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Lutte contre l’abus et l’exploitation des talibés: Demande de l’application de la loi contre la traite des personnes
Publié le mercredi 22 avril 2015  |  Sud Quotidien
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© Autre presse par DR
Des enfants talibés (les disciples) mendiant dans les rues, au Sénégal




Les organisations Human Rights Watch (Hrw) et la Plateforme pour la promotion et la protection des Droits humains (Ppdh) se sont réunis, hier, lundi 20 avril, à l’occasion de la journée nationale des talibés. Le dernier rapport sur les problèmes des abus et exploitation des talibés a été présenté. Selon ce rapport qui intitulé, « Sénégal une décennie d’abus dans les écoles coraniques », les autorités ont failli à leur responsabilité de poursuivre les auteurs d’abus et de réglementation des écoles». Ainsi, ces deux organisations demandent l’application de la loi 2005 portant sur la traite des personnes.

Le dernier rapport portant sur les problèmes des abus et exploitations des talibés, intitulé: « Sénégal : une décennie d’abus dans les écoles coraniques », souligne que les autorités ont failli à leur responsabilité. Les organisations Human Rights Watch (Hrw) et la Plateforme pour la promotion et la protection des Droits humains (Ppdh), ont présenté hier, jeudi 20 avril, le rapport en question.

D’après Corinne Dufka, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch et chercheuse experte, «des efforts n’ont pas abouti à une réduction des abus associés à ces écoles. Le nombre augmente comme si les souffrances des talibés étaient devenues un angle mort». Ces organisations rappellent qu’il existe une loi votée en 2005 visant à protéger les enfants contre la traite et pratiques assimilées. Le Sénégal n’a porté devant la justice qu’un petit nombre d’affaires concernant le trafic et la mise à la mendicité forcée d’élèves d’écoles coraniques par des maîtres abusifs», ont fait savoir Human Rights Watch (Hrw) et la Plateforme pour la promotion et la protection des Droits humains (Ppdh). Et d’ajouter : «des dizaines de milliers d’enfants sont exposés de subir des sévices et d’être exploités en dépit de cette loi de 2005».

Plus de 30 000 garçons sont soumis à la pratique de la mendicité forcée dans la seule région de Dakar. Dans leur rapport, «au moins 50 000 enfants se trouvent dans des écoles coraniques abusives et fondées sur l’exploitation dans tout le pays», a estimé Human Rights Watch, en 2010.

Selon Mamadou Wane, coordonateur de la Ppdh, «au cours de la dernière décennie, des dizaines de milliers d’enfants ont été exploités sous couvert de l’éducation, battus par leurs prétendus maîtres coraniques et soumis à des conditions de vie déplorables dans les écoles coraniques qui ne devraient être autorisées à fonctionner ». Et d’ajouter : «le signal que donne le gouvernement, en renonçant à enquêter et à traduire en justice les personnes qui commettent ces abus, est que les vies de ces enfants ne valent pas la peine d’être protégées».

En rappelant l’engagement qu’avait pris le Président de la République Macky Sall de fermer les écoles dangereuses et de poursuivre le maître coranique abusif, après l’incendie mortel survenu dans une école coranique à la Médina, en 2013, dans lequel 9 enfants ont péri, n’a pas encore été respecté. En janvier 2015, Human Rights Watch a visité une école coranique située à quelques centaines de mètres du site de l’incendie de 2013, où 30 garçons vivent aujourd’hui dans une petite chambre et dans une situation extrémement précaire», a expliqué Corrine Dufka.

«Les exactions commises par ces prétendus maîtres sont connues par tous»

Les deux organisations ont aussi mis l’accent sur les exactions commises dans les écoles coraniques. Elles ont fait comprendre que les écoles coraniques où sont commis des abus fonctionnent comme « des entreprises à but lucratif». Les hommes qui les dirigent forcent régulièrement leurs élèves à mendier pour rapporter un quota journalier d’argent, ainsi le riz et de sucre qu’ils revendent ensuite, infligeant de sévères châtiments physiques et psychologiques à ceux qui ne parviennent pas à remplir leur quota. En guise de punition les enfants sont souvent enchainés, ligotés et placés de force dans des positions douloureuses». Et de poursuivre : « les conditions de vie et d’hébergement dans les écoles coraniques délinquantes sont exigües et insalubres, et les garçons souffrant de maladies ou de blessures restent souvent sans soins médicaux. Parfois, même les décès ne sont pas signalés. Les garçons soufflent le plus souvent de grave malnutrition, tandis que les longues heures passées dans les rues les exposent aux maladies et aux risques d’être heurté par une voiture ou de subir des exactions physiques et sexuelles ».
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