La coordination des diplômés en santé communautaire est très remontée contre l’Etat du Sénégal, relativement à leur non-recrutement dans la Fonction publique. Ils ont fait face à la presse, pour exprimer leur colère, tout en assurant que le ministère de la Santé devrait être plutôt baptisé ministère des Epidémies et des Pandémies locales et sous-régionales.
Les diplômés en santé communautaire en ont marre des promesses non tenues des pouvoirs publics. Ils ne veulent qu’une seule chose : leur insertion dans la vie professionnelle. Face à la presse, ils ont remis leur sempiternelle doléance d’être dotés d’un statut, mais aussi d’être recrutés dans la Fonction publique. «Nous dénonçons avec la dernière énergie, le silence et l’indifférence de nos autorités face à notre calvaire. Ils nous ont encore porté un autre coup dur en nous omettant encore dans le recrutement récent de la Fonction publique et dire que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Moustapha Sourang, nous répétait que les filières telles que la santé communautaire et la Sid ne sont pas créées au hasard puisque l’Etat avait senti la nécessité de le faire. Pour étayer cette thèse, le Président Abdoulaye Wade avait promis la création d’un ministère de la Santé communautaire. Ce qui est étonnant, c’est que jusqu’au moment où nous vous parlons, les diplômés de la filière santé communautaire sont toujours omis dans le recrutement. Donc, nous ne comprenons pas. Soit ils nous disent que la formation n’est pas utile et dans ce cas, on n’a qu’à arrêter la formation, soit ils nous disent que la formation est utile et en ce moment, on nous traite de la même manière que tous les autres diplômés sénégalais, en nous recrutant dans la Fonction publique», s’est révolté Serigne Mor Cissé Dione. Le porte-parole de la coordination des diplômés en santé communautaire d’ajouter que «maintenant, nous avons compris que seule la lutte permet de nous libérer pour faire face à cette situation que personne d’autre ne peut régler à notre place. C’est pourquoi, nous lançons un appel à tous nos frères et camarades, pour qu’ils se joignent à nous dans cette lutte qui est aussi noble».
Après ce point de presse, la coordination des étudiants et diplômés de la filière communautaire prévoit d’autres manifestations pour amener l’Etat à revoir sa copie. Pour ces étudiants, leur insertion dans la Fonction publique pouvait beaucoup aider dans l’éradication de certaines pathologies. «Si on prend l’exemple de la poliomyélite, l’Etat était à quelques doigts de sa certification face à cette maladie, mais on s’est rendu compte que la maladie a refait surface. Si on considère le budget injecté par les partenaires et l’Etat lors des journées nationales de vaccination, nous nous disons que c’est un budget largement suffisant pour assurer notre masse salariale. Si nous connaissons actuellement tous ces problèmes, c’est parce que l’Etat n’a pas une politique claire de maintien des acquis et de promotion de la santé au niveau communautaire, parce qu’en réalité, le ratio médecin-patient ou bien le ratio Icp-patient est aujourd’hui largement dépassé», a déploré M. Dione.
Ministère de la Santé, baptisé ministère des Epidémies
Très en verve, M. Dione n’a pas caché son courroux à l’endroit du ministère de la Santé. «Ce n’est pas le médecin ou l’Icp qui va aller sur le terrain pour promouvoir ces bons comportements, mais c’est le travail des diplômés en santé communautaire que nous sommes. Même pour la méningite, on a constaté l’organisation d’une campagne à coup de millions de francs Cfa, alors que ce problème était dépassé. C’est pour cette raison qu’on appelle le ministère que dirige Awa Marie Coll Seck, ministère des Epidémies et des Pandémies locales et sous-régionales parce qu’il n’est là que pour gérer des problèmes or, si on avait recruté les gens qu’il faut à la place qu’il faut pour promouvoir et maintenir ces acquis sur le terrain, on n’allait pas dépenser autant d’argent», a encore crié M. Dione.
Aux futurs étudiants, orientés en santé communautaire, il leur est par la suite déconseillé de suivre cette formation parce que rien n’est clair. Les enseignants de cette filière en ont aussi pris pour leur grade. «Le système Lmd prévoit d’accompagner l’étudiant après sa formation mais à l’Ufr santé et développement durable, les professeurs ne s’occupent pas de la promotion de la filière, alors que la plupart travaille au ministère de la Santé. Mais ce qui nous étonne, c’est pourquoi ils ne plaident pas en faveur de la santé communautaire ?», s’est interrogé furieux M. Dione.
A noter que le 16 février passé, le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, avait annoncé des mesures adéquates pour que tous les chantiers de l’Université Alioune Diop de Bambey soient achevés dans les meilleurs délais. Une réunion était par la suite convoquée le 27 du même mois, avec tous les ministères concernés pour examiner la question du statut et la question de l’insertion mais aussi, la question des réformes qu’il faudrait sans doute entreprendre pour que cette formation soit plus en adéquation avec les besoins des employeurs potentiels.