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Transhumance politique: L’Apr dans la continuité
Publié le mercredi 1 avril 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Le président Macky Sall chez Bécaye Diop pour présenter ses condoléances
Kolda, le 23 Février 2015 - Le président de la République Macky Sall s`est rendu chez l`ancien ministre de l`intérieur Bécaye Diop pour lui présenter ses condoléances après le décès de sa maman. Le chef de l`État est en tournée économique dans la partie sud du pays.




Macky Sall s’est fait le héraut de la rupture durant la campagne électorale et a continué de le clamer durant ses trois ans de gestion. Mais les réalités du terrain ont vite triomphé des principes d’ordre général. Le parti au pouvoir prêche la transhumance à outrance, comme il est d’usage. La politique autrement n’est pas pour demain.



‘‘Je demeure convaincu que l’engagement politique peut s’accommoder de l’éthique, de la morale et de la loyauté’’, disait Macky Sall lors de son discours d’investiture. Le temps de cet idéal semble bien révolu avec l’adhésion en masse de responsables et militants issus d’autres partis. Le phénomène n’est pas nouveau, mais l’offensive de taille lancée par des ministres du parti au pouvoir la semaine passée remet au goût du jour la question de la transhumance politique. Alors que le Pds n’a pas fini d’accuser le coup de l’affaire Karim, Bécaye Diop, ancien ministre des Forces Armées, annonce son ralliement à l’Apr. Une onde de choc qui n’est pourtant que la suite logique d’autres défections dans les rangs libéraux. La semaine passée, Me Oumar Youm, porte-parole du Gouvernement, débauchait deux anciens députés libéraux et deux maires à Mbour, dont l’édile de la ville Ousmane Guèye. Mais ce dernier a apporté un démenti nuancé après cette annonce. ‘‘Mes convictions politiques ne me permettent pas de transhumer dans ce parti. Si je devais soutenir le président, ce serait par la création d’un mouvement’’, déclare-t-il.

Matar Ba, ministre des Sports, décrochait la timbale avec la défection de Sitor Ndour du parti libéral à Fatick. L’ancien directeur du Coud a fait plus que transhumer si l’on se fie à ses propos ‘‘ Elan seyna biir Apr’’. C’est une dissolution totale de son mouvement qu’il annonce avec comme objectif d’élire Macky ‘‘avec plus de 90% dans la région de Fatick’’, faisait-il savoir lors du meeting de ralliement. Avant lui, l’ancien ministre et directeur de cabinet politique sous Wade, Abdou Fall, s’y était déjà engagé. Des politiciens (adverses) naguère promis au bûcher, sont subitement en odeur de sainteté avec le parti au pouvoir. De même qu’Awa Ndiaye épinglée par un audit de l’Armp, le professeur Moustapha Sourang, Adama Ba, Khoureychi Thiam, Seydou Diouf, Me Nafissatou Cissé, Youssou Diagne… Une véritable saignée pour l’opposition et le Pds plus particulièrement.

Continuité politique.

Ce phénomène, qui n’a rien à voir avec le ‘crossover’ américain où un démocrate peut voter républicain, et vice-versa s’il s’identifie au programme du parti adverse, prend de la consistance. L’Alliance pour la République (Apr) profite du contexte politique très défavorable aux partis de l’opposition pour se massifier. La stratégie du parti au pouvoir est particulièrement payante contre son irréductible adversaire politique, le Pds. Le parti d’Abdoulaye Wade se dégarnit. En procédant de la sorte, le chef de l’Apr qui prônait la rupture s’inscrit dans la continuité et fait le vide autour de lui.

Non seulement des ‘opposants passifs’ sont maintenus dans la coalition présidentielle (BBY), mais l’opposition active est de plus en plus évidée de sa substantifique moelle. Un surpoids politique qui rassure et galvanise les responsables du parti. L’avertissement du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye de mettre fin au compagnonnage avec les alliés actuels et ‘‘futurs adversaires de 2017’’, apparaît comme le signe d’une formation assez sûre de sa force pour aller au clash avec ses partenaires indécis. ‘‘Il faut qu’ils sortent de l’ombre et que l’Apr en tire toutes les conséquences’’, déclarait-il lors du forum des jeunes de Dalifort.

Le risque de dépréciation de la cote des hommes politiques aux yeux de l’opinion explique la réticence de certains républicains. Ce d’autant plus que l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, et son discours sur la rupture, étaient perçus comme l’avènement d’une nouvelle manière de faire la politique. Pour le moment, l’Alliance pour la République a le vent en poupe et compte bien en profiter.
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