Des acteurs de l'école militent pour une politique spécifique de sensibilisation des élèves sur la Santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ), dans le but d'arriver à une éradication du phénomène des grossesses précoces qui prend de plus en plus de l'ampleur dans l'élémentaire et le moyen secondaire.
En visite récemment dans la région de Ziguinchor, dans le cadre d'une "caravane de presse" axée sur l'accès des jeunes aux services de santé de la reproduction et de la planification, des journalistes ont rencontré des acteurs de l'école, des jeunes, des parents d'élèves et des autorités sanitaires qui ont tour à tour plaidé pour un meilleur accès aux informations sanitaires pour les élèves.
"Au niveau du système scolaire nous nous rendons compte qu'il n'y a pas une politique spécifique, ni d'activités phares pour sensibiliser et prendre en compte la SRAJ", a souligné Fatou Cissé Diédhiou, inspectrice de l'enseignement, chargée du Bureau environnement et vie scolaire à l'inspection d'académie de Ziguinchor.
Déplorant l'absence de "politique spécifique" sur cette question, Mme Diédhiou estime qu'une synergie doit être trouvée avec le ministère de la Santé et de l'Action sociale pour des stratégies de sensibilisation et de prévention des grossesses précoces dans les écoles.
"La responsabilité des grossesses précoces dans les établissements scolaires incombe d'abord aux parents mais également à tous les acteurs, à tous les niveaux pour venir à bout du phénomène", a-t-elle déclaré.
"Ce sont des questions tabou mais il faut en parler aux enfants pas pour les pervertir, ni pour les orienter vers les services de planification, mais il faut qu'ils soient informés afin de les protéger contre les abus et les entraves de la vie", a-t-elle soutenu.
"Aujourd'hui, l'inspection d'académie, les autorités déconcentrées, de même que les collectivités locales sont conscientes des nouveaux enjeux et réfléchissent à un projet d'établissement pour prendre en compte d'autres paramètres qui influent sur la performance des élèves", a expliqué Fatou Cissé Diedhiou.
"C'est très compliqué de parler des problèmes de sexualité dans la famille, bien que ce soit le rôle primordial des parents. C'est pourquoi l'école doit aider à informer et à sensibiliser nos enfants sur ces questions", a pour sa part déclaré le président de l'Union régionale des associations de parents d'élèves de Ziguinchor, Ousmane Diémé.
Pour ce faire, "l'inspection médicale des écoles (IME) doit aller au-delà de la simple délivrance des certificats d'arrêt de cours en cas de grossesse pour prendre le problème à bras-le-corps", a-t-il indiqué.
"Il faut ensemble trouver les moyens pour que nos filles évitent les grossesses précoces et restent à l'école", a relevé M. Diémé, faisant état de 150 cas de grossesses répertoriés chez les élèves de différents établissements de Ziguinchor en 2012-2013.
Selon lui, "c'est à partir de la classe de seconde que les filles commencent à se défendre et à échapper aux grossesses à l'école parce qu'elles deviennent plus mâtures".
Avec l'exode rural toutefois, "les grandes filles partent souvent en ville pour travailler, les autres femmes sont mariées et dans les localités où il y a des collèges de proximité, il ne reste que de petites élèves qui entretiennent des relations avec leurs camarades, avec les enseignements ou avec les militaires dans les cantonnements alentour", a-t-il soutenu.
D'après le secrétaire générale de l'Association des parents d'élèves du collège de Tété Diadhiou, Alpha Barry, des stratégies de sensibilisation sont déroulées à l'intention des enseignements pour permettre aux filles de continuer leurs études.
Relevant la complexité de cette question, Barry qui n'approuve pas la politique de la contraception chez les jeunes, a plutôt plaidé pour la promotion des comportements citoyens, ajoutée à un discours adossé sur la morale. La "protection est d'abord moral", a-t-il déclaré.