Après 1988, le Sénégal pourrait connaitre sa deuxième année blanche. Ou du moins c’est ce qui ressort des propos tenus hier, mardi 21 avril, par le président de la République. Macky Sall n’exclut plus une telle éventualité. Même si, le chef de l’Etat s’est empressé de souligner qu’il n’en sera pas ainsi. Car convaincu, dit-il, d’avoir en face de lui des syndicats «conscients de leur rôle historique à défendre l’école sénégalaise». Des syndicats qui pourtant s’arcboutent sur leur positon en poursuivant leur plan d’action de grèves. Macky Sall répondait aux différentes plaidoiries des centrales syndicales, à l’occasion du Conseil présidentiel sur le Plan d’actions du pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (Pnssee).
Va-t-on vers une deuxième année blanche ? En tout cas le Chef de l’Etat n’exclut plus cette éventualité. Macky Sall qui présidait hier, mardi 21 avril, le Conseil présidentiel sur le Plan d’actions du pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (Pnssee), trouve anormal que «des moyens très limités des recettes fiscales ne dépassant pas 1500 milliards, soient consommés à hauteur de 750 milliards, par les seuls fonctionnaires au nombre de 120.000 agents».
Le Chef de l’Etat s’empresse d’ajouter à qui veut l’attendre : «ça ne peut pas continuer». Et de hausser le ton : «il faut qu’ils (les enseignants, Ndlr) le comprennent». «Si, c’est pour ça qu’on va aller en année blanche, on ira en année blanche !», tonne-t-il.
Avant de tempérer : «mais, on n’ira pas en année blanche parce que je crois, qu’en face, nous avons des patriotes qui sont conscients de leur rôle historique à défendre et à préserver l’école sénégalaise. Il ne faut pas dire tant qu’on ne nous donne pas tout, on ne va pas en classe».
«La situation est grave»
«Il faut qu’on dialogue dans le sens de la responsabilité et des possibilités du pays. La situation est très grave. Tous les acteurs sont interpellés. L’Etat a des limites objectives, notamment de moyens et de ressources. Les enseignants sont invités à travailler avec le gouvernement sur les conditions de levée des mots d’ordre de grèves et d’étudier avec nous, les conditions de donner la chance à tous les enfants de ce pays», a souligné le chef de l’Etat.
Macky Sall répondait ainsi aux différentes interpellations des centrales syndicales qui ont fait un grand oral pour inviter les différents acteurs du secteur de l’Education à œuvrer pour un retour de la stabilité dans les écoles.
«Nous devons naviguer dans des équilibres très précaires. Je suis plus que disponible pour aider à sauver l’année. Ce qui doit être impérative pour tout le monde, mais en tenant compte des équilibres de l’Etat. Il faut que nous soyons conscients des limites de notre pays», a-t-il relevé dans son speech. Il n’a manqué non plus manquer de relever le retard de la tenue du Conseil présidentiel sur les Assises nationales de l’éducation et de la formation (Anef) en mentionnant que «la période entre la fin des Assises et la tenue du Conseil présidentiel est consacrée aux évaluations. On ne peut prendre des mesures en Conseil présidentiel sans pour qu’elles soient l’objet d’une évaluation. Il faut mettre la soutenabilité dans l’échéancier des opérations».
Validation des années de vacation : un sacrifice énorme
Rappelant sa ferme conviction d’assoir un dialogue permanant entre acteurs dans un cadre inclusif et participatif, le chef de l’Etat s’est voulu clair sur la validation des années de vacation, de contractualisation et de volontariat : «c’est un sacrifice énorme qui doit être mesuré à sa juste valeur. Au cours de l’année de 2014 qui vient de s’achever, entre le mois de juillet et le mois de mars 2015, l’Etat a déboursé 5 milliards FCfa 400 millions au titre de remboursement des vacataires suite à la valorisation de leurs anciennes années de vacation. En outre, le Gouvernement a pris l’engagement ferme de payer les seuls arriérés qui subsistaient, d’un montant de 1 milliards 600 millions».
«Les efforts qui sont faits sont trop en dessus des moyens du pays. Il est important d’indiquer que nous avons accepté le rappel et de l’intégration des titres des enseignants du corps des vacataires et des contractuels», a-t-il précisé devant les Centrales syndicales.
«Je suis syndicaliste»
«Quelque part, je suis aussi syndicaliste que vous, mais un syndicaliste au service de tout le Peuple. Car, je dois défendre tout le monde: les travailleurs, les paysans, le patronat, tout le monde. Le Patronat, les chômeurs, qui veulent travailler, les agents de santé et les paysans aussi ont des revendications légitimes. Il revient donc à l’Etat d’arbitrer entre toutes ses revendications légitimes», a ajouté le président Sall.
Echanges aigre-doux entre Mademba Sock et Macky Sall
Le secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) estime que le président de la République est le seul garant de la stabilité du climat social scolaire. Pour Mademba Sock, «cette situation ne peut plus perdurer. Nous vous invitons à faire des efforts pour rencontrer les syndicats d’enseignants et faire plus que le gouvernement. Vous ne pouvez plus envoyer des délégataires. Vous n’avez plus le délai et le choix. Jouer votre partition».
Suffisant pour le président de la République apporte son grain de sel sur l’allocution du Secrétaire général de l’Unsas en l’invitant aussi à parler des syndicats d’enseignants pour sur la situation de l’école. «Ce que vous demandez au président de la République, faut le faire aux syndicats d’enseignants. Si vous voulez être juste. On n’est pas sorti du néant. Le gouvernement est le bras armé du président de la République. Il met en œuvre la politique publique. Vous ne pouvez pas créer une dichotomie entre le gouvernement et le président », dixit Macky Sall qui exhorte les syndicats à ne pas être unilatéral devant une situation aussi grave où l’école publique est menacée par la récurrence des grèves au quotidien.
Pour Mamadou Diouf de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa), «il est nécessaire de poser le problème du consensus national au tour de l’école. Les instruments retenus lors des Assises de l’éducation qui peuvent amener une stabilité, ne sont pas appliqués. C’est une urgence. Mais nous avons comme l’impression que le gouvernement ne soit pas conscient de cette urgence depuis que les Assises se sont tenues».
Baïdy Agne du Comité national du patronat (Cnp) embouche la même trompette en déclarant que «l’école publique est le plus grand stabilisateur social qui assure le mieux la promotion sociale. Nous nous proposons en tant que privé de participer aux négociations sur l’enseignement compte tenu de nos performances dans le privé et dans le cadre du tripartisme social».