Les lois restrictives sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pénalisent particulièrement les femmes en situation de précarité socio-économique, a déclaré, vendredi à Dakar, le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique qui a plaidé en faveur de l’élargissement de l’avortement médicalisé.
‘’Le Groupe de travail soutient fortement la réforme en cours visant à élargir l’avortement médicalisé aux cas de viol et d’inceste. Cependant même cette proposition de réforme présente des limites, car elle ne prend pas en compte les risques pour la santé mentale de la mère (…)’’, a expliqué son rapporteur Emna Aouij.
Au terme d’une visite du travail de dix jours du Groupe de travail, l’experte de l’ONU a rappelé que l’IGV est interdite aussi bien par le code pénal que la loi sur la santé de la reproduction.
‘’Une femme peut solliciter un avortement médicalisé seulement si sa vie est en danger et les conditions posées dans le code de déontologie exigeant l’avis de trois médecins sont impossibles à réaliser pour la plupart des femmes, notamment les femmes en milieu rural’’, a-t-elle relevé.
’’Les avortements clandestins au Sénégal représenteraient ,selon elle, la cinquième cause de mortalité maternelle’’. Mme Aouij a rappelé que le Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) a fortement désapprouvé les lois qui restreignent l’IVG.
L’article 14 du Protocole de Maputo ratifié par le Sénégal en 2004 oblige les Etats parties à donner accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux filles enceintes suite à un inceste, un viol ou toute autre forme d’agression sexuelle ou lorsque la santé mentale ou physique de la femme ou fille enceinte est en danger ou lorsqu’il y a un risque pour la vie de la femme ou du fœtus.
Chaque année, à l’invitation des gouvernements, le Groupe de travail mène 2 à 3 visites pays. Le Sénégal est le premier pays de l’Afrique subsaharienne à être visité.
Depuis la création de son mandat en 2011, par le Conseil des droits de l’Homme (CDH), le Groupe de travail a visité le Maroc, la Tunisie, la Moldavie, l’Islande, la Chine, le Chili, le Pérou et l’Espagne.