L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a célébré, hier, la disparition de son parrain, qui continue d’exercer une fascination chez des étudiants et chez des universitaires. Au temple du savoir, des voix s’élèvent pour exiger une commémoration plus populaire.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a commémoré, hier, son parrain. Des extraits de ses ouvrages, ses citations touchant divers domaines des sciences, ses photographies prises à Dakar et aussi en France sont à l’honneur au hall de la grande bibliothèque universitaire de Dakar. Hier, au temple du savoir, des étudiants, des professeurs comme des visiteurs parlent avec admiration de cet illustre scientifique de renommée internationale. « Il était un grand savant. C’est lui qui a donné un peu de confiance aux Africains. Il a contribué à la restauration de la dignité de l’homme noir », soutient Basile Tidiane Diabang, professeur en Organisation des entreprises dans un institut privé de la place. Basile, comme des centaines d’étudiants et certainement d’Africains, a entendu parler de sa thèse mémorable pour ne pas dire révolutionnaire. « Du point de vue historique, il a démontré, de façon scientifique, que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Parce que l’homme noir y est apparu pour la première fois », déclare M. Diabang, avant d’affirmer que d’après les enseignements du chercheur disparu, les Africains sont en mesure de revendiquer leur richesse culturelle.
De temps en temps, on croise dans le temple du savoir des pensionnaires qui ne se rappellent pas de sa date de disparition. C’est donc, à juste raison, que d’autres plaident pour une vulgarisation de ses enseignements et de ses principes. Etudiante en Licence, Fatima Clarisse Sarr parle de l’intérêt à vulgariser les enseignements de l’enfant de Thieytou, son village natal. Son camarade Abdou Cheikh Samba inscrit en Master II option Economie bancaire et Finance quantitative, souhaite que l’on confère une dimension plus populaire à la commémoration de l’universitaire. « Le 7 février de chaque année doit avoir un écho sur le plan national. Nous devons beaucoup à Cheikh Anta Diop. C’est lui qui disait : ‘‘Armez-vous de savoir jusqu’aux dents’’. Il a montré que la connaissance est la première richesse de l’homme. Ce qu’il a dit par rapport à l’origine de l’humanité, personne ne l’a démenti jusqu’à nos jours », se souvient le jeune étudiant.
L’étudiant inscrit en Economie est d’avis que l’ex-secrétaire général du Rassemblement national démocratique (Rnd) fut le 6ème savant du monde de son époque. « Cet anthropologue a monté de sa main, avec le soutien d’un collaborateur, les pièces qui constituent aujourd’hui le laboratoire radiocarbone (Carbone 14) de l'Institut fondamental d'Afrique noire (Ifan) », avance l’étudiant. Un autre interlocuteur demande à ce que les étudiants et les élèves cherchent à mieux connaître l’érudit et surtout qu’ils incarnent ses idéaux. Mahamoud Ahmadou est un étudiant originaire du Mali. Lui aussi ne manque pas d’éloges à l’égard du « pharaon ». Trouvé à l’intérieur de la bibliothèque universitaire en train de parcourir les tableaux d’exposition, il est convaincu que Cheikh Anta Diop a contribué, par ses travaux, au rayonnement intellectuel de l’Afrique. « Lorsque j’étais en classe de terminale, j’ai préparé un exposé sur la pensée africaine. Je me suis rendu compte qu’il était un grand chercheur », confesse cet étudiant en Gestion juridique des affaires. Pour sa part, Fatima Oumar Ann, étudiante en 1ère année, retient que Cheikh Anta mérite plus d’attention de notre part. Rappelé à Dieu le 7 février 1986 à Dakar, il a été enterré dans son village natal.