreprise’’.