L’audience que le président de la République, Macky Sall a accordée, hier mardi, à l’Association des régions du Sénégal (Ars) n’a abouti à aucun résultat tangible. Pour ne pas faire dans la diplomatie, la montagne a accouché d’une souris. S’il reconnait la pertinence de certaines critiques et remarques, le Président Macky Sall ne tient pas moins à sa réforme même si à la fin de l’audience, le Chef de l’Exécutif a promis de relancer l’Ars. Sur Quoi ?
En attendant la réponse à cette question, les présidents des régions, qui doutent de la pertinence de la réforme, ont décidé eux, de continuer le combat.
L’Association des régions du Sénégal (Ars) a décidé de mener le combat pour éclairer l’opinion sur la non pertinence de certaines dispositions de l’Acte III de la décentralisation, surtout celles qui signent la disparition de la région en tant qu’ordre de collectivité locale dans le dispositif de la décentralisation. L’audience accordée par le Président Macky Sall n’a pas abouti à des résultats tangibles. Le Chef de l’Exécutif, après avoir écouté et reconnu la pertinence de certains griefs des représentants de l’Association des régions du Sénégal au sujet de nombre de dispositions de l’acte III de la décentralisation, a promis de les relancer. Quand ? Sur quoi ? Mystère.
Les deux parties se sont quittées sur cette question, pour l’heure sans réponse : que faut-il faire ? Se donner le temps de la réflexion ? Nos sources qui ont participé à l’audience n’ont pas manqué de souligner que le Président Macky Sall a néanmoins défendu sa réforme. Ils ont fourni un certain nombre d’informations au Chef de l’Etat qui semblait, selon l’une de nos sources, ne pas avoir tous les éléments d’appréciation.
Les Présidents des régions, en conférence de presse ce mardi, ont déploré le manque de concertations et la non implication des acteurs à la base au moment de la réflexion. Ils ont fait part au Chef de l’Etat d’un certain nombre préoccupations liées à la disparition de la région : que deviendra le fonds de la coopération d’une trentaine de milliards de FCfa mobilisé par les régions ? Quel sort sera réservé au personnel de région ? etc…
Les présidents des régions ont aussi attiré l’attention du chef de l’Etat sur les conséquences de la suppression des régions au plan du développement économique et social. A titre d’exemple, que deviendra le projet des régions de Ziguinchor, Fatick et Saint Louis, qui ont été choisies pour servir de test à la Fao, dans le cadre de la sécurité alimentaire ? Selon les présidents des régions, nul doute qu’avec la nouvelle mesure, ce projet émanant de l’Association Internationale des régions francophones et qui compte 58 régions, est voué à l’échec.
Ils ont aussi sensibilisé le Président Macky Sall sur le sort qui sera réservé au personnel des régions avec la suppression de cette entité. Pour eux, beaucoup de personnes seront envoyées au chômage.
Et si l’on en croit les présidents des régions, les départements n’ont pas la possibilité de recruter du personnel d’appoint pour appuyer les hôpitaux, les collèges et lycées, comme le faisait le Conseil régional.
Pour rappel, Aliou Niang, Président de l’Ars, avait déclaré récemment, lors d’une conférence de presse, que contrairement aux propos tenus par le ministre de la décentralisation, Omar Youm face à la représentation et qualifiant les régions de «gouffres financiers, de budgétivores», les régions sont d’un apport capital dans le cadre de la coopération décentralisée. Pour lui, l’ensemble des régions dans le cadre de la coopération décentralisée, «génère plus de 27 milliards FCFA, chaque année» alors que l’Etat ne «dégage que 6,5 milliards FCF Apour le budget des 14 régions».
En résumé, le Chef de l’Etat et les représentants des régions ne se sont entendus… sur rien, sinon sur leurs divergences avec cette question qui s’ouvre devant eux, tel un boulevard : que faut-il faire ?