La grève totale de trois jours décrétée par le Grand cadre des enseignants, semble avoir perturbé le bon déroulement des cours dans certains établissements dakarois dont les responsables affirment redouter les répercussions de ces perturbations sur la suite de l’année scolaire.
Au lycée John Kennedy Kennedy, plusieurs élèves errent dans la cour de l'établissement, en fin de matinée, preuve que ce mouvement n'est pas sans effet sur un déroulement correct des cours.
"Hier (mardi), la tendance était de 17 enseignants absents sur 70 attendus", constate la proviseure Fatima Sow Sarr, soulignant que dans ces conditions, "il sera difficile" de terminer les programmes d'enseignement.
Mme Sow a toutefois salué "l'engagement" de certains professeurs qui optent souvent d'accompagner les élèves, au risque de ne pas se conformer au mot d'ordre de grève.
Selon Aboubacar Top, professeur de sciences physiques, affilié au Syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES), le mot d'ordre ''n'est pas très bien suivi'', dans la mesure où les syndicats "ne défendent plus les intérêts des enseignants mais les leurs". Aussi a-t-il fait part de son intention de dispenser ses enseignements.
Assises au milieu de la cour, en face de la salle des professeurs, quatre filles confirment au reporter de l'APS l'absence de leur professeur de mathématiques.
"Nous sommes en classe de Terminal L2, nous devions faire le cours de mathématiques mais le professeur est absent à cause de la grève", disent en chœur Ramatoulaye, Ndèye Dieynaba, Houssèye Fall et Rama.
D'autres élèves de la même classe, trouvées à quelques mètres de la cellule des professeurs de sciences-physiques, font également état de l'absence de leur professeur de français.
Au CEM Blaise Diagne, la grève semble plus ressentie, compte tenu d'une présente plus importante d'élèves dans la cour. Dans la salle des professeurs, seuls deux à trois professeurs sont visibles.
"Nous sommes en grève depuis mardi et nous poursuivrons jusqu'à vendredi. Ici, le mot d'ordre de la grève est suivi par tous les professeurs", assure une professeure de français, affiliée au Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen et du secondaire (CUSEMS).
"J'ai arrêté mes cours hier (mardi) à 10h et aujourd'hui, c'est l'arrêt total. Je ne dispense pas de cours, je suis juste venu pour me connecter sur Internet", confie Amdy Senghor, un autre enseignant affilié au CUSEMS.
M. Senghor rappelle que les revendications du CUSEMS sont notamment liées aux "lenteurs" dans l'application des accords conclus avec le gouvernement, l'alignement de l'indemnité de logement allouée aux enseignants sur les autres corps de la Fonction publique.
El Hadj Idrissa Diop, principal du CEM Blaise Diagne, précise lui que "la grève est suivie à 25%" parce que les professeurs stagiaires "arrivent à pallier l'absence" des titulaires. Dans ces conditions, souligne-t-il, "il faut s'attendre à beaucoup d'échecs lors des examens à venir".
Au lycée Lamine Guèye, la cour semble également moins animée que d'habitude. En attestent les déclarations du proviseur Papa Alioune Diop, affirmant que son établissement fonctionne "à 30% en ce moment".
"Sur une quarantaine de classes, seules 15 ont fonctionné aujourd'hui", précise-t-il, ajoutant qu'une "grande partie des enseignants ne sont pas venus ce matin".
M. Diop dit désapprouver ces grèves qui, selon lui, ont conduit au blocage de son lycée depuis le premier semestre.
"À cause de la rétention des notes, nous sommes bloqués au premier semestre. On ne peut pas tenir un conseil de classe et on ne peut pas procéder à la remise des notes", fait-il savoir.
"Seules les classes de Terminale ont reçu leurs notes de premier semestre", dit-il, notant qu'en dépit des grèves, son lycée n'est "jamais'' totalement à l'arrêt, en raison de "l'engagement de certains enseignants qui accompagnent les élèves en classes de Terminale".