Le ministère de l’Agriculture et de l'Entrepreneuriat rural (MAER) et les acteurs du secteur tiennent le même langage sur la filière arachide. Elle se porte bien, selon les prix sur le marché, après un retard à l’allumage dans la campagne de commercialisation.
Tout est bien qui finit bien pour la campagne agricole de 2015. ‘‘Elle a été à deux vitesses. Au démarrage, il y avait beaucoup de difficultés car les producteurs n’arrivaient pas à écouler leur production à bon prix, entre 175 et 150 F cfa. La tendance s’est renversée à la fin de la campagne, car au moment où je parle, on ne peut pas avoir l’arachide à moins de 275 F cfa. Ce qui veut dire que le marché est ouvert’’, renseigne le président du cadre de concertation des producteurs d’arachide (CCPA), Ibrahima Niasse. Malgré un hivernage tardif, le bilan de la campagne agricole de 2014-2015 est plutôt positif. C’est ce qui ressort de la rencontre bilan organisée hier par le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural (MAER).
Les différents acteurs de l’agriculture, de la filière arachidière plus particulièrement, ont pu apprécier l’apport des autorités pour pallier une pluviométrie tardive, l’année dernière. ‘‘L’hivernage s’est mal passé, mais grâce au programme d’adaptation mis en place par le ministère de l’Agriculture, nous avons pu inverser la tendance. Les régions vulnérables ont pu obtenir des productions significatives. L’arachide s’est très bien comportée en termes de rendement. La production de cette année tourne autour de 660 000 tonnes. L’objectif global est d’arriver à 1 million de tonnes’’, renseigne le directeur de l’Agriculture Omar Sané. La rencontre organisée pour recueillir les observations et suggestions de l’ensemble du monde rural s’inscrit dans la dynamique d’atteindre les objectifs stratégiques des documents de planification du PSE.
Alors que beaucoup de producteurs s’inquiétaient des prix de vente dérisoires au début de la campagne, la situation actuelle est à leur avantage. ‘‘Présentement, les opérateurs courent même derrière les producteurs. Le prix minimal est de 250 Fcfa. Cela veut dire qu’il n’y a pas de problèmes d’écoulement. Dès qu’on a ouvert le marché, avec l’arrivée des Chinois, le prix a été très rémunérateur pour les producteurs’’, déclare Omar Sané. Une éclaircie économique due aux liquidités injectées par les huiliers et à l’exportation de la production en Chine, Tunisie, au Maroc, Vietnam et Congo. Les producteurs déplorent toutefois que certains opérateurs obligent des producteurs à brader leur produit. ‘‘Tout n’a pas été parfait dans la campagne, mais l’Etat trouve des mécanismes pour contrer ce phénomène. Des mesures fortes sont prises au niveau étatique. On appuie les industriels, les opérateurs. On cherche d’autres débouchés pour le produit’’, se défend le directeur de l’Agriculture.
Compétitivité et financement, les nouveaux défis
Ibrahima Niasse du CCPA pense que les défis liés à l’arachide sont, pour les producteurs, de s’adapter aux exigences du marché. ‘‘Il faut organiser la filière, puisqu’elle est déjà libéralisée. Faire de sorte que le producteur vende son produit avant la récolte, sous forme de contrats ; trouver des acheteurs qui accompagnent la production, comme dans toutes les agricultures modernes. Ce qui veut dire que vous avez un marché et cela facilite l’accès au crédit’’, suggère-t-il, en prenant l’exemple sur le maïs aux Etats-Unis où la production des 5 années à venir est déjà vendue.
Une entreprise d’autant plus difficile que la filière arachide développe une particularité qui lui est propre. ‘‘Sur 14 000 villages sénégalais, 13 000 s’y adonnent, contrairement à la tomate ou au coton dont les zones de production sont limitées’’, ajoute-t-il. Mais pour le président national des opérateurs privés, stockeurs, et transporteurs, El Hadj Tambédou, la priorité est aux financements. ‘‘Il faut que les opérateurs et les huiliers disposent de financements, avant l’ouverture de la campagne de commercialisation. C’est la seule manière d’éviter le bradage dans les points de collecte. Toute autre solution est erronée’’, déclare-t-il. Mais dans l’ensemble, les acteurs se disent satisfaits de la configuration actuelle. Quant au démarrage de la prochaine campagne, le directeur de l’Agriculture se garde de donner une date ou d’en dévoiler les mesures, préférant laisser le soin à l’autorité.