Il est vraiment accablant d'entendre pratiquement tous les jours, les médias faire état de la mort en haute mer de centaines de jeunes africains essayant d'atteindre l'Europe à travers la Méditerranée.
De nombreux analystes, se penchant sur les causes d'une telle tragédie qui hypothèque l'avenir de tout un continent, ont tendance à reprocher à l'Europe son manque d'hospitalité vis-t-à-vis des immigrants africains. Un reproche fondé, mais qui, en vérité, n'est qu'une partie de l'explication de cette tragédie.
Les principales causes sont ailleurs et à ce propos, il convient d'indexer la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion injustifiée des ressources humaines et matérielles de nos propres dirigeants.
Qu'attendons-nous de l'Europe pour améliorer la situation? La plupart des personnes pensent que si l'Europe avait assoupli ses politiques d'immigration et rendu l'immigration sur le continent beaucoup plus facile pour les Africains, beaucoup de ces jeunes qui ont recours au voyage clandestin en mer, auraient pu obtenir des visas et voyager à travers des voies légales.
Agir dans ce sens reviendrait à ouvrir toutes grandes les portes de l'Europe, laquelle, convenons-en, ne serait pas en mesure d'accueillir tous les Africains candidats à l'émigration.
Ainsi, l'Europe n'a pas d'autre choix que de renforcer ses politiques en matière d'immigration pour protéger le niveau de vie de ses populations. Pour ce faire, l'Union européenne est en train de tenir une rencontre d'urgence pour discuter de la question relative à ces tragédies qui coûtent la vie aux fils du continent.
Dans le même temps, on doit se demander pourquoi l'Union africaine ne se prononce pas sur cette tragédie, vu que la grande majorité de ceux qui perdent chaque jour leur vie sont des Africains.
Pourquoi l'Union africaine n'est pas prête à s'attaquer au phénomène ? Est-ce parce que nos dirigeants ont peur de reconnaître leur propre incapacité ? Ou simplement, méprisent-ils à ce point le sort de leur peuple?
La vérité est toute crue : la responsabilité de cette tragédie repose entièrement sur les épaules de nos dirigeants africains dont la mauvaise gouvernance et les politiques économiques ont rendu la vie difficile à l'Africain lambda.
Les personnes occupant des postes élevés et qui sont une minorité sont souvent aveuglées par leur pouvoir et occupées à accumuler des richesses qu'elles oublient leur devoir de travailler au bien-être des populations qui les ont mis au pouvoir.
En conséquence, l'une de leurs principales obsessions est de voir comment user de tous les moyens, légaux comme illégaux, en vue de rester autant que possible au pouvoir.
En Gambie, pays illustratif d'une telle gouvernance, le pourcentage des jeunes qui continuent de périr en mer en tentant d'atteindre l'Europe est extrêmement élevé.
C'est sans doute à cause de la mauvaise politique économique et sociale du régime en place et du cadre de mauvaise gouvernance du pays que les jeunes gambiens ont à peine l'opportunité d'exprimer leur potentiel, d'où leur départ en masse vers l'étranger.
Exemple du mal-vivre en Gambie : récemment une confrontation a opposé pendant près d'une semaine la police et l'opposition gambienne, l'United democratic party (UDP), à cause simplement d'une demande d'autorisation de réunion.
Si le pouvoir ne peut pas obéir à la constitution qu'il a juré de protéger et si les forces de police et de sécurité se laissent instrumentaliser par les tenants du pouvoir jusqu'à bâillonner le peuple qu'elles sont censées protéger, il est alors difficile de voir comment la justice prévaudra dans nos pays.
Cette triste situation est une raison suffisante pour que les jeunes africains perdent confiance en la capacité de leurs gouvernants à leur assurer le droit de jouir de leurs libertés les plus élémentaires dans leur propre pays.
Partant de là, il n'y a pas d'autres moyens de solutionner le problème de l'émigration clandestine que de bonifier la gouvernance en Afrique afin de permettre à tout un chacun de jouir en y participant au développement de son pays.
Le développement comme celui de l'Europe et des USA que nous envions est à ce prix, si nous ne voulons pas continuer d'assister à la domination d'un petit groupe de personnes sur le reste des peuples martyrs d'Afrique.
DAJ/nbd/cat/APA