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Réduction du mandat présidentiel par voie référendaire, parlementaire ou ...: Macky cherche formule
Publié le jeudi 16 avril 2015  |  Sud Quotidien
Inauguration
© aDakar.com par DF
Inauguration du pont de Kolda par le président de la République
Kolda, le 21 Février 2015 - Le pont Abdoul Diallo, inauguré samedi à Kolda par le président de la République Macky Sall. Le chef de l`État effectue une tournée économique dans les régions sud du Sénégal.




Référendum, voie parlementaire, démission du président de la République et/ou saisine du Conseil constitutionnel pour passer du septennat au quinquennat ! En tout cas, force est d’admettre que l’engagement de Macky Sall de réduire son mandat présidentiel, réitéré avec fermeté lors de sa tournée économique dans le Sine Saloum et contre l’avis de certains de ses propres collaborateurs, est en train de soulever une nouvelle polémique dans le champ politique et au sein de la société civile. Balloté entre argumentaires juridico-juridiques, dispositions constitutionnelles et arguties politiques, le maître du jeu semble en vérité dans les liens d’un engagement irrépressible qui le contraint à trouver rapidement une porte de sortie viable, à défaut de pouvoir faire du « wax waxeet».

Alors que le principe d’une réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans semblait acquis par la voie d’un référendum devant se tenir en mai 2016, Macky Sall a surpris tout son monde lors sa dernière sortie sur la question. Une sortie effectuée à Nioro, dimanche dernier, à l’occasion de sa tournée économique dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick.

Après avoir fait part à ses partisans opposés à une réduction du mandat présidentiel de sa ferme décision de respecter son engagement électoral, le président de la République et chef de file de l’Apr s’est fendu d’un commentaire donnant une nouvelle tournure à la polémique liée au retour du quinquennat. « Il y a un débat de fond pour déterminer les procédures de faisabilité. Ce débat de fond est pris en charge par es spécialistes. Ce n’est pas à moi de choisir la procédure», avait dit le chef de l’Etat. Suffisant pour que des acteurs politiques se dépêchent de lever les boucliers contre une sous-jacente volonté du patron des «Apéristes» de contourner son engagement.

Le député Thierno Bocoum de Rewmi ne passera pas par mille chemins pour voir dans ce recadrage de Macky un jeu politicien. Le Président est « derrière le débat sur la faisabilité du respect de son engagement…Il se pose encore des questions sur cette faisabilité malgré son autre engagement de faire un référendum en 2016 », avait-il fait remarquer dans une sortie à la presse.

Dans la foulée, le député rewmiste s’était investi à démonter les différents arguments brandis par les proches de Macky Sall pour réfuter la prérogative de celui-ci d’écourter son mandat. Tout avait été passé au crible: de l’engagement du Président à respecter et à faire respecter la Constitution à l’argument de la rétroactivité de la loi en passant par le caractère onéreux d’un référendum. En définitive, Thierno Bocoum avait estimé que « la balle est dans le camp du Président qui peut passer par la voie parlementaire, la voie référendaire ou tout simplement démissionner», pour répondre à son engagement de campagne électorale.

Apparemment, Macky Sall ne semble pas s’être encore déterminé pour l’une quelconque de ces voies. A contrario, il a préféré s’en remettre aux spécialistes pour résoudre son dilemme. Des spécialistes dont certains comme le Pr Babacar Guèye et son collègue Pape Demba Sy, voire même le ministre conseiller Ismaïla Madior Fall ont déjà tranché la question, en invitant ouvertement au recours au référendum pour valider la réduction du mandat présidentiel (voir par ailleurs).

La question qui pourrait se poser est alors de se demander si le maître du jeu ne se serait pas laissé embarquer dans des considérations purement économiques pour mettre un bémol à cette voie du référendum ? A l’instar de certains acteurs qui arguent que dépenser huit milliards du contribuable Sénégalais pour un « oui » ou un «non» afin de réduire le mandat présidentiel, à moins d’une année d’une autre consultation populaire (en l’occurrence, la présidentielle de 2017) est purement saugrenu.

Loin d’une telle approche, des membres de la société civile comme Me Demba Ciré Bathily n’ont pas, eux, manqué de faire remarquer que la thèse portant sur la cherté du référendum ne se posait pas. « La République a des exigences et la démocratie a un coût qu’il faut payer à chaque étape importante de sa consolidation et il ne s’agit que de cela ici», avait en effet indiqué l’avocat. Qui plus est, ajouteront certainement les Assisards comme Madièye Mbodji de Yoonu Askan-wi, l’intérêt du référendum est qu’il permettrait de prendre en charge les grandes questions soulevées par les Assises nationales et la Cnri du Pr Amadou Makhtar Mbow.

DEMISSION OU ASSEMBLEE NATIONALE : AUTRES VARIANTES

A défaut d’utiliser la voie référendaire, le maître du jeu pourrait être en ballotage entre la saisine du Conseil constitutionnel (comme suggérée par l’ancien ministre des Sports Daouda Faye dit Vava) et la mise en selle de la représentation parlementaire pour réduire le mandat présidentiel. Seulement, la question à se poser est de savoir si Macky Sall irait jusqu’à démissionner de sa charge présidentielle pour organiser des élections anticipées en 2017 ? Dans ce cas de figure, le bon rôle échoirait certainement à la deuxième personnalité de l’Etat, dans l’ordre protocolaire, qui se trouve être en l’état Moustapha Niasse, le patron de l’Afp. Le président de la République pourrait-il se permettre d’installer à la tête de l’Etat, un des ses anciens adversaires à la magistrature suprême, même si celui-ci s’est presque dilué avec lui, depuis lors, dans la sorte de compagnonnage stratégique tissée entre leurs deux camps ?

Le pari de la démission du Président jugé périlleux, le chemin d’Eden pour la réduction de la durée du mandat ne serait-il pas finalement la voie parlementaire ? Comme le supputent certains acteurs comme l’économiste Kadialy Gassama qui arguent que le Conseil constitutionnel avait déjà donné, en 2010, un avis favorable sur la constitutionnalité de la loi modifiant la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans par le Parlement. Mieux, dans un contexte généralisé de raréfaction des ressources financières, l’utilisation de la voie parlementaire peut permettre de replacer rapidement la durée du mandat dans sa norme originelle de cinq ans, telle que pratiquée depuis la Constitution de 1963 et réaffirmée par le peuple sénégalais en 2001. A Macky Sall, le véritable maître du jeu, de se faire une religion et d’édifier les Sénégalais sur la voie retenue pour réduire le mandat, d’autant plus qu’il n’y aucun obstacle d’ordre constitutionnel, selon les spécialistes, pour ramener le quinquennat au Sénégal !
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