La précampagne électorale en vue de la présidentielle de 2017 aurait-elle été déjà lancée au Sénégal ? Tout porte à le croire. En effet, à mois de deux années de la tenue de cette prochaine consultation électorale, le compte à rebours semble déjà démarré au niveau de la plupart des grandes formations politiques du sérail. De l’Apr du chef de l’État en passant par le Pds de Me Abdoulaye Wade, le Ps d’Ousmane Tanor Dieng ou autre Rewmi d’Idrissa Seck, c’est le même constat au niveau des états-majors. La course à la massification et à la réorganisation est déclenchée. Trois années après l’élection de Macky Sall à la magistrature suprême, revoilà le Sénégal de nouveau engagé, même si c’est officieux (puisque le ministre de l’Intérieur n’a pas encore donné son feu vert) dans une précampagne pour une autre élection présidentielle. Un départ lancé avant le coup d’envoi !
En effet, pour ce qui est du chef de l’État et de son parti, l’Alliance pour la République (Apr), le compte à rebours de 2017 est déjà déclenché. Ainsi, bien que Macky Sall n’ait pas encore déclaré officiellement sa candidature pour un second mandat et en perspective de la présidentielle de 2017, le parti présidentiel semble être déjà dans le tempo d’une précampagne électorale. À Dakar comme à l’intérieur du pays, le travail des responsables apéristes sur le terrain s’illustre par des débauchages et des ralliements tous azimuts des responsables et militants des partis adverses.
Dernière en date : la transhumance avec armes et barrages vers les prairies « marron » de l’Apr de Sitor Ndour de l’Elan, de l’ex-maire de Kolda et ministre libéral Bécaye Diop, du député de Mbour Khadim Thabet et de certains maires dudit département. À cela s’ajoute également la multiplication forcenée, ces derniers jours, des mouvements de soutien à la réélection du candidat de l’Apr. Des mouvements créés, à gauche et à droite, un peu partout à travers le pays, du genre Cofem (Convergence des femmes machyistes). Et pour ne point être en reste dans cette sorte de ruée générale vers 2017, le chef de l’Etat profitait de la reprise, depuis quelque temps, de ses tournées à l’intérieur du pays, rebaptisées «tournées économiques du chef de l’État» et intervenant dans la foulée des conseils des ministres décentralisés pour pêcher de potentielles voix et courtiser des porteurs de voix du camp adverse comme allié.
Nonobstant l’Afp de Moustapha Niasse dont le parti est au bord de l’implosion après sa décision due l’instance dirigeante de soutenir Macky Sall en 2017, la fronde de certains de ses principaux responsables dont Malick Gackou, l’ancien dauphin du patron, et l’exclusion de ceux-ci de la formation progressiste
RE-MOBILISATION DU PDS, AU GRE DE LA TRAQUE
Dans ce jeu de dupes enrobé sous un épais écran de fumée qui ne trompe cependant personne, les autres formations politiques n’ont pas manqué de jouer eux aussi leur partition. L’ancien parti au pouvoir et actuel principal parti de l’opposition, le Parti démocratique sénégalais (Pds), en léthargie depuis sa double défaite en 2012 (lors de la présidentielle et des législatives), s’est réveillé enfin du profond sommeil dans lequel il était plongé. Même si c’est sous le coup d’une rhétorique de combat qui semble plus le desservir : la guerre contre la traque des biens dits mal acquis et pour la libération de Karim Wade.
Depuis le retour de France de son secrétaire général national, Abdoulaye Wade, ancien président de la République pour porter le combat en vue de la libération de son fils, les libéraux n’ont de cesse de multiplier les actions politiques pour obtenir l’élargissement de leurs camarades détenus par Dame Justice, particulièrement Karim Wade. La bataille pour la libération de ces membres du parti considérés comme des prisonniers politiques a finalement plongé cette formation dans une situation de précampagne explicite. En perspective du verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et pilotage de l’ancien chef d’État, le comité directeur du Pds a organisé des primaires en vue de choisir le candidat libéral pour la présidentielle de 2017.
Cette opération s’est soldée le 21 mars dernier, veille de sa condamnation à 06 ans de prison ferme et 138 milliards d’amendes, par la désignation de Karim Wade comme candidat du Pds en 2017, lors d’une réunion du bureau politique transformé par la suite en congrès extraordinaire. Le seul hic pour le Pds est que ce choix risque de saborder l’assise électorale du parti, puisque beaucoup de pontes libéraux sont opposés à l’appel à candidature et son aboutissement. Souleymane Ndéné Ndiaye, l’ancien Pm de Wade, a ainsi coupé les ponts avant-hier seulement, avec son ancien parti pour déclarer sa candidature à la prochaine présidentielle, sous sa propre bannière. Une scission qui ne semble cependant en rien ébranler le Pape du Sopi qui envisage une tournée nationale avec les membres du comité directeur du Pds, à partir de mi-avril, pour relancer la ferveur libérale dans certains ex-bastions dont Saint-Louis et Touba.
REWMI ET PS EN EMBUSCADE
Avec un score de 7,86 % lors de la dernière présidentielle de 2012, le Rewmi d’Idrissa Seck n’entend pas se laisser distancer dans cette guerre sous-marine de massification des partis en vue de la présidentielle de 2017. Premier parmi les souteneurs de l’actuel chef de l’État, lors du second tour de la présidentielle de 2012 à quitter la barque Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), Idrissa Seck s’est lancé avec ses camarades, depuis bientôt deux années, dans une véritable opération de charme à l’intérieur du pays à travers une tournée nationale dite d’explication auprès des militants. Une opération en profondeur qui s’est soldée par des vagues de ralliements à Rewmi dont l’ambition a été toujours manifeste de présider aux destinées du Sénégal, voire de déloger du palais présidentiel Macky Sall. A preuve, le lancement au mois d’août 2014 du conseil d’administration du Sénégal 2017 (Ca 2017), pratiquement mort dans l’œuf en raison du faible engouement manifesté par ceux qui devaient en composer théoriquement le nombril, à savoir Khalifa Sall du Ps et autre Abdoulaye Baldé de l’Ucs.
Une autre formation politique déjà en ordre de bataille en perspective de cette présidentielle de 217 est bien le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng. Membre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), la formation des Verts de Colobane a fini de se mettre lui-aussi dans cette ambiance de précampagne électorale. Outre la réorganisation de ses instances dirigeantes avec comme conséquence directe la tenue régulière des réunions du bureau politique et de tous ses autres organes, son secrétaire général s’est lancé lui-aussi dans une opération de remobilisation des troupes après avoir déclaré clairement que le Ps aura son candidat en 2017.
Bénéficiant d’un des appareils de parti les plus structurés du champ politique, d’un fidèle électorat même s’il s’amenuise d’élection en élection, le Ps entend briguer encore une fois, comme dans toutes les consultations électorales organisées au Sénégal avant et après les indépendances, les suffrages des gorgorlus sous sa bannière propre. Sans compromission de sa candidature. Mais deux années avant la prochaine présidentielle, le nom du porte-étendard du parti n’est toujours pas encore la chose la mieux partagée. Quid d’Ousmane Tanor Dieng (que certains disent vouloir passer le flambeau), Khalifa Sall (maître de Dakar et jeune loup aux dents longues), voire …Mamadou Lamine Loum, un candidat de compromis, pour porter le guimb vert !