Depuis son mariage, Soda Guèye, 21 ans, semble avoir perdu la raison, au point de poser un acte insensé qui lui a valu hier une condamnation de 7 ans de travaux forcés, en sus du paiement d’un million de francs Cfa de dommages et intérêts.
L’affaire est tellement grave que les débats ont tourné hier autour de la santé mentale de l’accusée Soda Guèye, finalement condamnée à 7 ans de réclusion par la cour d’assises de Saint-Louis, pour tentative d’homicide volontaire. Le 14 septembre 2013 au village de Ndialor, dans la région de Louga, la dame a jeté dans un puits profond de 40 mètres et rempli d’eau le jeune garçon de sa voisine âgé de 4 ans. Au cours de l’audience, les questions n’ont pas manqué quant aux mobiles de Soda Guèye.
D’ailleurs, le deuxième juge d’instruction avait ordonné une expertise psychiatrique faite par Dr Masseck Wade de l’hôpital de Saint-Louis. Le psychiatre a révélé que la dame souffre d’une épilepsie partielle et soutenu que les faits peuvent être en relation avec ses troubles. Il a ajouté que le sujet est accessible à une sanction pénale, mais qu’il devra être soigné. Ces conclusions corroborent les résultats de l’enquête de personnalité faite sur ordre du juge d’instruction, le 1er mars 2014. Il en ressort que Soda Guèye, âgée de 21 ans, n’a suivi aucune éducation de base. Elle a été donnée en mariage, une union dont est né un enfant de sexe féminin. Les pandores de Sagatta ont également appris que suite à cette maternité, elle a attrapé une maladie qui l’a rendue très impulsive.
Ce trouble du comportement l’a contrainte à quitter la maison conjugale pour retourner auprès de sa famille. Soda est donc une jeune femme imprévisible, parfois agressive avec sa fille. Elle ne sortait pas et était méconnue du village. Personne ne la fréquentait. Les enquêteurs ont aussi relevé que sa mère est une déficiente mentale. Des villageois évoquent des problèmes de « rab » (mauvais génies). Ils renseignent que des incendies répétés se sont déclarés dans la maison familiale et de même dans la cellule de Soda à la maison d’arrêt et de correction de Louga. Ces mêmes phénomènes ont été réitérés à la barre. Par contre, l’accusée a été incapable d répondre aux questions de la Cour. Elle a dit qu’elle ne se souvenait de rien.
Le jour des faits, de retour des champs vers 13 heures, la dame Dior Babou a cherché en vain son fils de 4 ans, Abdou Sène. Elle a alerté les voisins qui ont aussitôt organisé des recherches. C’est vers 17 heures que l’enfant a été retrouvé au fond du puits. A l’hôpital, le médecin a diagnostiqué un traumatisme crânien. Interrogé par son père, l’enfant a confié que c’est Soda Guèye qui l’a précipité dans le puits. Vu les relations anciennes qui unissaient les deux familles, on a voulu étouffer l’affaire, mais c’était sans compter avec l’oncle de la victime qui est allée informer les gendarmes de Sagatta.
L’accusée dit être possédée par des esprits
A la barre, l’accusée a déclaré ignorer le motif de son geste. « Depuis mon mariage à Touba, j’ai senti des maux de tête qui me poussent à avoir des comportements bizarres. On m’a amenée voir des marabouts mais je n’ai jamais été à l’hôpital ». Pape Sène, l’homme qui a sorti l’enfant du puits, et le père de la victime se sont appesantis sur les bonnes relations qui unissent les deux familles. Ils ont insisté sur le fait que Soda Guèye a toujours eu un comportement normal avant son mariage.
Par contre, dans son réquisitoire, l’avocat général a relevé le fait que l’accusée est muette comme une carpe sur les faits, mais non sur sa maladie. « Soda a reconnu les faits. La découverte de l’enfant est le fruit de tierce personne et non d’elle. Aucun élément de la procédure ne permet de dire qu’elle était une déficiente mentale au moment des faits. Dans tous les cas, le ministère public estime que l’accusé n’a pas voulu répondre sur les vraies circonstances de cette tentative d’homicide », a soutenu l’avocat général. Il a ensuite demandé à la cour d’écarter le rapport d’expertise qui n’édifie pas sur les dispositions de l’article 50 du code de procédure pénale. En conséquence, il a demandé à la cour de la condamner à 20 ans de travaux forcés.
Les avocats de la défense Mes Sidy Seck, André Békane et Issa Diaw ont plaidé l’acquittement, en soulevant la question de la démence. « Notre cliente a perdu la raison depuis son mariage à Touba. Elle est possédée par des esprits que la science ne peut pas démontrer, mais que seule la compréhension de nos réalités peut permettre de discerner avec exactitude », ont-ils soutenu. La cour l’a finalement déclarée coupable et l’a condamnée à 7 ans de travaux forcés.