Le bras de fer opposant l’homme d’affaires Khalifatoulaye Coulibaly à Aïda Ndiongue a atterri hierdevant la Cour d’appel de Dakar. M. Coulibaly qui n’avait récolté que la somme de 30 000 francs demande aux juges de lui octroyer la somme de 20 millions au titre de dommages et intérêts.
Recevoir une gifle ‘’retentissante’’ et ne bénéficier que de la somme de 30 000 francs CFA, en guise de dommages et intérêts. Le coup est trop dur pour Khalifatoulaye Coulibaly. Jugeant dérisoire ce montant que doit lui allouer Aïda Ndiongue, le représentant de la Compagnie générale de sécurité européenne zone Afrique (CGSE) a fait appel de la décision du juge correctionnel rendue le 7 octobre dernier. Le juge avait condamné la responsable libérale à une amende ferme de 20 000 francs CFA pour violences et voies de faits. L’appel portant uniquement sur les intérêts civils, Me Assane Dioma Ndiaye a réclamé hier la somme de 20 millions de francs CFA. L’avocat estime que le montant alloué par le premier juge ne peut même pas servir de transport. Mieux, Me Ndiaye considère qu’en réformant la décision, la Cour rendra M. Coulibaly dans son honneur. ‘’Il a été déshonoré. Car, tous ses enfants savent qu’il a été giflé par une femme’’, a argué Me Ndiaye.
Mais la défense a trouvé exorbitante la somme réclamée par la partie civile. ‘’L’honneur d’un homme ne se répare pas par des espèces sonnantes et trébuchantes, mais par la grandeur’’, a martelé Me Mbaye Jacques Ndiaye à l’entame de sa plaidoirie. Avant de s’exclamer : ‘’Pour une gifle, sans certificat médical ni éraflure ni ordonnance, on réclame 20 millions !’’ Son confrère Me Ibrahima Ndiaye a abondé dans le même sens. Pour lui, si tant est que la partie civile voulait rétablir son honneur, il allait réclamer le franc symbolique. Aux yeux de l’avocat, M. Coulibaly veut battre monnaie. ‘’Votre Cour n’est pas la Lonase. Il a entendu les milliards et il a voulu s’enrichir’’, a-t-il lancé, tout en ajoutant que les 30 000 francs que lui a accordé le tribunal correctionnel sont largement satisfaisants. ‘’Le tribunal a été même trop généreux. Etre giflé par une dame aux mains de velours et vous voulez plus’’, a renchéri Me Abdou Dialy Kane. A l’image de ses confrères, l’avocat a soutenu que Coulibaly pensait pouvoir s’enrichir sur le dos de leur cliente, du fait qu’il est utilisé par l’Etat, dans le cadre du dossier des produits sanitaires. ‘’Je vous plains. Cessez de persécuter cette dame, car vous n’y gagnerez rien’’, a asséné Me Kane au prévenu.
Cependant, le représentant du parquet général n’a pas apprécié que la défense ait minimisé l’acte commis par la prévenue. Pour lui, par la gifle commise dans les locaux de la gendarmerie, c’est un coup qui a été porté à la crédibilité du système judiciaire. Mieux, il a déploré le fait qu’Aïda Ndiongue n’ait pas présenté ses excuses à la barre. En fait, interrogée sur les faits, l’ex-sénatrice libérale a déclaré ouvertement aux juges avoir donné une gifle ‘’retentissante’’ à Coulibaly. C’était lors de leur confrontation à la Section de recherches dans le cadre de l’enquête sur le présumé détournement au plan Jaxaay. ‘’Lors de l’interrogatoire, il m’a traitée de voleuse’’, s’est justifiée la prévenue qui accuse la partie civile de s’acharner sur elle. ‘’Même durant mon procès, je le vois au fond de la salle en train de faire des incantations’’, a ajouté la responsable libérale.
Cependant, Coulibaly a nié l’avoir traitée de voleuse. ‘’J’ai juste dit que je ne suis pas venu pour voler mon pays, mais pour investir. Elle m’a demandé si c’est elle que je traitais de voleuse et je lui ai dit non’’, a narré la partie civile. La suite, a-t-il raconté : ‘’Elle s’est levée d’un coup. Pan ! Elle m’a giflé et a insulté ma mère.’’ A l’en croire, les gendarmes l’ont dissuadé de ne pas porter plainte. L’origine de leur différend tient à un produit antiseptique qu’Aïda Ndiongue soutient avoir acquis auprès d’un fournisseur établi dans les Niayes.
Tandis que Coulibaly affirme être le fournisseur exclusif du produit au Sénégal. ’’Nos produits sont garantis et homologués. Même les emballages, nous les retirons, car en cas de problèmes environnementaux, on nous retire l’exclusivité’’, a soutenu l’homme d’affaires, tout en accusant Aïda Ndiongue d’avoir vendu le produit à un prix exorbitant. Autant d’arguments battus en brèche par la dame et ses avocats qui ont déclaré le produit cancérigène.
Verdict 13 mai.