Les figures historiques sénégalaises doivent devenir des "paradigmes" capables d'inspirer la conduite quotidienne des citoyens, afin qu'ils soient mieux armés face à la "complexité" du monde, a soutenu le philosophe sénégalais Mamoussé Diagne.
Le Sénégal peut compter sur "un certain nombre de figures qui ne devaient pas être considérées comme des figures historiques, mais c’est des paradigmes à partir desquels il est possible de régler sa conduite, parce qu’une valeur, ce n’est pas seulement quelque chose qu’on recopie ou quelque chose qu’on applique", a-t-il déclaré dans une interview parue dans l’édition de lundi du quotidien Le Populaire.
La valeur est une "chose sur quoi on se règle, c’est la norme à partir de laquelle il est possible de bâtir un comportement, et c’est cela malheureusement qui fait défaut de plus en plus, aujourd’hui, au profit d’autres types de comportements qui font que l’individu met en scène sa réussite sociale, met en avant ses biens, le bien-être, plutôt que de se bien comporter", a ajouté cet enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
"Très compliquée cette société sénégalaise. Et de toute façon, pas que la société sénégalaise, parce que le monde est devenu un monde de la complexité", a répondu M. Diagne, premier Sénégalais agrégé de philosophie, à une question relative à l’état actuel de la société sénégalaise.
S’agissant du rapport aux valeurs, "ce que l’on constatait, c’est une sorte d’inquiétude face à des lignes de forces qui permettaient, dans les sociétés traditionnelles, aux gens de s’orienter de la vie jusqu’à la mort parce que c’était suffisamment balisé", a indiqué Mamoussé Diagne, dont la thèse de doctorat, soutenue en novembre 2003, portait sur "Civilisations de l'oralité et pratiques discursives en Afrique".
"Aujourd’hui, avec ce qu’on appelle la mondialisation ou la globalisation, avec ce désarroi, les gens s’interrogent et se tournent vers des improbabilités, ils survivent pour ainsi dire sur le plan éthique. C’est ça qui est grave", a-t-il soutenu.