Dakar – Les participants au colloque international de deux jours sur la vie et l’œuvre du critique d’art, syndicaliste et homme politique sénégalais Iba Ndiaye Djadji ont décidé mardi de travailler à la mise en place d’une "fondation d’utilité publique", qui porterait son nom et amplifierait son legs.
"Par-delà la popularisation de ses œuvres, les participants à ce colloque décident ensemble de travailler à la mise en place d’une fondation d’utilité publique, la Fondation Iba Ndiaye Djadji", a déclaré le professeur de philosophie Samba Sy, à la clôture de cette manifestation organisée à l’occasion du 10e anniversaire de la disparition de l'homme.
La cérémonie était présidée par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mary Teuw Niane, qui avait à ses côtés le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Saliou Ndiaye, et d'autres personnalités.
Résumant les travaux de la rencontre, M. Sy a relevé que Iba Ndiaye Djadji, décédé le 10 novembre 2003 à l’âge de 53 ans, "n’est parti qu’en restant". "La tâche de tous ceux qui l’ont connu et aimé consiste à amplifier son legs, pour que les nouvelles générations fassent de lui et de ses semblables des repères solides", a-t-il souligné.
Samba Sy, reprenant la substance des témoignages, a rappelé que Iba Ndiaye Djadji a été "un enseignant consciencieux, un pédagogue averti, un romancier talentueux", et qu’en ses élèves et étudiants, dans ses livres et articles, il a laissé "des traces profondes qui invitent à la lecture, à la discussion, à la méditation".
"Iba trace la voie. Il montre comment faire face au destin, en se servant des ressorts de l’âme humaine, pour affronter l’évanescence du temps, compter pour chaque être humain", a-t-il dit.
Le rapporteur du colloque a souligné que la rencontre a aussi mis en exergue le fait que Iba Ndiaye Djadji a "habité la cité", ne perdant "jamais de vue une valeur bien sénégalaise : l’homme n’est rien sans les siens et doit donc, en toutes circonstances, demeurer disponible pour servir, pour les servir".
Iba Ndiaye Djadji a agi ainsi, "non point sous le mode d’un investissement dont l’artisan attendrait avec anxiété ou fébrilité un retour en termes de plus-value, mais plutôt avec la satisfaction d’avoir été là, d’avoir consenti à faire ce qu’il fallait faire".
Les participants au colloque ont aussi relevé l’engagement d’Iba Ndiaye, qui a été, selon eux, "ce militant totalement dévoué à la cause de libération humaine, un militant à l’engagement sincère, intransigeant dans sa fidélité aux principes de justice, d’équité, de respect du bien commun, aussi soucieux de son autonomie de pensée et d’action que de la liberté de chacun".
"Iba Ndiaye, en ces périodes d’errance et de perplexité, était convaincu que l’engagement a, aujourd’hui comme hier, de la valeur et qu’il ne faut jamais cesser de croire que les hommes peuvent faire converger intelligence et force pour les idéaux de progrès, d’émancipation", a dit Samba Sy dans son rapport.
Il a ajouté qu’une telle visée ne fut pas chez Iba Ndiaye Djadji une simple idée ou un point de vue. "Ce fut un mode d’être et quelque part il sera consumé au service de tous".
Le programme du colloque - organisé par le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES) - consistait en une exposition d’art plastique, avec la participation d’une trentaine d’artistes, à la bibliothèque universitaire, suivie d’une table ronde sur "Iba Ndiaye Djadji, critique d’art", animée par des critiques et artistes.
D’autres panels sur "la dimension humaine de Iba Ndiaye Djadji" le "pédagogue et romancier", le "militant" et la dimension internationale de l'homme ont occupé les participants.
Iba Ndiaye Djadji est décédé le 10 novembre 2003 à l’âge de 53 ans. Docteur d’Etat, il a soutenu à la Sorbonne (France) une thèse sur la critique d’art en Afrique.
Il a été membre de l'Association internationale des critiques d'art, président des colloques et membre du Conseil scientifique de la Biennale de l'Art africain contemporain Dak'Art, vice-président de la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques (FMTS).
Il est l’auteur de plusieurs articles sur l'esthétique, l'art africain, les cultures, l'art et la science, l'éducation, la critique d'art, dans des revues universitaires et spécialisées : Ethiopiques, Liens-ENS, Annales USL, Convergences, Présence africaine...
Son roman posthume, "Mouchoir de femme, ou quand le Sénégal bat la France" (Presse universitaires de Dakar, octobre 2013), a été présenté aux participants du colloque.