ACTE 3 - Après une audience avec le Président Macky Sall sur la suppression de leurs entités : Les présidents de région engagent «la réforme de la réforme»
Au sortir de leur audience avec le chef de l’Etat lors de laquelle la suppression des régions a été au cœur des discussions, les Pcr ont livré hier au cours d’un point de presse les grandes lignes de l’entretien qui a duré près de 15 tours d’horloge (8H-22H). Une démarche qui vise à corriger les imperfections de la réforme.
Livrant hier le compte-rendu de l’audience que le président de la République Macky Sall leur a accordé, les présidents de conseils régionaux menacés de suppression mettent en garde sur les dangers de cette décision «cavalière». Axe majeur de la réforme dite Acte 3 de la décentralisation, la suppression des conseils régionaux remplacés par des conseils départementaux, montre, selon Babacar Gaye, président du Conseil régional de Kaffrine, «toute l’impertinence et l’imperfection du document de l’Acte 3 de la décentralisation». Comme ils l’ont exposé au Président Macky Sall, qui a été sensible à leurs arguments, les présidents de conseils régionaux (Pcr) pensent qu’il «faut aller vers la réforme de la réforme parce qu’elle n’est pas bonne. Je suis invité en France pour une réunion autour du thème : suppression des régions au Sénégal, quel impact sur la Coopération décentralisée. Pour vous montrer que mêmes les partenaires s’inquiètent». Par ailleurs, les Pcrs ne sont pas contre l’érection de pôles régionaux mais telle qu’elle est articulée, cela ne cadre pas avec l’esprit de décentralisation des politiques publiques tel que souhaité. De l’avis du président du Conseil régional de Kaffrine, «s’il s’agit de créer des pôles régionaux et de le mettre sous la direction de fonctionnaires choisis par l’Etat, cela n’a rien à voir avec la décentralisation».
«Nous pensons qu’il faut prendre le temps de la réflexion pour aboutir au consensus le plus large possible. Il y a beaucoup d’imperfections dans le document et le président de la République en est conscient. Comment un conseil départemental qui a un espace et des moyens plus réduit que les conseils régionaux peut réussir ce que les conseils régionaux n’ont pas pu faire ? Quel sera le rôle du maire de ville si toutes les communes d’arrondissements ou communautés rurales sont érigés en commune de plein exercice et que le maire de ville quitte le statut d’élu à celui de désigné ?», s’interroge Babacar Gaye. A l’en croire, la communalisation universelle risque de créer plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Dans certaines anciennes communautés rurales, le problème de la redistribution des terres entre la ville et les nouvelles communes de plein exercice se pose. A qui incombera la tâche de redistribuer les terres si toutes les collectivités ont les mêmes prérogatives ? Une palette d’interrogations sur lesquelles les Pcr ont interpellé le chef de l’Etat qui, soutient Babacar Gaye, «a demandé que les concertations se poursuivent». Sur ce, déclare M. Gaye, «ne vous étonnez pas que le Code des collectivités locales retourne à l’Assemblée nationale pour modification».