La tolérance accordée à Sindiély Wade va-t-elle prévaloir sur la gestion de l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique autrefois gérée par son frère Karim Wade ? L’Inspection générale d’Etat (Ige) s’était engagée à tirer cette affaire au clair. Rendez-vous avait été donné à la presse. A ce jour, la promesse tarde à être tenue.
Annoncé en grande pompe, le dépôt du rapport sur la gestion de l’Agence nationale pour l’organisation de la Conférence islamique (Anoci) semble tomber dans le panier des non-priorités. Du moins, la suite qui lui a été réservée demeure inconnue. L’ex-Vérificateur général de l’Ige, Nafy Ngom Keïta Ndour, l’avait promis lors de la présentation du dernier rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur «l’état de la gouvernance et de la réédition des comptes» (2008-2012) au président de la République, le 20 août 2013. A l’occasion, elle avait révélé que les préparatifs et la tenue du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), avec les grands chantiers qu’ils ont entraînés, ont englouti 432 milliards de francs Cfa.
L’Ige s’était engagée à mettre le rapport à la disposition du chef de l’Etat. Entre-temps, la Vérificatrice générale a été nommée à la tête de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Il reste que l’audit de l’Anoci a été un vœu du président de la République Macky Sall. Dans un entretien accordé au mensuel panafricain Notre Afrik, publié à Bruxelles, au mois d’août 2012, Macky Sall s’était permis d’annoncer l’audit de ladite agence dont Karim Wade était le président du Conseil de surveillance et Abdoulaye Baldé le directeur exécutif. «L’Anoci sera évidemment auditée comme tous les autres grands projets. Comment peut-on ne pas auditer un projet qui a englouti plus de 400 milliards de francs Cfa ? Les termes de référence de l’audit ont été définis et nous allons bientôt choisir les cabinets pour le réaliser», avait martelé le Président Sall.
«Quand le rapport n’est pas publié, on ne peut pas en parler»
Si le rapport existe, il n’a pas incité les autorités à ouvrir une information judiciaire comme cela a été recommandé par l’Ige pour les cas du Fesman (Sindiély Wade), du ministère de la Pêche (Khouraïchi Thiam), de la Lonase (Baïla Wone), de Dubaï port World, sans oublier le ministre des Finances Abdoulaye Diop. Ce dernier n’est pas pour le moment inquiété.
Lors de la présentation du rapport de l’Ige, le chef de l’Etat avait rappelé aux journalistes qu’il est le seul habilité à donner une suite aux travaux des vérificateurs. «Recommandation n’est pas commandement, je verrai la suite à donner aux conclusions du rapport. Mon mandat s’inscrit sous le sceau de la bonne gouvernance», avait souligné Macky Sall.
Pour le cas de l’Anoci, la confidentialité règne en règle. Joint par téléphone, l’ancienne patronne de l’Ige par ailleurs présidente de l’Ofnac, Nafy Ngom Keïta Ndour indique qu’elle n’est plus la personne habilitée à parler de ce dossier : «Il faut demander à l’Ige. Je ne suis plus là-bas».
Quant à une probable rédaction d’un rapport sur l’utilisation des fonds de l’Anoci, l’ex-vérificateur général assure qu’elle a un devoir de réserve. «Quand le rapport (de l’Ige) n’est pas publié, on ne peut pas en parler», fait-elle remarquer. C’est le même son de cloche du côté de l’Inspection générale d’Etat, d’après des sources proches de ce corps de contrôle de l’Etat.