Dakar - Un magistrat burkinabè a été nommé président du tribunal spécial chargé de juger au Sénégal l’ex-président tchadien Hissène Habré, accusé notamment de "crimes de guerre" et en détention préventive à Dakar depuis juin 2013, a-t-on appris de sources concordantes mardi.
La présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, a nommé pour 10 mois le juge Gberdao Gustave Kam pour présider la cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires, assisté de trois magistrats sénégalais, selon un communiqué de l’UA.
Il s’agit d’Amady Diouf et Moustapha Ba, qui officieront comme juges assesseurs, et Pape Ousmane Diallo comme juge suppléant, a-t-on précisé.
M. Kam, 56 ans, ancien juge au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), est actuellement conseiller technique au ministère burkinabè de la Justice, indique la même source.
Ces nominations ont été confirmées à l’AFP par le tribunal spécial à Dakar et saluées par l’organisation Human Rights Watch (HRW), qui les a qualifiées de "début de la dernière ligne droite avant les audiences", affirmant que le procès "devrait commencer dans trois mois au Sénégal".
Mais une source au sein du tribunal spécial a souligné qu’aucune date n’était encore fixée. "Théoriquement, il doit s’ouvrir cette année. Mais c’est le nouveau président" et son équipe qui devront en décider, a-t-on expliqué.
"Pour la première fois, des juges issus de différents pays africains vont juger, au nom de l’Afrique, des crimes présumés commis par un dirigeant africain contre des victimes africaines", s’est félicité Reed Brody, conseiller juridique pour HRW, dans un communiqué.
Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, date à laquelle il a été renversé par l’actuel président Idriss Deby Itno, a été inculpé de crimes de guerre, crime contre l’humanité et tortures. Depuis sa chute, il vit en exil au Sénégal.
Dakar et l’UA ont signé en décembre 2012 un accord pour la création au Sénégal d’un tribunal spécial en vue de le juger.
L’ex-président Habré a été arrêté le 30 juin 2013 à Dakar puis inculpé le 2 juillet 2013 par le tribunal spécial et placé en détention préventive.
En février, à l’issue de 19 mois d’instruction, il a été renvoyé devant la cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires, les magistrats instructeurs concluant qu’il y avait suffisamment de preuves pour le juger pour crime contre l’humanité, crimes de guerre et torture.
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