L’universitaire et sociologue sénégalais Alioune Sall a déclaré, dimanche à Bahir Dar, en Ethiopie, qu’il ''n’existe pas d’antagonisme entre la laïcité et religion'', donnant l'exemple de l'Islam qui reconnait ''plusieurs traditions spirituelles''.
‘’La laïcité a une histoire. Dans le contexte occidental, elle signifie simplement une séparation entre l’église et le pouvoir temporel, donc entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Lorsqu’on regarde les choses entre les valeurs dites de la laïcité et celles dont sont porteuses les religions, il n’y a pas nécessairement d’antagonisme’’,a-t-il dit.
Le directeur exécutif de l’Institut des futurs africains (Afrique du Sud) s’exprimait au deuxième jour de la quatrième édition du Forum de haut niveau de Tana sur la sécurité en Afrique (THLF).
‘’La question du pluralisme qui est au cœur de la démocratie est acceptée dans plusieurs religions. Pour me référer à l’islam en particulier, il est reconnu qu’il y a plusieurs familles religieuses, plusieurs traditions spirituelles’’, a-t-il soutenu.
Le Docteur Sall a expliqué que ''le texte coranique dit clairement: +Vous avez votre religion, nous avons la nôtre°’’.
‘’Il y a une reconnaissance du pluralisme religieux, spirituel etc. Le prosélytisme ne se justifie pas. Le Jihad en islam dont on parle, ce n’est la guerre déclarée aux autres mais plutôt la guerre qu’on fait à soi même pour mériter d’être un bon musulman’’, a souligné le directeur exécutif de l’Institut des futurs africains.
‘’Mais c’est souvent l’Etat qui n‘est pas capable de défendre les groupes défavorisés, qui n’est pas capable d’offrir des alternatives viables et crédibles. Donc ce qu’on appelle la question religieuse est politique’’, a ajouté l’universitaire sénégalais.
L'édition 2015 du Forum de Tana a débuté samedi par un recueillement en hommage aux victimes de Garissa, du nom de cette université kényane où 147 étudiants ont été abattus lors d'une prise d'otages, le 2 avril 2015.
Les présidents Paul Kagamé (Rwanda), Uhuru Kenyatta (Kenya), Ibrahima Boubacar Keïta (Mali), Hassan Sheik Mohamud (Somalie), Yuweri Museveni (Ouganda), Abdiweli Mohamed Ali (Puntland) ont assisté à cette manifestation, de même que le Premier ministre d'Ethiopie Hailemariam Dessagen.
L'édition 2015 du Tana Forum se tient sur le thème "La laïcité et la politisation de la foi". Ses travaux ont débuté par une réflexion sur l'héritage du premier président ghanéen Kwame Nkrumah, père du panafricanisme.