La répartition des fonds de dotation par les services du ministère de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales fâche le maire de la commune de la Médina. Bamba Fall qui soupçonne des logiques partisanes derrière cette répartition, s’étonne que Guédiawaye, avec seulement 5 communes, reçoive 180 millions là où Dakar qui en compte 19 ne perçoit que 160 millions de F CFA. Dans cet entretien accordé à EnQuête, le maire socialiste se demande sur quels critères l’Etat s’est appuyé pour procéder à une telle répartition.
Comment appréciez-vous la répartition des fonds de dotation par les services de l’Etat?
Je suis désagréablement surpris par cette répartition. En tant que maire, on nourrissait beaucoup d’espoir avec la réforme de l’Acte III de la décentralisation. On nous avait vraiment promis des monts et des merveilles en nous disant : vous aurez plus de moyens et plus d’assistance au niveau de l’Etat central. C’est la raison pour laquelle la quasi-totalité des communes ont voté leur budget à partir des prévisions des recettes. Dans l’Acte II de la décentralisation, 2 milliards 100 millions étaient distribués aux 19 communes de Dakar. La commune de la Médina avait chaque année au minimum 161 millions.
Combien avez-vous reçu avec cette répartition ?
Avec la réforme de l’Acte III de la décentralisation, on pensait avoir le double ou le triple de ce que nous recevions d’habitude c'est-à-dire, les 161 millions. Actuellement on se retrouve avec 38 millions, moins du cinquième de la somme que nous recevions habituellement. Si c’est vraiment cela le Sénégal émergent, on est mal barré. Parce qu’au lieu d’avancer, on fait des pas en arrière.
Vous semblez fustiger la réforme de l’Acte III ?
En réalité, l’Acte II est mieux loti que l’Acte III et porte même plus d’espoir que celui-ci. Dans l’Acte II de la décentralisation, on n’avait pas en charge la santé, les écoles et l’urbanisme. Actuellement on a plus de charges et de compétences et moins d’appui alors que dans les textes de la décentralisation, on dit que compétence nouvelle égale ressource nouvelle. Vraiment, c’est un coup de massue que nous venons de recevoir.
Mais quels ont été les critères de répartition de ces fonds ?
C’est là où se situe le principal problème. On devait connaître les critères de répartition au moins. Parce que quand la ville de Dakar a 160 millions au moment où la ville de Pikine et la ville de Guédiawaye ont chacun 180 millions, cela pose problème. J’aimerais bien connaître les critères qui ont permis cette répartition. Parce que si on part du critère de la densité démographique, Pikine est plus peuplé que Dakar mais néanmoins, Dakar est plus peuplé que Guédiawaye. Guédiawaye n’a que cinq communes d’arrondissement au moment où Dakar en a 19.
D’ailleurs en termes de population, Dakar triple ou quadruple la commune de Guédiawaye. Même pour les fonds de concours, la répartition n’est pas claire. Le minimum sur ces fonds, c’est 8 millions. Je ne dis pas que c’est une coïncidence, mais des maires socialistes comme moi et Alioune Ndoye avions eu le minimum, Khalifa Sall a eu 9 millions au moment où Gorée a eu 10 millions, Fass-Colobane et Hann-Bel air qui sont gérés par des militants et des alliés du président de la République ont 10 millions. Vraiment, j’aimerais connaître les critères de répartition. J’espère seulement que ces critères ne sont pas politiques. En tout cas, si c’est le cas, le Sénégal ne mérite pas cela. Les critères doivent s’éloigner de la politique et que seul l’intérêt du Sénégal doit être privilégié.
Soupçonnez-vous des logiques partisanes derrière cette répartition des fonds de dotation ?
On peut le penser. Même si je n’ai pas la certitude. Parce que je n’ai pas encore entendu le ministre parler des critères. Au moment où nous sommes au Sénégal, si nous devons prendre des décisions majeures, il faut privilégier le dialogue et la concertation.
Justement, avez-vous été associé dans l’élaboration des critères de répartition ?
Le gouvernement ne nous a ni invité ni consulté sur la répartition de ces fonds de dotation. On ne nous a pas non plus invités pendant l’élaboration des critères de répartition des fonds de concours ou de dotation. Jusqu’à présent, les lettres officielles que doivent nous envoyer les représentants de l’Etat ne sont pas encore arrivées. On attend toujours. A part un mail qu’on a reçu de l’Association des maires du Sénégal (AMS), nous n’avons reçu aucun document de l’Etat. Nous avons lu la répartition de ces fonds dans les journaux.