L’Etat vient de finaliser une opération d’achat de trois immeubles situés au centre-ville de Dakar. De sources dignes de foi, la transaction s’élève à 18 milliards de francs Cfa et concerne un peu plus de 1 000 mètres carrés ; 1 360 mètres carrés, selon une source proche du dossier. Les trois immeubles en question ont un dénominateur commun. Ils sont tous les trois construits sur le périmètre de sécurité du Palais présidentiel, au 24 Avenue Léopold Sédar Senghor, et appartiennent à la très cotée société d’assurance…AMSA.
Il s’agit de l’immeuble R 9, plus connu sous la dénomination ‘’Immeuble Tunisair’’, du nom de la compagnie de navigation aérienne qui y a élu domicile et de deux autres immeubles, respectivement R 5 et R 6. Selon nos interlocuteurs, aussi bien au niveau de l’Etat que de la société Amsa, il s’agit d’une transaction qui s’est passée le plus normalement possible, inspirée par des raisons de sécurité. Un de nos interlocuteurs ayant requis l’anonymat explique à ce propos : ‘’C’est lors de la dernière visite du Président Obama à Dakar en juin 2013 que la question s’est posée.
A partir du troisième étage de ces immeubles-là, on pouvait, avec des jumelles, savoir tout ce qui se passait dans les appartements du Président. La sécurité américaine a donc attiré l’attention du Sénégal sur la question’’. Mieux, ajoute-t-on, ces immeubles se situent dans un espace où l’on retrouve les services de sécurité du palais, presque en zone militaire ; la Gouvernance du Palais se situant à deux jets de pierre. C’est pourquoi, nous apprend-t-on, l’Etat demande qu’on leur donne les noms des personnes qui vivent dans ces immeubles ; ce, pour vérifier si elles ne sont pas fichées. Toutes choses qui expliquent officiellement l’achat de ces immeubles.
Zones d’ombre…
Si ces arguments brandis à la fois par le gouvernement et sans doute par des personnes ayant des intérêts dans la transaction peuvent avoir leur pertinence, d’autres sources révèlent cependant que tout n’a pas été dit dans cette affaire. Le prix au mètre carré appliqué sur ces immeubles est élevé, si l’on compare avec le prix au centre-ville de Dakar (un million de francs Cfa le mètre carré). Y a-t-il donc anguille sous roche dans cette affaire ? On parle en effet d’appartements cédés en catimini en contrepartie sans qu’EnQuête soit en mesure de fournir la preuve de ces allégations.
Cependant, une source proche d’Amsa Assurances assure que si l’Etat n’était pas actionnaire dans cette société et s’il n’y avait pas des pressions, ces immeubles n’auraient pas été cédés à l’Etat à 18 milliards de francs Cfa, mais beaucoup plus cher. ‘’On n’avait aucun intérêt à le faire, on a presque tordu le bras’’, affirme-t-on. Pour cette source, il ne faut pas seulement prendre en compte la surface au sol, mais aussi la surface bâtie (les appartements et bureaux) qui est de 8 000 mètres carrés. A suivre…