Contrairement à ce qu’il avait laissé croire jusque là, le président du Conseil d’administration de Transrail, M. Abbas Jaber, a fait part hier par courrier, aux dirigeants du Sénégal et du Mali, de sa volonté de ne pas quitter le capital de la compagnie de chemin de fer reliant les capitales du Mali et du Sénégal. Les deux pays n’ont plus tellement d’options en mains s’ils veulent rapidement moderniser le chemin de fer commun.
Les responsables en charge des chemins de fer au Mali et au Sénégal n’ont pas encore cessé de se faire tourner en bourrique. A peine M. Abdou Ndéné Sall, le Secrétaire d’Etat au Réseau ferroviaire national a-t-il fini avant-hier de rassurer les différents syndicalistes membres de Transrail, sur d’abord la volonté de l’Etat de pérenniser leur outil de travail et de sauvegarder leur emploi, et ensuite, de payer régulièrement leurs salaires, que le dossier Transrail connaissait un nouveau rebondissement.
Hier, les dirigeants maliens et sénégalais ont reçu une notification officielle de la part de l’actionnaire majoritaire de Transrail, M. Abbas Jaber, qui leur faisait part de sa volonté de rester dans le capital de la société dans tous les cas de figure. En clair, le dirigeant d’Advens leur faisait comprendre qu’il n’était plus question pour lui de partir à l’amiable, comme cela semblait se dessiner ces derniers temps. Ce qui en soi, constitue un gros pied de nez fait aux négociateurs des deux Etats. Et même aux dirigeants.
On se rappelle qu’il n’y a pas longtemps, Abbas Jaber avait été reçu par le Premier ministre et plusieurs de ses ministres. Tous lui avaient réitéré leur souhait de le voir, aussi bien dans le domaine ferroviaire que dans l’huilerie avec la Sunéor, tout mettre en œuvre pour que les entreprises sous sa gestion puissent retrouver leur prospérité, et il avait pris des engagements clairs pour assurer qu’il allait favoriser toutes les mesures tendant à trouver des financements nouveaux pour relancer leurs activités. Les mêmes engagements ont été pris devant Macky Sall au cours d’une rencontre tenue secrète, qui avait suivi celle avec le Premier ministre Dionne. Il s’agissait d’ailleurs, juste d’un rappel des décisions prises à Bamako lors de la rencontre des 13 et 14 mars derniers, qui demandaient la sortie du capital de l’actionnaire majoritaire.
Or, voilà que par ce courrier arrivé hier, M. Abbas Jaber crache sur tout le travail qui avait été accompli ces derniers temps. Néanmoins, des fonctionnaires avec lesquels Le Quotidien a échangé hier ont réaffirmé la volonté de l’Etat du Sénégal, et accessoirement de celui du Mali, de faire sortir du capital de la société le Franco-Libano-Sénégalais.
Ces agents de l’Etat indiquent que le patron d’Advens, dans sa volonté d’en découdre avec les Etats, a oublié de prendre en compte le fait que sa société vient à peine de sortir d’un règlement préventif. Le juge du Tribunal de commerce de Bamako lui avait donné, dans ce cadre, trois ans durant lesquels il échappait à toute action intentée par un quelconque créancier.
L’annonce du refus de transiger est encore toute fraîche pour que l’on sache exactement quelle réponse les deux Etats-parties vont lui donner. Sans doute que cet après-midi, à l’issue de la vidéo-conférence que les acteurs maliens et sénégalais du rail vont tenir entre les deux capitales, on pourra en savoir un peu plus. Néanmoins, au vu de tout ce qui s’était déjà dit à ce jour, on peut déjà imaginer que les dirigeants maliens et sénégalais pourraient recourir à l’arme de la dissolution de Transrail. Etant les garants du règlement préventif, il leur suffirait de s’adresser au Tribunal du commerce de Bamako, ville où se trouve le siège social de Transrail, et de lui demander de procéder à la liquidation de Transrail. Pour un capital de 9 milliards, la société croule sous 27 milliards de dettes, sans compter les difficultés de payer les salaires, les cotisations sociales non reversées,…
Autant dire que si les deux Etats font vraiment preuve de détermination, les jours de Jaber dans les rails du corridor Dakar-Bamako sont comptés.