Une affaire d’escroquerie portant sur une dizaine de milliards divise les deux frères Adnan et Zoher Wazni, respectivement patrons des sociétés Siparco et Siplast.
‘’Le linge sale se lave en famille’’, dit l’adage. Mais, apparemment, les frères Wazni et non moins patrons des célèbres sociétés Siplast et Siparco le méconnaissent. Ils ont choisi la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour laver leur linge sale. Une histoire de milliards a poussé chacun des frères à servir une citation directe à l’autre. Premier à initier une procédure, Adnan Wazni accuse son jeune frère Zoher de l’avoir escroqué à hauteur de 16 milliards 500 millions de francs CFA. Adnan avait confié la gestion des sociétés Siplast et Siparco à son petit frère qui était sous son aile protectrice depuis l’âge de 15 ans. ‘’Mais depuis 1991, il n’a pas versé de dividendes. A maintes reprises, je lui ai demandé de faire la passation de service, mais il a refusé’’, a expliqué le fils de Adnan.
Ainsi, las d’attendre des comptes, Adnan a fini par demander une séparation des deux sociétés. A cet effet, un protocole a été signé entre les deux parties, en 2012. Avec ledit protocole, le prévenu a fini par céder à son grand frère Siparco, ainsi que trois appartements, en échange de ses parts à Siplast. Seulement le vieux Adnan est tombé des nues lorsqu’il a voulu vendre les appartements. Il a découvert qu’il y avait une hypothèque de 10,5 milliards dessus. Idem pour le terrain de Siparco hypothéqué à hauteur de 6 milliards. Ce qui constitue de l’escroquerie aux yeux de Me Mbaye Jacques Ndiaye. Il a reproché au prévenu de n’avoir pas informé son frère au moment de la cession. ‘’Il ne m’a pas posé la question’’, a répliqué Zoher, tout en indiquant qu’il appartenait à Adnan de payer la caution pour la mainlevée de l’hypothèque.
Sur sa lancée, il a déclaré qu’il n’a jamais pris un franc de Siparco. Au contraire, a-t-il dit : ‘’Mon frère avait un salaire mensuel de 5 millions de francs CFA, alors que moi j’ai dû hypothéquer tous mes biens pour surmonter les difficultés’’. Entendu comme témoin, le notaire Aliou Kâ a pris le contre-pied du prévenu concernant certains crédits. Il a affirmé que le seul crédit fait dans le cadre du groupe remonte en 2013.
‘’Le reste, c’est à titre personnel’’, a précisé le notaire. Conforté par ce témoignage, Me Mbaye Jacques Ndiaye a jugé les faits ‘’extrêmement’’ graves. Il a réclamé la somme de 10 milliards à verser à Adnan Wazni et à la Siparco. L’avocat a aussi réclamé 10 millions de dommages et intérêts, en réaction à la citation que Zoher a servie à son client. ‘’Il m’a recopié. Ce n’est pas sérieux et c’est une procédure abusive.’’, a martelé Me Ndiaye. Pour Me Emmanuel Diatta, il s’agit d’une affaire purement civile et que la partie civile a choisi Siparco et les appartements, en connaissance de cause. Délibéré le 7 mai.