Si le pouvoir compte s’appuyer sur le Plan Sénégal émergent (PSE) pour se développer, de nombreux partis alliés affichent leur scepticisme. C’est le cas de la Ligue démocratique (LD) qui cherche en vain des réponses à ses multiples questions.
''Lorsqu’on nous parle d’émergence, de quelle émergence nous parle-t-on ?'' s'est demandé Mamadou Ndoye, secrétaire général de la LD, à l'occasion du Forum des jeunes de son parti. ''Nous avons observé des pays qui ont développé l’émergence, sans aucune avancée significative. Est-ce que c’est cette émergence-là que nous voulons ? Ou voulons-nous d’une émergence qui allège les pauvres ?'' a poursuivi le responsable.
L’économiste Serigne Ousmane Bèye dira qu'il ''n’y a pas une bonne visibilité de l’orientation politique économique du Sénégal''. Car, a expliqué ce membre du Bureau politique du Parti socialiste (PS), pour se développer, il faut d’abord définir ''la doctrine sur laquelle s’adosse ce plan''. ''On ne peut aller ensemble et que chacun tire de son côté'', a-t-il dit. L’autre condition, a-t-il poursuivi, c’est de ‘''consommer ce que l’on produit''.
Serigne Ousmane Bèye constate pour s’en désoler que ''tous les produits manufacturés sont importés''. Un avis largement partagé par son collègue Mame Birame Diouf pour qui ''le Sénégal se situe dans une situation malsaine'' qui ne lui permet pas de prétendre au développement.
Comme ''signe avant-coureur'', l’économiste a cité la campagne agricole de cette année. ''Nous produisons de l’arachide, mais nous ne pouvons pas la commercialiser'', a-t-il déploré. L’autre aspect qui, selon le cadre de l’AFP, pourrait plomber le développement du Sénégal, c'est la décision de l’État de mécaniser son agriculture. Un choix qui, d’après lui, va augmenter le taux chômage. Toutefois, Amacodou Diouf, patron du CONGAD, a estimé qu'il faut bien faire un choix, si on veut prétendre à l’émergence. Car, l’agriculture traditionnelle ne peut pas développer le Sénégal.
DIVERGENCE AU SEIN DE LA MAJORITÉ
L’absence d’espace de dialogue, la racine du mal
Si des divergences sont souvent notées au sein de la mouvance présidentielle, c’est en partie à cause de l’absence d’un cadre de concertation. C’est en tout cas l'avis de Mamadou Ndoye, patron de la LD. ''C’est vrai que Benno Bokk Yaakaar existe, mais nous n’avons pas d’espace de dialogue.
Nous n’avons pas d’espace de construction commune'', dit ''Mendoza''. ''Alors il faut bien créer un cadre informel'' pour discuter. Une remarque que le député Zator Mbaye relativise. Pour ce responsable de l’Alliance des forces de progrès (AFP), il existe bien un cadre de dialogue que constituent le ''Conseil des ministres et l’Assemblée nationale''. ''Non'', rectifie Abdoulaye Élimane Kane.
''Lorsque les députés de BBY se réunissent, c’est pour voter des lois. Cela ne veut pas dire qu’il y a concertation.'' L’ancien ministre pense qu’il faut discuter de certaines questions d’intérêt national dans un cadre beaucoup plus large et moins institutionnel.