L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) occupe de nouveau l’actualité. Il soulève le débat sur les procédures de recevabilité des dossiers des personnes assujetties à la déclaration de patrimoine.
Au mois de février dernier, la présidente de l’Ofnac, Mme Nafi Ngom Keita, évoquait l’état d’avancement du dossier sur la déclaration de patrimoine, en ces termes : ‘’Plus de 130 plaintes et dénonciations anonymes ont été reçues et sont en cours de traitement’’. Elle ajoutait : ‘’Plusieurs missions d’enquête ont été diligentées et sont, pour l’essentiel, tirées de l’exploitation des plaintes. Certaines sont déjà bouclées’’. Des déclarations faites lors d’un atelier de planification des actions stratégiques de l’Office qui couvre la période 2015-2017.
Interpellée hier sur le débat qui agite l’espace médiatique, Madame Nafy Ngom Keita, la dame de l’Ofnac, a fait preuve de réserve. ‘’Je communiquerai au moment opportun. Sachez que le processus suit son cours normal. Il n’y a aucun problème noté à notre niveau. Je n’ai pas d’autres informations à donner’’. Pour autant, l’institution qu’elle dirige est en train d’essuyer des critiques relatives à sa politique de communication, laquelle serait à l’origine de certaines lenteurs dans le traitement des dossiers. Si des ministres et hauts fonctionnaires de l’Etat se sont soumis à cette exigence de l’Etat, la plupart des déclarants ont vu leurs dossiers rejetés, faute de pièces justificatives.
‘’C’est une première au Sénégal. Tous les ministres sans exception se sont exécutés. Ils ont déclaré leur patrimoine conformément à la loi. Car, c’est une exigence démocratique. Toutes les déclarations ont été faites. Mais la plupart des dossiers n’ont pas été acceptés. Un complément d’informations nous a été exigé. Les déclarants ont exprimé leur volonté de remplir toutes les formalités, mais le problème actuel se situe au niveau de l’Ofnac’’, croit savoir Youssou Touré, le président du conseil d’administration de la Bhs.
Il fait partie des fonctionnaires astreints à cet exercice qui butent encore sur des obstacles pour se conformer à la loi. ‘’Nous faisons face à des questions de procédures que nous ne maîtrisons pas. Il nous est très difficile de fournir des pièces justificatives, car cela n’est pas ancré dans nos cultures. C’est une innovation, une nouveauté qui ne nous facilite pas la tâche’’.
Des pièces justificatives qui, loin d’apporter des éclaircies, semblent brouiller des esprits. ‘’Nous aimerions que les procédures soient plus souples’’. Si pour M Youssou Touré, l’Ofnac répond aux exigences démocratiques, la présidente est appelée à revoir sa stratégie de communication. Et d’ajouter : ‘’Elle doit s’entourer de discrétion et de retenue’’. En d’autres termes, pour M Youssou Touré, Mme Nafi Ngom Keita n’a pas besoin d’incursion dans le débat politico-médiatique. Car, croit-il savoir, Mme Nafy Ngom Keita dispose de l’insigne honneur de saisine et d’auto-saisine en cas de violations des règles de transparence. Ses sorties et déclarations publiques doivent cesser en raison du caractère sensible de ce dossier.
Par ailleurs, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) avait continué à recevoir des déclarations de patrimoine, après le 31 décembre dernier, date limite pour le dépôt des dossiers.