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Enrichissement illicite - jugement de Karim Wade: la guerre de trois aura lieu
Publié le mercredi 13 novembre 2013   |  Groupe Futurs Médias


Karim
© Autre presse par DR
Karim Wade, fils de l`ancien président sénégalais Abdoulaye Wade


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Feuilleton à rebondissements, l’«Affaire» dite Karim Wade est en train de connaître un nouvel épisode aussi sensationnel que les précédents.Adaptée au cinéma, elle aurait accouché sûrement d’un film à sensation. D’un long-métrage à suspens avec ses troussées labyrinthiques et ses multiples rebondissements. Ouverte il y a plus de 6… longs mois, l’ «Affaire» dite Karim Wade, feuilleton polico-judiciaire qui se diffuse depuis, en prime time, sur la face d’un Sénégal souffreteux, n’en finit pas avec ses nombreuses répercussions. A chaque saison ses feuilletons.AVOCATS.Il y a d’abord eu la conférence du Procureur spécial condamnant, ou presque, le fils de l’ex-Président Wade et Cie bien avant même qu’ils ne soient arrêtés. Puis, la deuxième mise en demeure au terme des 6 mois d’instruction. Et dernièrement, la sortie des conseils de Karim Wade déclarant publiquement que ni leur client ni eux-mêmes ne se présenteront plus devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Argument servi : «La Crei est ressuscitée uniquement pour combattre politiquement leur client et ses camarades du Parti démocratique sénégalais et que, du reste, elle n’avait aucune existence légale pour avoir été supprimée lors d’une révision institutionnelle.» Une vieille rengaine remise au goût du jour et qui a vite réveillé les forts antagonismes qui escortent cette…affaire d’Etat.

La conférence de presse des avocats de Karim Wade n’a pas juste créé des vagues au sein de la majorité gouvernementale qui a vite érigé des digues de protection à son chef qui serait visé par le flot de maux dénoncés. Elle a aussi atteint la Crei, mais n’aurait pas touché ses magistrats. Aussi bien au niveau du Parquet que dirige le Procureur spécial Alioune Ndao qu’au niveau de la Commission d’instruction sous coordination du juge Cheikh Tidiane Bitèye, on a juré à L’Observateur, qui a essayé de mener hier sa petite enquête, que «ces déclarations ne (les) a pas du tout troublés». «Ils suivent leur agenda», a confié, laconique et ferme, une source autorisée.

CREI

Au siège du Procureur spécial et de ses hommes, l’ambiance de travail n’aurait pas varié depuis le premier jour. Les déclarations des conseils de Karim Wade, confie-t-on, n’ont changé ni les méthodes ni la manière de procéder de ses magistrats du siège. «Très concentré sur leur sujet», Alioune Ndao et ses collaborateurs n’auraient même pas pris au sérieux les menaces de boycott, annoncés par les conseils de Karim. «Ces propos restent encore à l’état de simples déclarations tenues lors d’une conférence de presse. Mais, jusque-là, rien n’a été officialisé. Le Parquet spécial n’a pas encore reçu un courrier régulier notifiant à l’autorité que leur collectif et leur client ne déferreront plus aux convocations de la juridiction», explique la source. «Et même le cas échéant, informe-t-elle, il (le Parquet spécial) enverrait une invitation à venir répondre devant lui au prévenu Karim Wade, si besoin en était.» Et de la suite qu’il donnerait à cette convocation, dépendra l’attitude du Procureur spécial. Qui compte user de toute son autorité pour que force reste à la loi.

Poursuivant ses explications, notre interlocuteur précise, le ton très sérieux, qu’«en ce qui concerne la réponse à la seconde mise en demeure servie à Karim Wade, lui-même et ses avocats connaissent bien la date d’expiration du délai qui leur est imparti pour déposer leur réponse sur le bureau du Procureur spécial». Ce dernier, informe-t-il, avisera quelle que soit la conduite, ou plutôt la stratégie, adoptée par le prévenu Karim Wade. Attendons pour voir, semble-t-on conseiller du côté du Parquet spécial.

Dans la Chambre des juges chargés de l’instruction, on est en plein dans les diligences entamées depuis plusieurs mois déjà, aussi bien à l’encontre de Karim Wade que de ses supposés complices. Principal décideur du placement sous mandat de dépôt du «Fils de…», la commission pourrait, elle aussi, être amenée à vouloir, et même devoir, entendre Karim Wade, d’abord dans la forme - relativement à la seconde mise en demeure si le Procureur spécial lui fait parvenir le document de réponse - et peut-être ultérieurement dans le fond pour ce qui est de la première inculpation.

ETAT

Troisième camp dans l’ «Affaire Karim Wade» qui assure le rôle politique du feuilleton, la majorité gouvernementale est en train de spéculer sur toutes les éventualités possibles et qui pourraient être consécutives au refus de Karim Wade et de ses avocats de se présenter devant les autorités de la Crei. Soupçonnant un coup fourré de la part de leurs adversaires qui, accusent-ils, sont dans une dynamique de vouloir user de tous les subterfuges pour que Karim Wade ne soit jugé et condamné, les autorités gouvernementales font tout leur possible pour que l’éventuel procès de Karim Wade ne soit pas du goût d’un combat à l’issue duquel leurs adversaires pourraient s’écrier : «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.» En d’autres termes, selon la majorité, une condamnation de Karim Wade après qu’il eût refusé de déferrer aux convocations, soit du Parquet spécial, soit de la commission d’instruction de la Crei, n’aurait pas la même portée que s’il avait fait valoir ses arguments de défense devant une juridiction de jugement. Pour eux, les avocats de Karim ont convenu avec lui de le présenter en martyr aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale.

Pour contrer cette stratégie qui tend, selon leur perception, à enlever aux poursuites ainsi engagées toute leur substance, les responsables politiques de la mouvance présidentielle vont tenter, eux aussi, de prendre le contrepied des avocats de Karim Wade, par un combat politique aux côtés du pool de conseils de l’Etat du Sénégal. Déjà le ton a été donné par le groupe parlementaire Bennoo Bokk YaaKaar (Bby) ou du moins par son président qui a brocardé récemment le fils de son ex-mentor politique dans un communiqué de presse.

A moins que le camp de Karim Wade ne revienne sur sa décision, on risque également d’assister, suite à l’appel du Premier ministre, Aminata Mimi Touré, pour la formation d’un commando de débatteurs au niveau de l’Alliance pour la République (Apr) pour qu’ils soient à même de mieux défendre le régime contre les attaques de ses adversaires politiques, à un contingent de militants engagés ou zélés qui va se jeter dans l’opération «Défanté» pour apporter la réplique aux animateurs du projet de boycott de la Crei. Un nouvel épisode dans cette «Affaire Karim Wade» dont l’épilogue n’est pas pour demain.

PAPE SAMBARE NDOUR



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